Part 2

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      Le trajet était vite passé, Manon habitait légèrement à l'écart de la ville, dans une maison assez ancienne qu'elle avait héritée de son père et qu'elle s'était promise de rénover le plus rapidement possible. La nuit avait déjà pris possession du ciel et la lune, qui avait chassé le soleil, rayonnait. C'était une soirée plutôt fraîche pour ce mois de mars.

      En me garant devant la demeure, je remarquai que sa chambre était éclairée, ce qui me rassura. J'allais avoir les réponses à mes questions. Je frappais une fois, deux fois, dix fois à sa porte mais personne ne m'ouvrit. Elle devait écouter de la musique ou déjà être endormie. Frustré, je lâchais quelques râlements avant de me souvenir qu'elle laissait toujours une clé de secours sous le paillasson en cas d'oubli, elle qui était souvent tête-en-l'air. En l'espace d'une dizaine de secondes j'étais enfin à l'intérieur.

      La maison était silencieuse. Seul le grincement des escaliers m'avait accompagné jusqu'à la chambre de Manon. A peine avais-je ouvert la porte, qu'un spectacle horrifiant explosa devant mes yeux. Là, jonchant le sol, le corps de Manon baignait dans son sang. Son parfum si suave avait laissé place à une puanteur insoutenable qui imprégnait la pièce. Ses beaux yeux verts étaient livides. Sa bouche entre-ouverte et ses lèvres gercées étaient entourées de ce qui m'avait semblé être de la salive séchée. J'eus immédiatement un mouvement de recul. Ce que je voyais ne pouvait être réel. C'était inconcevable. Manon ne pouvait pas être morte. Mais quand mon regard se posa à nouveau sur elle, je dus me rendre à l'évidence. Ses poignets sectionnés par des dizaines d'entailles avaient déjà cessé de saigner et de minuscules insectes verdâtres en avaient déjà pris possession. D'où je me trouvais, je les voyais s'entasser, se battre pour un petit bout de chair morte ou de sang coagulé. J'avais envie de vomir. Je remarquai sur son ventre une plaie intrigante.

       Je ne sais pas quelle pulsion me donna le courage de m'approcher, maisje le fis. Je n'aurais jamais dû. Juste au-dessus de son nombril, et jusqu'à lanaissance de sa poitrine, j'arrivai à distinguer un tatouage. Un tatouage quim'était totalement inconnu auparavant. Il était récent, très récent même, caril s'était infecté. Les croûtes et le sang m'empêchèrent de distinguerl'entièreté du symbole mais j'en vis assez pour me rendre compte qu'ils'agissait d'une écriture. Des courbes, des points et des cercless'entremêlaient. C'était pire que tout ce que j'aurais puimaginer. Quelqu'un avait assassiné Manon. On avait tué la femme quej'aimais.    

Jusqu'à l'aubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant