21. (partie 2)

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« Les fantômes ont été créés quand le premier homme s'éveilla dans la nuit. »

– J.M Barrie.

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Le ciel, sombre et nuageux ne laissait que très peu percevoir la lune déjà haute dans le ciel. Seuls les lampadaires éclairaient les rues désertes de notre ville, tandis que je marchais en direction de ma résidence, attentive au moindre bruit suspect. Le vent sifflait fort, et mon corps tremblait sous mon manteau fermé.
Une fois la nuit venue, les températures étaient beaucoup moins tendres.

J'émis un soupir, laissant un nuage de vapeur s'échapper de mes lèvres avant de venir rapidement taper le code de mon immeuble. En regardant l'heure, je m'aperçus que j'avais parcouru le chemin du lycée jusqu'à chez moi en une demi-heure –ce qui était un exploit, sans aucun doute encouragé par le froid et la peur de me retrouver seule sous ce ciel étoilé. Les rues de ma ville puaient l'insécurité et la terreur, notamment une fois le soleil disparu.

Je soufflais de soulagement à l'intérieur de mon bâtiment, et profitais que l'ascenseur arrive pour sortir mon trousseau de clé en avance. Pourtant, je redoutais le moment où je franchirais le pas de ma porte. En effet, mon escapade de la journée, née d'une impulsion avait été signalé à ma mère, pendant que monsieur Rivera s'était porté volontaire pour venir me chercher. Je rentrais seulement de cette journée, qui était le premier pas vers un chemin semé d'embûches.

Dans un mouvement net et précis, la porte s'ouvrît laissant s'échapper une chanson de la télévision, allumée. Je déglutis face à la preuve que je n'étais pas seule, et referma la porte dans un bruit sourd. Mon cœur commençait à s'emballer, et malgré le froid apparent, des sueurs glissèrent le long de mon échine.

J'avais adoré ma visite improvisée, et la sensation de liberté et de renaissance qu'elle m'avait procuré valait clairement le visage fermé de ma mère qui m'attendait sur le canapé, jambes et bras pliés. J'avais toutefois peur de sa réaction et de la dispute qui semblait inévitable. Je détestais être en mauvais termes avec elle, peu importe les torts.

— Je peux tout t'expliquer, débutais-je avec un sang-froid extérieur, ce qui n'était pas le cas intérieurement.

— Pas besoin. Le lycée l'a déjà fait.

Très bien. Voilà une chose de faite. Malheureusement, comme à chaque fois que je me retrouvais dans une situation comme celle-ci, ma langue se retrouvait enveloppée d'une couche de sarcasme mal dosée. Ce moyen, que j'utilisais pour détendre l'atmosphère ne faisait que l'envenimer.

— Donc je peux tranquillement aller dans ma chambre alors ?

D'un léger coup d'œil vers celle-ci, j'espérais que Julia, présente, sortirait en cet instant pour m'aider face au regard meurtrier dont ma mère ne voulait pas se départir.

Étrangement, elle était plutôt calme et cela me perturbait. Confortablement assise dans le canapé et vêtue de sa robe de chambre de couleur mauve, rien ne laissait transparaître la tension de la pièce si ce n'est que je n'osais bouger d'un pas. Ses yeux, qui ne détournèrent aucunement leur trajectoire de leur cible firent jaillir une multitude de frissons qui me signalait de fuir.

Alerte danger.

C'était le message que mon cerveau me transmettait. Oh dieu, que je pouvais être effrayée par ma mère lorsque le diable semblait l'abriter.

— tu pourras y' aller, seulement après m'avoir passé ton portable et ton iPod.

J'inspirais un bon coup, et soufflais après avoir acquis un certain flegme. Ce n'était pas la première fois que j'affrontais sa colère, il fallait juste traverser la tempête. Analyser la situation ainsi que ses mots, et argumenter de façon réfléchi pour se défendre.

Alumnus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant