6 : Je suis la Reine de la bagarre

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Jour de marché. Enfin, marché nocturne. Tradition jadoise. J'en profite pour respirer l'air de la nuit. Mauvaise idée : sans compter la foule, le vacarme m'est presque insupportable. Des marchands d'oiseaux, de flûtes, de bétail en plus des marchands qui braillent dans l'espoir d'attirer les clients :
    - Ils sont beaux mes bonzaïs ! Ils sont beaux !
    - Aller, l'orange, l'orange, l'orange !! Achetez mes belles oranges !
    Mon nez est aussi un peu perdu parmi toutes ses senteurs comme du thé, des fleurs ou encore des épices venues de Fal. Je souris quand je remarque des tisane des plantes médicinales ainsi que des flûtes sylvestres dont je connais les origines. Quand on veux, on peux comme disait Aelia. Seulement, mon œil remarque alors quelque chose de bien moins gaie. Dana une sombre ruelle, une pauvre fille est en train de se faire frapper par un groupe d'hommes. Dieux savent ce qui lui ont fait... je m'empare d'un bâton. Que se soit une canne où un sabre, peut importe. Je m'elance dans la foule, sourde aux appels de Noroa. Je me place derrière un de ces hommes. La fille me voit, elle agrandis les yeux. Je lui fait signe de se taire en plaçant mon index contre mes lèvres. Puis j'assome l'homme avec la canne (j'ai vérifié rapidement mais s'en est une). Il s'effondre comme une fleur sur le pavé. Un autre arme son poing mais j'anticipe sa trajectoire et le bloque avec ma canne puis je l'envoie balader avec et il s'écrase contre le mur le plus proche. J'envoie bouler un troisième avec un coup de pied dans le ventre. Le quatrième avance vers moi avec un poignard. J'attrape son bras droit, me glisse derrière lui, lui clouant le bras dans le dos. Je m'empare de son bras gauche, celui qui tiens l'arme puis je le maîtrise. Je maintien son bras, et porte ainsi son poignard à sa gorge. Mort. J'avance vers le cinquième en lui montrant ce que Mère m'a appris : je lui fait subir mon regard de tueuse tout en faisant craquer mes doigts. Il détale. La fille est tirée d'affaire. Des larmes de soulagement coulent sur son visage, les mêlant au sang qui le macule. Je lui rends la main, qu'elle prends sans hésiter.
    - Je... je n... ne saurais jamais comment vous re... remercier, hoquete-t-elle. Ils... ils m'ont...
    - Je sais. Cela ne se reproduira plus tant que je serais vivante. Quel est votre nom ?
    - E... Eona...
    - Venez donc avec moi, Eona. Il faut vous soigner.
    Elle hésite. Je le voit dans ses yeux. Après avoir vécu cela, comment savoir si on peut encore faire confiance à quelqu'un ?
    - Tu as le droit de... de me tuer si c'est un piège.
    Encore heureux que je soit honnête. Enfin, quand j'en ai envie. Eona me suis. En même temps, quel autre compromis aurais-je pus trouver ?
Je la raccompagne sur la place du marché. Je voit Noroa, elle me fait signe d'approcher.
    - Tu ne peux pas sortir sans te faire remarquer, hein ?
    Dans ses yeux luit une étincelle de fierté sont je n'arrive pas à comprendre le sens. Noroa s'en va avec Eona. Moi, je reste plantée dans la rue, le cœur en miette. Puis d'un seul coup je m'affale sur les genoux, par terre. Pourquoi ? Je pleure. Pourquoi c'est inégalités ? Qu'est ce qui fait réellement la différence entre une femme et un homme ? Nos anatomies sont différentes, certes. Mais d'un point de vue social... je cesse de me torturer l'esprit. Je ramène mes genoux contre les joues. Les larmes vident mon corps. Soudain, une volonté remuant au plus profond de mon être se réveil.
Je me relève.
D'un geste rageur, j'essuie mon visage trempé.
Je doit pouvoir faire quelque chose pour la cause des femmes. Je me dirige vers les quatre corps inertes des hommes que j'ai achevé il y a quelques minutes. Je fouille leurs poches. Des pièces. Je les rassemble toutes puis je les compte. Beaucoup de pièces. Ça devrais suffire.

La Quête d'Arya tome 2 : Arbores Elementum [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant