Lorsqu'il vit son chef sortir de l'état major, Ryan se leva douloureusement de la petite caisse en bois qu'il avait improvisée comme chaise. La forme de l'arrière train du jeune soldat sur celle-ci laissait deviner la longue attente de ce dernier.
_ Vous en avez pris du temps ! Ne me dites pas que vous avez pris le thé avec le vieux schnock? Demanda Ryan, les mains sur les hanches.
_ Oh ! Vous, la ferme ! Répondit sèchement, Rigel. Il continua sa route sans même faire attention à son subordonné.
_ Eh ! Moi au moins je vous ai attendu ! Vous pourriez au moins me remercier pour ça !
_ Je vous ai dit de la fermer !
Rigel emprunta une piste qui s'éloignait du centre de la base vers le nord.
_ Et puis, où allez-vous? Interrogea Ryan qui le suivait tranquillement, les mains dans les poches. Le département de téléportation ne se trouve pas là-bas. Mais le Sergent-Chef fît la sourde oreille.
Au bout d'une longue marche, le sentier sur lequel ils s'aventuraient tous les deux commença à s'enfoncer de plus en plus dans les bois. L'air était humide et entre les épais conifères, le froid se faisait de plus en plus ressentir. Rigel finit enfin par arriver sur la rive d'une rivière qui avait à peine dégelée.
Le Sergent-Chef jeta alors la boussole sous le regard perplexe de son subordonné. L'objet atterrit dans l'eau avec un petit "plouf" et entama une course synchronisée avec le courant.
Rigel se retourna pour apprécier le regard choqué de Ryan. Ce dernier avait sans doute comprit qu'il s'agissait de la boussole et il dût se rendre compte que son expression faciale était compromettante car il la changea très rapidement.
_ Tout ça pour ça? Dit-il sans parvenir à cacher son malaise. Une simple bous...un médaillon...
_ Cela semble vous gêner, Sergent Ryan.
_ Non, détrompez-vous ! Très moche...j'aime pas ce style vénitien vieillot. Vous avez bien fait de le foutre à la flotte.
Sur ces mots, il fit volte face et se retira. Un peu trop vite pour que ça semble naturelle.
Quelques minutes plus tard, Rigel revint à la base et ne perdit pas de temps pour rejoindre ses coéquipiers dans la salle de téléportation.
C'était la première fois qu'il s'y rendait et il fut surpris de voir autant d'hommes gérer ce département. Deux services distincts avaient la main sur le lieu : le service technique, un groupe d'informaticiens scotchés devant leurs écrans qui vérifier le bon fonction du réseau info-quantique gérant le téléporteur ; et le service médical qui était là en cas de problème. Car, effectivement, cette machine n'était pas à vraie dire...inoffensive : une mauvaise manipulation et c'est la mort pour le voyageur cosmique.
Rigel entra dans une pièce restreinte en cours de dépressurisation. Devant lui se trouvaient une dizaine de capsule dont huit étaient déjà prises par ses coéquipiers. Il pénétra dansla dernière et s'installa.
Bizarrement il ne ressentait rien en ce moment précis. C'est comme si toute son énergie intellectuelle restait focalisée sur l'énigme de la boussole.
_ À présent, Sergent McKenney, Veuillez garder votre calme, nous allons procéder à une anesthésie. Annonça une voix électronique dans la capsule pendant qu'une fumée rose prenait naissance à l'intérieur.
_ Un anesthésiant? Est-ce vraiment nécessaire? Demanda Rigel, perplexe.
_ Oh, oui ! Plus votre corps restera immobile et plus la désintégration de votre être tout entier sera possible.
_ Désintégration?! S'exclama, Rigel.
_ En effet. Nous allons tout simplement procéder à une dissociation totale de vos molécules qui seront ensuite envoyés à travers un réseau sûr jusqu'à Oak's leaf pour les réintégrer telles qu'elles étaient à l'état d'origine. Voyez cela comme un puzzle bio-chimique. Ensuite il faudra évidemment prendre en compte la synthétisation quantique de votre conscience. Elle vous sera intégré à votre arrivée.
_ Je vais mourir ? Demanda Rigel, visiblement inquiet.
_ Oui en effet...vous allez connaître une N.D.E. - Near death experience -. Une courte période où vous ferez l'expérience de ce qui se rapproche le plus de la mort. Mais ne vous inquiétez pas, Soixante-dix pourcent des voyageurs cosmiques en reviennent vivants et entiers.
_ Et les trentes autres pourcents ?
_ Vous ne préfériez pas le savoir. Répondit la voix alors que Rigel tentait de sortir de la capsule qui s'était malheureusement refermé. Pendant qu'il gueulait à l'intérieur, il sombra très vite dans les ténèbres de ses pensées.
Devant leurs ordinateurs, deux informaticiens étaient pris d'un fou rire.
_ Mais t'es vraiment con, Gérard !
_ Je sais...mais je peux pas m'en empêcher de les faire flipper à chaque fois. Avoua le dénommé Gérard en se tenant les coudes tandis que son ami lui tapotait le dos.
_ Fallait voir sa tête quand je lui ai dit soixante-dix pourcent...il allait chialer, putain !
Alors que les deux informaticiens se fendaient la poire, le téléporteur se mit enfin en marche. Les compartiments dans lesquels les Frosts se trouvaient subirent quelques secousses avant de faire disparaître leurs passagers en provoquant derrière eux des sursauts d'énergie.
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Astroball : The Space Odyssey
Science FictionDepuis toujours, l'espèce humaine est animée par un instinct primitif le poussant à découvrir et à s'installer sur des territoires inconnus et lointains. Sa nature curieuse lui permit, notamment d'évoluer non seulement son mode de vie mais aussi ses...