Angoisse...

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Josh a pris soin de faire en sorte que je cesse de me voir comme un monstre, mais il n'a ni réussi à prendre avec lui le reflet démoniaque qui me hante depuis hier soir, ni même à détruire ce sentiment de culpabilité qui ne cesse de me ronger seconde après seconde. Je lui ai fait croire qu'il avait réussi à me faire aller mieux, mais ce n'est qu'en partie vrai. On ne guérit personne d'une maladie impalpable surtout si elle se propage partout en elle jusqu'à en dévorer même son cœur.

Je suis seul et petit à présent, étendu sur un vaste lit dans une chambre d'amis tout aussi grande que mon incapacité à résoudre ce nouveau puzzle qui vient tout juste de se présenter à moi.

J'ai tenu à garder Josh loin de moi, j'ai tenu à pouvoir me contenir entre ces quatre murs, dans une totale absence de lumière. Je ne vois sûrement plus rien... Sûrement que mes yeux ont cessé de luire, sûrement qu'ils sont éteints.

Peu de temps s'est passé entre le moment où Josh a fermé la porte à clef et le moment où la voix s'est manifestée à nouveau. Cette voix c'est mon angoisse... Je le sais, je la connais. C'est ma peur. Cette voix a causé chez moi un court inconfort avant que je ne décide de fermer les yeux et de me répéter que tout allait bien.

La transformation cette fois a été encore plus intense et douloureuse. Puis quand j'ai voulu croiser à nouveau le regard de l'animal tapis quelque part en moi, j'étais ravi de constater qu'il n'y a aucun miroir dans cette chambre dans lequel j'aurais pu me voir, et ce n'est plus  mal tout compte fait.

J'ai changé physiquement.

Mes muscles ont subi des mutations fulgurantes dont je ne suis pas mécontent. Il faut dire que les lignes de mon corps se sont raffermies, raffinées. Des stries sur mes côtes à mes pectoraux volumineux, mon corps de lâche est devenu svelte et sec, mais tout ça m'a coûté une douleur assez nouvelle et d'une violence sans nom.

J'ai pris sur moi pour ne pas hurler à plein poumons de peur que l'on ne s'inquiète encore plus pour moi. J'ai tout contenu quand ça m'est arrivé, c'est donc naturellement que je recrache toute cette souffrance en haletant bruyamment comme le ferait une bête après une chasse éreintante.

De son côté Josh n'a pas chômé. Je l'ai entendu partir chercher mon uniforme et à son retour je l'ai senti un peu différent.

Quand j'ai demandé à ma mère son autorisation pour passer la nuit ici, elle n'a pas hésité une seule seconde. Je suis content qu'elle ait trouvé quelqu'un qui la rende heureuse, mais également cruellement attristé par l'idée d'être séparé d'elle. Je sais qu'elle a eu une conversation avec Josh vu que je n'étais pas allé avec lui. Pour moi il lui a menti en disant que j'étais K.O dans son lit.

- Ta mère a posé des questions.

- Comme quoi ?

- Elle se demande si tu te sens trembler. Et je lui ai dit que c'est vrai que tu trembles mais c'est léger. Ensuite elle m'a demandé de te prendre ton uniforme.

Ce n'est que maintenant qu'il l'a évoqué que je ressens les tremblements. J'ai demandé à Josh de me laisser digérer ce nouvel élément. Je sais que c'est la bête qui me fait ça.

Alors je me suis retrouvé à répéter les noms des victimes jusqu'à ce qu'ils ne deviennent plus que des mantras.

Trois noms.

Trois vies qu'une seule mauvaise rencontre a réduit à néant.

Kate Ferguson, Adam Wilder et Éloïse Wright.

Trois malheureuses personnes qui seront les principaux sujets de conversations de tous pour une bonne partie de l'année, mais aussi trois noms qui ne cessent de résonner dans ma tête, jusqu'à ce que, fixant un point sans importance dans le vide, mon esprit m'impose de nouvelles idées chimériques.

L'ESSENCE TOME 1 : DissolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant