Questions essentielles :

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Pourquoi la vie ?

Pourquoi vivre si l'on doit mourir ?

Souvent, quand je pose ces questions à mes amis, ils me prennent pour une folle ou en rigolent. Mais je suis sérieuse. A quoi ça sert de passer sur Terre, pendant huit ou neuf décennies, si c'est pour mourir ensuite ? Ne plus se souvenir de rien. Tous ces beaux moments que l'on s'était efforcé de garder en mémoire ou que l'on avait pris en photo, sur le vif, tout ça pour qu'ils finissent réduits en poussière en même temps que nous.

A quoi ça sert de vivre ?

Tous ces gens qui parlent de Napoléon, Louis XVI ou Marie Curie mais ne sont même pas capables d'honorer la mémoire de leurs ancêtres... Quel gâchis ! Chaque personne mérite que l'on se souvienne d'elle, qu'on rigole ou qu'on pleure en se remémorant tous ces moments avec elle, toutes ces traces qu'elle a laissé sur Terre.

Alors pourquoi se souvient-on toujours des mêmes ?

Pourquoi personne ne parle plus de ma grand-mère, deux mois après son décès ? Et pourquoi tout le monde me gronde lorsque je pose des questions sur elle ? Pourtant, elle a fait de grandes choses, durant sa vie, bien meilleures que Charlemagne...

Elle m'a appris que les meilleures récompenses sont quand nous accomplissons les choses nous-même ; que tous les hommes ont le même ancêtre mais que certains l'oublient parfois, c'est ainsi que naissent les guerres civiles ; que les aliments et les souvenirs sont bien meilleurs lorsqu'ils sont partagés ; mais surtout, que le plus grand pouvoir que peut posséder un homme, c'est l'amour.

Pourtant, malgré toute cette sagesse dont elle faisait preuve, elle est morte. Elle est morte, sans que personne ne se souvienne d'elle, ou ne veuille s'en rappeler, à par moi. Elle est morte et tout le monde m'interdit maintenant de prononcer son nom...

Ma grand-mère n'avait pas peur de la mort, elle disait qu'une deuxième vie l'attendait de l'autre côté, bien meilleure encore que celle qu'elle avait vécue. Je sais maintenant qu'elle sera forcément mieux que la première...

A quoi bon vivre, puis mourir, si personne n'est encore là pour se rappeler de nous, pour nous honorer et parler de nous, ainsi que de notre infime trace sur cette immense Terre ?

Pourquoi vivre si l'on doit mourir ?

Sans cesse, je me le demande. J'ai envie de retrouver ma grand-mère, qu'elle m'apprenne encore toutes ces choses que j'ignore tant, qu'elle me serre dans ces bras pour me consoler, comme elle l'a fait si souvent. Je ne veux pas vivre dans un monde sans elle, et encore moins si les seules personnes qui l'ont connue sont tellement faible et si ignorantes qu'elles ne savent pas ce qu'est la mémoire d'un être cher. Ils ne lui arrivent pas à la cheville, je veux retrouver ma Mamie.

Dans un élan de tristesse mélangé à de la colère, je saisis un couteau et me tranche la gorge.

« Comme ça, me dis-je, les gens se souviendront de moi. »



Recueil de textes [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant