3-Jen'

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Ça fait exactement trois jours depuis que je suis à New-York et vingt deux jours depuis la mort de mes parents adoptifs, Gabin et Jeanne Wilson. Qu'est-ce-que j'y fais?Bonne question...Moi-même je l'ignore.

Tout ce que j'en sais c'est qu'il a suffit qu'oncle Stephen me téléphone pour que je rapplique. Pathétique !

New-York, là où j'ai cessé de vivre il y a longtemps... Il y'a dix sept ans en fait.La ville de mes blessures. Outch! Ça fait mal d'y remettre les pieds.

Mais j'ai changé physiquement et mentalement. J'ai gravement mûri ,ouais,durement.La dernière fois que j'y étais ,je croyais encore aux contes de fée,aux princes charmants et à la belle vie.Tout ça n'était qu'une illusion tout comme croire au père Noël. Mais là,que dalle!Si toutefois ces conneries existent vraiment, faut croire que c'est pas fait pour moi.

Je ne suis pas cynique, non,je suis tout simplement réaliste. J'ai déjà payé ma naïveté, je ne le suis plus,point.je parle en connaissance de cause...

Physiquement, je suis très différente de la Jen' de neuf ans,l'exact opposé pour être honnête. Cette Jen' là avait un visage angélique, des yeux rieurs, un air espiègle et des cheveux blonds comme du blé.À l'époque, je ressemblais trait pour trait à ma mère Janice Laure William. Non,je ne suis plus celle que j'étais, je ne risque pas de le redevenir un jour.

J'ai amèrement grandi,marquée par la vie.D'où cet air torturé, sévère qui ne me largue jamais. Je suis toujours triste et devinez quoi...Je n'ai plus du tout des yeux rieurs, j'ai un regard dur qui donne des frissons même aux plus courageux. J'ai teint mes cheveux en noir...pas n'importe lequel non,le noir le plus noir,le noir de jais,celui des ténèbres,j'imagine et je les ai coupés en un carré plongeant. Tout ce qui est encore intact,c'est mes yeux,aussi bleus que le bleu des océans...tout comme a été ceux de mon papa,c'est mon plus fier héritage, ça !

Affalée sur le sofa de mon loft, loft que mon oncle stephen m'a trouvé, j'entends la sonnerie de la porte.Sachant déjà l'identité de l'indésirable,je mets longtemps à trainer les pieds jusqu'à l'entrée.

-Stephen Grant, je dis,qu'est-ce-que tu fais encore là?

Ah oui,je ne vous avais pas dit,la douche froide c'est obligatoire pour tout le monde,Stephen Grant ou pas Stephen Grant !

-Je vais bien,merci de me le demander Jen',ironise t-il.Et je suis venu voir comment t'allais.

Il me fait un câlin paternel avant de s'engouffrer dans mon salon,prenant place sur mon sofa.

-Alors,comment tu vas?

-Mal!Je vais toujours mal de toute  façon.

Il affiche une mine triste et ce,par ma faute.Je sais qu'il fait partie de ses gens qui crèveraient pour me voir aller mieux...Chose qui ne risque pas d'arriver de sitôt,pour être franche je que ça arrive un jour ou l'autre.

-Jen' ma chérie, ma proposition tient toujours, tu sais?

-Je sais,je ne me sens pas d'humeur.

Il tapote la place à côté de lui me tanant de le rejoindre ,chose que je finis par faire après une courte hésitation.

-Je me fais du souci pour toi,Jen'. Rappelle-toi que tu n'es pas la seule à souffrir de cette histoire. Jeanne était ma demi-sœur aussi, je l'aimais beaucoup .Elle est morte oui,mais la vie continue.

Je hoche la tête tristement. À l'énonciation de ma mère adoptive,je sens ma peine se décupler.

-Je sais,je sais. C'est juste que ce n'est pas du tout facile, j'avoue enfin en me collant tout contre lui.

-C'est pas facile pour tout le monde Jen',il me prend dans ses bras. Pleure si ça peut te consoler mais réfléchis-y, ok? J' aimerais réellement t'aider,te faire sentir mieux, être là pour toi . Ça me tue de ne pas pouvoir t'aider à aller mieux ma Jen'.

Je soupire longuement .

-Tu sais au moins que je m'appelle maintenant Jade?

Il rit au remarque.

-Je le sais ma chérie mais pour moi tu restes Jennifer William. Et cette Jade n'empêche pas à jen' d'exister.

Il me dépose un baiser affectif sur le front.

- Viens travailler pour moi, madame Darrell mon assistante est malade . c'est une occasion en or pour te changer les idées...On voyagera beaucoup et tu te feras des amis là-bas.Les gens sont cools,tu verras!

Je roule des yeux.Ça fait trois jours qu'il me rabâche les oreilles avec sa foutue proposition insensée et sortit de nulle part.

-Et devine quoi?poursuit-il ,tu autas même des congés payés !

-Tu te rends compte que tu dis ça à l'héritière d'un milliardaire ? Je ricane en me courant de se gueule.

-Alors?

Merde! Il est têtu comme pas possible. Et quelque chose au fond de moi me dit que tant que je n'aurais pas accepter il ne me laissera pas tranquille. Je soupire.

- Tu es sûr que les gens ne me reconnaîtront pas?

-J'en suis certain !

-Et Max?

-Quoi Max!Il ne t'a pas vue depuis...genre dix sept ans.Il ne remarquera rien,je t'assure.

Je fais mine de réfléchir. C'est vrai que cette idée de travailler pour lui ne m'enchante guère. Mais j'ai vingt six ans,merde! Je ne peux pas passer mes journées à ne rien faire de ma vie. Il n'y aura plus de maman à la maison pour me tenir compagnie, me raconter des drôles d'anecdotes pour m'aider à aller mieux.

-Tu te rappelles ce qu'il nous ont dit? Je reprends. Personne ne doit savoir ma vraie identité. C'est une question de vie ou de...

-Ou de mort,il finit à ma place. Oui,je sais mais ça fait dix sept ans,maintenant. Avec un peu de chance ça ne doit sûrement plus être d'actualité. Je ne te dis pas de tout faire comme étant la Jennifer William... Je veux juste que tu vives une vie normale avec une routine normale juste le temps d'un instant,tu comprends ?

Je me tais quelques secondes. C'est vrai que franchement là,il n'a pas totalement tort. Faut que j'apprenne à faire quelque chose de rentable de ma vie. À vingt six ans,je n'ai jamais travaillé de toute ma vie malgré ma formation des plus complètes dans le monde du commerce.

-La mort de mes parents biologiques n'était pas une mince affaire, sinon,au grand jamais les services secrets américains ne m'auraient conseillée de changer d'identité.

-Je sais et j'en ai conscience. Il ne savait pas d'où venait la menace et combien de vie elle incluait. Mais ça a changé maintenant je présume. Dis-toi bien que jamais je ne ferai quelque chose qui te nuira,d'accord ?

-Je sais,je réponds en l'embrassant sur la joue.

Il me regarde,surpris. C'est vrai que je n'étais pas connue pour montrer un trop plein d'émotions ou tout simplement des gestes d'affection. C'est un de mes nombreuses séquelles du drame.Je n'aime pas les contacts avec les gens,je préfère les fuir.

Je lui souris de toutes mes dents. C'est un risque à prendre ce boulot.

-Et c'est d'accord !

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