Part 4

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      Tandis que j'atteignais le dernier couloir, au fond de l'animalerie, mes doutes se confirmèrent. Assis dans un coin, un horrible personnage semblait ne pas sentir ma présence. Il tremblait frénétiquement et n'avait pas l'air de pouvoir s'arrêter. Il était sale. Ses cheveux gras et les haillons qu'il portait en témoignaient. Une flaque de sang et des petits ossements au sol l'entouraient. Ses mains, ensanglantées elles aussi, paraissaient malaxer, triturer quelque chose que je n'arrivais pas à apercevoir. Pourtant, quand il apporta cette chose à sa bouche avant de l'engloutir, j'aperçus plusieurs plumes jaunes s'envoler puis retomber au sol. Je n'en croyais pas mes yeux ! Cet homme était en train de dévorer des poussins ! C'était du délire ! C'était inhumain ! Il ne s'arrêtait pas et croquait, mâchait, avalait un à un les petits êtres qui bougeaient encore. Un cri m'échappa et ce fut à ce moment précis qu'il leva la tête en ma direction. Lentement, très lentement, un sourire pervers se dessina sur son visage et ses yeux globuleux s'exorbitèrent un peu plus. J'étais pétrifié, comme cloué sur place. Mes jambes ne me soutenaient presque plus. J'allais tomber d'une seconde à l'autre. Une dose d'adrénaline m'électrifia cependant quand le monstre commença à se redresser. Mon cerveau, mon cœur, mon esprit et mon corps tout entier ne me criaient plus qu'une chose : cours !!

      Jamais je n'avais couru aussi vite que ce jour-là. Même alcoolisé, je nepouvais retenir mes larmes, me répétant que ce n'était qu'un mauvais rêve.Après quelques secondes, je tournai et me ruai dans un des couloirs adjacents.En face de moi se tenait une simple porte entrouverte donnant sur une piècetrès sombre dans laquelle je m'engouffrai sans réfléchir. Après avoir claqué laporte je me laissai tomber assis contre elle. J'étais éreinté, et toute lapression retombait. Je me surpris alors à vomir deux fois de suite contre lemur. Je n'avais plus aucune force. Après ce moment d'inertie, je me relevaidans l'espoir que mes pleurs cessent. Dix minutes passèrent sans que jeparvienne à me calmer. Je décidai de me lever pour trouver un interrupteur,l'obscurité de cette pièce m'asphyxiait. Je fus incapable d'en trouver un àportée de main. Découragé je me laissai tomber une fois de plus, sans trop savoircontre quoi. L'armoire qui rencontra mon dos bascula à côté de moi avec fracas.En me relevant dans un élan de stupeur et de colère, je vis un léger rayon delumière bleuté venant du coin de la pièce. Je m'approchai de la sourcelumineuse et fus si heureux de découvrir une fenêtre que je lâchai un petit cride soulagement.    

Jusqu'à l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant