L'alcool :

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Je franchis la porte de l'immeuble et je monte les escaliers. Troisième étage, ça me laisse le temps de me préparer à l'horreur. Celle qui m'attend tous les soirs. Celle qui me guette. Celle contre laquelle je ne peux pas lutter.

Je prends mes clefs, je les glisse lentement dans la serrure et je pousse doucement la porte. Je fais le moins de bruit possible. Avec un peu de chance, je serais déjà enfermée dans ma chambre, à double tour avant qu'elle ne s'en rende compte...

Horreur. La porte grince. Je suis fichue. Elle est là. En face de moi. Elle m'attendait. Et elle sent l'alcool à plein nez. Je n'ai pas le temps de réagir que, déjà, elle m'agrippe le poignet de sa main droite. L'horreur commence.

De sa main gauche, elle me frappe au visage. Puis, elle attrape une bouteille vide. Du Porto. Je me tourne et la bouteille s'échoue sur mon dos, déjà plein de cicatrices et de bleus. Je me retiens de pleurer. Pas devant elle. Je ne montrerais pas ma faiblesse devant elle. Je me retiens de hurler. Pas devant elle. Je ne montrerais pas ma faiblesse devant elle. Deux autres bouteilles viennent m'effleurer l'épaule. Encore du Porto. Elle n'a plus de bouteille sous la main. Elle se baisse pour en attraper une et me lâche. Elle me lâche ! Elle m'a lâchée ! Je suis libre !

Je cours dans ma chambre et m'y enferme. Elle me poursuit. Elle crie. Elle tape à la porte. Elle y jette une bouteille. Puis deux. Du Whisky. Je reconnais la résonnance. Elle hurle et s'assoie devant la porte. C'est bon, elle s'est calmée.

J'ai mal. Pas au dos, ni aux épaules. Non.

J'ai mal au cœur car je ne reconnais plus ma mère.

Car ma mère est violente.

Car ma mère est malheureuse.

Car ma mère boit.



Recueil de textes [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant