Jaggar et Liora

1- Jaggar (Prologue)

Bonjour cher lecteur, ici Londonpaper, auteur de ce roman. Je ne sais pas du tout dans quoi je m'embarque avec cette histoire, mais j'espère malgré tout que vous prendrez plaisir à la découvrir. Bonne lecture !

"Que je me présente ? À quoi ça sert, vous me connaissez tous."

L'officier Keller, assis depuis quelques secondes à peine, soupira. Il n'avait demandé à son interlocuteur que son nom, et pourtant ce dernier lui tapait déjà sur le système. Interroger un petit criminel qui se prenait pour le centre du monde alors que Cozy Framboise, la série qui avait fait l'enfance de Keller et dont il n'avait encore jamais vu les derniers épisodes, était rediffusée en ce moment même, quel supplice... Mais bon, pas le choix, la gendarmerie ne laisse pas d'heures libres à ses officiers pour aller regarder la TV, même aux vétérans comme lui.

Enfin bientôt, ce métier, il n'aura plus à le faire, bientôt il sera libre de rester des journées entières devant Cozy Framboise. Et c'est bien comme ça qu'il comptait profiter de sa retraite bien méritée.

"Écoutes gamin, commença Keller, des bandits des bacs à sable comme toi, j'en ai vu passer des centaines. Mais j'ai aussi eu affaires à de vrais criminels, des dealers, des mafieux, des assassins... Et je les ai tous matés. Tu n'es qu'un insecte à côté d'eux, ne te prends pas pour Samaël Jaggar. Donc tu vas me dire comment tu t'appelles et comment toi et tes petits copains avez cambriolé cette bijouterie, que je puisse te foutre au trou et partir regarder ma série."

L'interrogé sourias de plus belle.
"Vu ton âge, ta série ce doit être un vieux feuilleton... Comme le truc qu'ils repassent en ce moment... Coussy, Cazy... Cozy Framboise, C'est ça ? Ma grand-mère regardait tous les dimanches, je trouvais ça déjà nul quand j'avais 6 ans.
-Bien joué gamin, c'est ça, et j'en ai rien à foutre de tes commentaires. Ton nom.
-Sérieux, c'était vraiment ça ?? Dit-il en posant une main sur son front. Me faire arrêter par un flic fan du feuilleton de mamie, ça craint carrément pour mon image..."

Keller trouva que ce gosse méritait une bonne torgnole, mais il devait prendre sur lui: frapper un mineur et recevoir un conseil de discipline à quelques jours de la retraite n'était pas une idée très judicieuse. Il n'était pas d'un naturel très patient, alors flanquer une grosse trouille à ce môme devrait suffire à vite lui faire cracher le morceau.

Il se leva et se pencha par dessus la table qui le séparait du jeune homme.
"Écoutes sale gosse, je n'ai pas de temps à perdre avec tes enfantillages. J'ai passé ma vie à traquer et condamner des brutes épaisses comme Kiddy Jones ou Maela Ogusa. Je suis sûr que tu les connais, ils travaillaient pour Jaggar en personne. C'est moi qui les ai coffrés, donc penses bien que toi, à côté d'eux, tu n'es rien. C'est clair ?"

L'interrogé baissa les yeux, pour la plus grande satisfaction de l'officer. Ce dernier repris: "Parfait, maintenant tu vas m'obéir et gentiment répondre à mes questions, et tu pourras retrouver tes amis en cellule.
-Ce ne sont pas mes amis.
-Je m'en fiche. Que vous soyez copains ou pas, tu vas les rejoindre derrière les barreaux."

Le jeune homme releva le visage.
"Ils sont déjà emprisonnés ?"

Keller se redressa. Ses complices n'étaient pas ses amis, mais il s'intéressait à leur sort ? "Tu es le dernier à passer l'interrogatoire, ils ont déjà avoués. Mais je dois quand même te questionner car ils ne t'ont pas mentionné alors que les images des caméras de surveillance prouvent ta présence à leurs côtés lors du braquage.
-Ils ont bien fait leur job alors, parfait. Tu m'as facilité la tâche, merci."

Sans que Keller ai le temps de comprendre ce qui lui étais arrivé, il se retrouva au sol, la table sur lui. Une forte douleur se manifesta dans tous le corps du vieil officier et plus particulièrement dans ses lombaires déjà abîmés par la vie. Le jeune homme était debout et le regardait, un sourire narquois sur le visage.

"Aucun réflexe, le vieux, je suis déçu, dit-il en laissant tomber au sol les menottes qui lui tenaient les poignets. Ah, et tu ne pourra pas te relever, j'ai bien remarqué quand tu t'es mit debout que tu avais des raideurs dans le bas du dos, il m'a suffit d'incliner la table de façon à ce que cette partie de ton corps soit la plus affectée par ta chute."

Il s'accroupit et ramassa le Glock 17 de Keller. "Tu sais que tu n'as pas le droit d'entrer dans une salle d'interrogatoire armé ? Lui demanda-t-il en inspectant l'arme. Tu pensais peut-être intimider tes suspects... Ça a certainement marché durant toute ta carrière, mais si c'est interdit c'est qu'il y a une raison, tu ne penses pas ?"

Keller, paralysé et écrasé par le poids de la table, avait le visage tordu dans un rictus de douleur. Ces yeux s'ecarquillèrent cependant quand il vit l'adolescent enlever le cran de sûreté.

"C'est précisément pour éviter la situation dans laquelle nous sommes, le vieux. Le suspect prend l'arme, et la retourne contre le flic... Et bam, c'est le drame. Enfin, je devrai plutôt te remercier, tu me facilite grandement les choses... Mais je ne le ferai pas, car tu as avoué avoir emprisonné deux de mes meilleurs éléments. Dommage pour toi, je t'aurai laissé la vie sauve sinon, tu aurai fait un camarade de plus pour ma grand-mère. C'est la présidente du fan club de Cosie, l'héroïne de Cozy Framboise."

Ils se leva lentement, reportant son regard sur Keller écrasé sous sa table.

"J'adorerai rester plus longtemps parler série avec toi, mais j'ai du boulot. Merci d'avoir coffré les abrutis qui me servaient de complices, je ne savait vraiment pas comment me débarrasser des apprentis incompétents sans les tuer. J'évite au maximum de verser du sang, tu sais ? Mais avec toi je crains ne pas avoir le choix. Pour Kiddy et Maela."

Il pointa l'arme vers la tête de l'officer paralysé.

"Au fait...

Cosie meurt à la fin"

Il tira.