Part 3

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      Je ne parvins pas à rester plus longtemps dans la maison. J'étouffais. Dehors, tout comme à l'intérieur, mon téléphone ne captait aucun signal. Impossible de joindre la police ni de prévenir qui que ce soit. Je n'avais pas d'autre solution que de me rendre directement au commissariat qui se trouvait à l'autre bout de la ville. En quelques pas je rejoignis ma voiture et démarrai aussitôt. Au bout de quelques minutes, en passant devant une boutique éclairée, je freinai brusquement. S'il y avait de la lumière, il devait y avoir quelqu'un qui me permettrait d'appeler la police.

       La panique et l'alcool devaient m'être montés à la tête car, en me rapprochant un peu plus, je crus reconnaître le tatouage, vu plus tôt sur le corps de Manon, dans le logo du magasin qui s'avérait être une animalerie. Ma main sur la poignée glacée de la boutique, j'hésitai un instant à rentrer avant d'ouvrir finalement la porte. Je n'avais plus rien à perdre. Un grincement aigu résonna un court instant dans le silence pesant. Dans l'allée principale, des perroquets, des poussins, des gerbilles mais aussi des rats et des serpents étaient comme exposés les uns à côté de autres, tous dans des vivariums ou des cages. Dès mon entrée, les bêtes se mirent progressivement à émettre des cris et des gémissements de peur. Le bruit était infernal. La paume de chaque main sur une oreille, je déambulai dans chacun des rayons. À l'aide ! Personne ne me répondit et en une seconde, je fus plongé dans le noir le plus complet. Un énorme claquement me fit sursauter. Je rejoignis l'entrée. La porte principale venait de se refermer. Je ne comprenais plus rien. Il fallait que je quitte cet endroit. Maintenant. À la sortie, le cauchemar s'amplifia. La porte ne s'ouvrait pas. Elle était verrouillée.

      Terrorisé, mon premier réflexe fut de frapper de toutes mes forces dansla vitrine devant moi. Je n'avais plus le choix, s'il y avait vraiment unepersonne ici, elle ne me voulait pas du bien. Mes yeux s'étaient clos durant l'effort,et je les avais rouverts seulement quand j'avais entendu la vitre se briser.Mais devant moi, pas une fissure, pas un impact. La lumière s'était, elle,rallumée mais grésillait sans arrêt. Je rebroussai chemin à la recherche d'unmarteau ou d'un autre outil suffisamment puissant pour casser une bonne foispour toute cette vitrine. Des bouts de verre provenant d'un vivarium jonchaientle sol et j'étais incapable de me souvenir quel animal s'y trouvait quandj'étais rentré. Tout comme pour la cage en fer désormais vide, grande ouvertejuste à côté. Je n'avais pas imaginé ce bruit, seulement, ce n'était pas lavitre qui avait explosé. La présence de quelqu'un d'autre devenait évidente etme glaçait le sang.    

Jusqu'à l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant