Mes bras levés atteignirent facilement le haut de la petite fenêtre. Après avoir ouvert le loquet j'attrapai le bord de l'ouverture pour me suspendre. Je tirai sur mes bras afin d'avoir la fenêtre au niveau de mon visage. Le souffle frais de la nuit, qui glissait sur les pores de ma peau me donnait un avant-goût de liberté, m'apaisait. Après avoir passé la tête et les épaules, je lançai mon bras droit vers l'extérieur et agrippai le rebord de la fenêtre. En tirant un peu plus, je fis passer mon torse et agrippai avec ma main gauche l'autre côté du rebord. Je tirai de toutes mes forces mais mes hanches me bloquèrent et je commençai à paniquer. Je m'acharnai de plus en plus mais mes hanches n'avançaient pas d'un millimètre. Soudain la porte de la pièce claqua violemment derrière moi. Ma respiration se coupa lorsque j'entendis un halètement. La pression sur mes bras était si forte que je sentais le crépi du mur me racler la peau, faisant couler, sur la bordure de la fenêtre, du sang rouge vif. Mon corps passa enfin mais je sentis une matière froide et humide m'effleurer le pied. Je tombai au sol, la tête la première. J'avais mal et voyais flou, mais je me forçai à me lever et courus le plus vite possible sur la route éclairée par la douce lumière lunaire.
Au bout d'une poignée de minutes, n'en pouvant plus, je m'arrêtai et regardai en arrière. Personne. Cependant je n'étais toujours pas rassuré et repris vite la route, marchant cependant plus lentement. Je passai à côté d'un champ de maïs qui frissonnait au contact du vent. Une lumière au milieu du champ attira mon regard et je m'arrêtai quelques secondes, n'osant pas m'aventurer plus loin. Pourtant j'en avais envie. Je fis un pas en avant et sentis une bourrasque de vent passer à côté de moi, me fouettant le visage. J'eus un moment de lucidité qui me permit de reculer et de m'enfuir en courant. J'entendis un cri strident derrière moi, qui me paraissait lointain. Ma tête me faisait énormément souffrir. Après plusieurs minutes j'aperçus une lumière bleue, clignotante au loin. Je m'approchai méfiant mais fus rassuré lorsque je vis, marqué sur le front du bâtiment, l'inscription : « commissariat ».
Un homme m'ouvrit la porte quand j'y toquai et ne sembla pas surpris de me voir à bout de souffle et en sang. J'avais l'air d'un fou, mais les fous ça devait être la routine ici. Cet homme s'appelait l'officier Temurrier. Plutôt grand, il était blond et très propre sur lui. Il m'aida à rentrer et m'amena jusqu'à son bureau. Durant ce laps de temps, j'avais observé que l'homme avait une peau très rêche et quelques tics étranges. Toutes les minutes environ, l'officier inclinait sa tête en clignant des yeux avant de la remonter rapidement. Nous nous assîmes chacun d'un côté de son bureau sur lequel étaient disposés cinq crayons de tailles égales parfaitement alignés. Et c'était tout. Aucun cadre, aucun dossier, ni aucune trace de quoi que ce soit dans la pièce entière. Je trouvais cela étrange mais passai vite à autre chose et racontai mon histoire à l'officier. L'homme m'écouta et parla pour la première fois depuis notre rencontre : « Emmenez-moi là-bas, je vous aiderai, c'est promis », m'assura-t-il d'une voix rauque et grave en prenant doucement mes deux mains. Nous nous levâmes et dirigeâmes vers une vieille voiture de police. Plusieurs minutes passèrent et je regardais à présent tristement le paysage à travers la vitre de la voiture. Je vis une maison ressemblant à celle de Manon et, quelques minutes plus tard, l'animalerie qui semblait vide et abandonnée. En me retournant vers l'officier pour lui dire que nous avions dépassé le magasin, j'entrevis un tatouage sur le poignet du conducteur. Un amas de cercles et de courbes ressemblant à une écriture. Horrifié, je levai les yeux. Il me fixait déjà, un sourire diabolique au coin de la bouche.
FIN
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Jusqu'à l'aube
Historia CortaVous ne voulez vraiment pas savoir ce qu'il y a d'écrit là-dedans... Si ? Alors accrochez-vous.