Sacha

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Pdv de Sacha
Il fait beau et chaud, c'est plutôt agréable. L'air devient vite irrespirable sur Paris lorsque les gaz des voitures prennent le relais sur la moiteur de l'atmosphère. Et pourtant, je suis bien obligée de venir travailler ici, à l'École Normale Supérieure, pour devenir professeur de français. Mais ce ne sont pas quelques degrés en plus qui vont m'arrêter.
Je m'appelle Sacha Jacobaci, j'ai 19 ans et je suis d'origine italienne. J'ai des cheveux lisses et des yeux gris perçants. Je suis extravertie mais j'ai parfois du mal à extérioriser mes sentiments. A mes heures perdues, je joue de la guitare.
J'habite sur le campus de mon école, dans une petite chambre individuelle. Malgré ma grosse bande de connaissances, j'aime garder ma vie privée. Je ne veux pas que toutes mes histoires, d'amitié, de cœur, ou de quoi que ce soit, soient affichées à l'École : oh vous avez vu, Sacha a raté son exam; oh regardez, Sacha est fauchée; eh eh, Sacha est lesbienne...
Nan, vraiment, aucune envie.
Et puis, ils sont bien sympas, au campus, mais leurs discussions peu fines tournent vite en rond. Mais avec mes problèmes de contrôle de moi-même, impossible de leur dire d'arrêter de parler du prof-qui-se-gratte-les-couilles-pendant-le-cours-d'écogestion.
Pour me rafraîchir les idées après avoir entendu d'incessantes rumeurs sur telle ou telle fille de l'amphi ou écouté d'une oreille discrète les remarques des étudiants sur les cours, je me dirigeai vers la sortie du campus. Un peu de marche me ferait le plus grand bien, blasée par cette chaleur bavarde. Une pause méridionale était bienvenue.
Mais je ne connaissais pas encore bien Paris, le Veme arrondissement et ses multitudes de ruelles. Je dus plusieurs fois demander mon chemin aux passants, me faisant passer pour une touriste italienne quand je croisais des gens du campus (oh, c'est fou, Sacha ne sait pas se repérer dans Paris).
Quand je vis apparaître le McDo, j'eus un sourire de soulagement. Et il y eut comme une apparition divine.
À l'opposé du passage piéton se tenait une étudiante de mon âge, au regard bleu fixe et au beau sourire. Nous nous dévisageâmes discrètement mais je ne pus m'empêcher de me retourner sur son passage.
Obnubilée par cette rencontre furtive, je ne fis pas attention à la personne devant moi qui sortait du McDo. J'eus un choc. Au cœur.
Là encore, une fille de mon âge, aux yeux verts et aux joues rougies par la précipitation et les excuses, mais au sourire charmant. Nous nous relevâmes en hâte, le cœur battant.
Je dus m'appuyer sur une borne dans le fast-food. Et malgré mon cerveau tourmenté par ces deux filles, je m'obligeai à commander vite (oh, Sacha a perdu des neurones en heurtant des passantes et maintenant elle sait pas quoi prendre au McDo !)

A J SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant