La peur...

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Ma balafre s'est miraculeusement résorbée ne laissant aucune cicatrice visible. Je ne vais pas chercher à comprendre... J'ai cicatrisé et tant mieux d'ailleurs.
Josh est encore un peu sonné. Je l'ai allongé sur la banquette arrière pour qu'il puisse retrouver ses esprits pendant que je nous conduis chez moi.

Mon cœur bat à vive allure. Je suis concentré sur une route qui semble si différente une fois passé côté conducteur. Mes sens sont en alerte constante quand je reproduis les gestes que j'ai vu ma mère et Josh utiliser pour faire avancer la voiture. La route est et restera toujours aussi déserte, je le sais, alors pourquoi suis-je entrain de transpirer des mains ? De petites décharges me parcourent le crâne chaque fois que je risque de sortir de la route pour plonger dans le ravin et par un ultime réflexe je me remets sur le droit chemin.

J'entends finalement les deux toussotement de la libération derrière moi. Je vois Josh s'étirer depuis le rétroviseur et risque une nouvelle fois de nous tuer.

- Tu peux prendre le volant s'il te plaît ? Je ne sais pas du tout conduire.

Il finit de bailler avant de répondre totalement désintéressé :

- Non pas envie ! Tu nous à déjà conduit jusque là. Tu as juste à continuer.

Après réflexion, nous sommes déjà à mi-chemin et personne n'est mort. Je me concentre donc à nouveau sur la route un peu plus rassuré. Je finis même par m'autoriser à prendre un certain plaisir à rouler.
On dépasse le panneau indiquant l'entrée de la ville quittant ainsi la forêt de nos malheurs.

Le rugissement venait de la ville et pourtant d'ici elle semble toujours aussi calme.

- Tu as une idée d'où elle a pu aller toi?, me demande Josh dans mon dos en fouillant dans mon sac pour en sortir un sandwich. Je dis ça parce que tous les deux vous faites partie de la même espèce et que vous devez forcément réfléchir de la même manière... Et ouais... Cette phrase est raciste, termine-t-il en plantant ses crocs dans le sandwich ce qui a eu pour effet de me faire saliver.

- Il y a moins de 24 heures tu pensais que j'étais un vampire. Elle a dû suivre le hurlement mais je ne connais pas assez bien son odeur pour te dire où elle se trouve. Je ne sais même pas si c'est possible de repérer une autre personne que toi à l'odeur.

- Je suis blessé, s'esclaffe-t-il

Il mâche bruyamment, plongé dans ses pensées, quand soudain son portable se met à vibrer dans sa poche.

- Je crois que ma mère vient de recevoir un mail!, s'exclame-t-il

Il fait des gestes désordonnés avant d'enfin mettre le grappin sur son portable. Je lui lance un bref regard par le rétroviseur avant de lui demander :

- Qu'est ce que ça dit ?, ma voix exprime une certaine surprise et pourtant je suis presque sûr de ne pas vouloir connaître la nature des mails adressés à la maire, sûrement des dossiers administratifs.

Josh me laisse deviner son désappointement par une déglutition suivie d'un silence et je suis assez lucide pour me rendre compte de ce qu'il vient de se passer.

- Où ?!

- Le salon de coiffure..., laisse-t-il s'échapper de sa bouche.

Ma mâchoire se crispe et je braque le volant à droite et appuie nerveusement sur l'accélérateur. Le moteur de la Mini est en branle et pourrait lâcher à n'importe quel instant et pourtant je n'écoute pas Josh qui ne cesse de hurler de ralentir. Mais mon esprit a fait trop de liens et il refuse de se calmer.
Je ralenti de moi-même quand après l'Église municipale une petite foule de citoyens s'est amassé regardant tous le coin de la rue où se trouve le petit salon de coiffure devant lequel sont garés deux voitures de polices dont les sirènes s'affolent et crient de plus en plus fort à mesure que je m'approche.
Je freine brusquement derrière une des deux voitures de police faisant crisser les pneus sur le bitume.

L'ESSENCE TOME 1 : DissolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant