Loggan Tryggër, Le mercenaire aux lames foudroyantes.

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«Ooooaaahhh !!! »

Une lame de bronze fendit l'air en sifflant, l'écorce d'un arbre éclata en morceaux, son tronc entamé jusqu'à la moitié.

« Des mois d'entraînement et un arbre me résiste... Cette nouvelle technique... Quel calvaire !»
Le jeune homme était en sueur, le souffle court, quatre heures d'entraînement sans s'accorder la moindre pause n'était déjà pas un mince exploit en soi.
Il épongea son corps dégoulinant de sueur avec une étoffe et s'étira longuement afin d'assouplir ses muscles endoloris.
Il s'étala alors de tout son long à l'ombre de cet arbre qu'il n'avait pas réussi à abattre, son regard portant au loin sur les massifs du Montagnes de Verre, défiant les cieux avec majesté. 
Une légère brise le fit frissonner, il ferma les yeux, et le bruissement des feuilles agitées par le vent sonna pour lui comme une douce mélodie, apaisante.

« Sept ans déjà... à développer ces capacités... Mais quand est-ce que je vais me lancer ? » 

Chaque jour, il se rendait dans ce coin de la forêt dés qu'il avait une seconde à consacrer à cette routine obsédante. 
Parfois du lever du soleil à son coucher, sous une pluie diluvienne ou un soleil de plomb, cela n'avait aucune forme d'importance à ses yeux.
Une petite brise souffla, et il se délecta de ce petit rafraîchissement naturel.
Un claquement interrompit vulgairement la douce mélodie sylvestre, et il posa un regard distrait sur sa longue tunique blanche enroulée à une branche épaisse donc le bas virevoltait au gré du vent.
Cela ne dura qu'un instant avant qu'elle ne s'enroule autour d'un plastron de cuir souple usé par les éléments.

Après un moment de détente et d'oubli, il se redressa et rengaina ses deux lames dans leurs fourreaux avant de se vêtir.
Un coup d'oeil sur le village en contrebas des collines lui rappela qu'il ne se lasserait jamais de certaines choses simples.
Cette vue de la ville, quand la nuit tombait était tout simplement splendide.
Des centaines de lanternes s'allumaient en l'espace de quelques secondes, telles des vers luisants, la promesse tacite de survivre une nuit de plus et de voir le soleil se lever.
Ces derniers mois, la forêt était plus active, plus sauvage une fois la nuit tombée, et d'un commun accord, les habitants du village avaient décidés d'instaurer une sorte de couvre-feu.
Un rituel s'était instauré d'allumer des lanternes disposées en cercle autour du village, le Haut-Archonte avait appliqué sur chacune d'elles un sortilège rudimentaire afin de repousser les créatures trop téméraires. 

" Allez, mon petit Loggan, l'entrainement, c'est fini pour aujourd'hui ! se secoua soudain l'épéiste."

C'est donc d'un pas décidé qu'il entreprit de descendre les collines en direction du village afin de mettre fin aux rêveries qui le saisissaient toujours à la fin d'un entrainement. 


Focalisé sur ses activités routinières, Loggan, jeune homme de vingt et un ans avait passé peu de temps à développer de grandes relations avec les membres du village.
Seules quelques interactions quotidiennes avec les commerçants lui permettaient de se tenir au courant des différents événements du coin et de préserver un semblant de sociabilité.
Quand il déambulait en ville, les villageois le regardaient constamment de travers.
Et ceci pour diverses raisons, son physique n'était pas commun après tout : des cheveux mi-longs blancs striés de mèches noires, et des yeux d'un gris aux teintes argentées.
Une musculature tracée par son entrainement impitoyable ainsi que quelques légères cicatrices venaient compléter le tout.  
Ces regards curieux ne lui faisaient plus ni chaud ni froid depuis le temps, même s'il trouvait toujours paradoxal que le principe fondateur de ce village soit la tolérance alors que cette dernière ne lui semblait que peu accordée.
Cette aura de mystère qu'il générait involontairement causait parfois quelques émois.
Quelques demoiselles le suivaient timidement dans la rue avant de se lancer, voulant probablement se donner quelques frissons, peut-être même le résultat d'un quelconque pari.
Il ne savait quoi leur répondre, si ce n'est qu'il était flatté, mais qu'il ne leur apporterait pas ce qu'elles attendaient. Après quoi il tournait les talons sans demander son reste. 
En revanche, cela arrivait de moins en moins.
Car il n'était pas rare de tomber sur des brutes voulant asseoir leur autorité en s'en prenant à l'oiseau de mauvaise augure du village, ou simplement jaloux de cette attention étrange qu'il générait.
Son entrainement intensif lui avait toujours permis d'avoir le dessus sans causer trop d'esbroufe.
Et accessoirement de toujours les blesser plus profondément au niveau de leur ego que physiquement, afin que sa réputation ne soit pas encore plus souillée auprès des villageois qu'elle ne l'était déjà.
Mais il était inutile de lutter contre la puissance des commérages et des ragots, et sa réputation l'avait vite rendue infréquentable, et ce malgré ses quelques contacts avec le Haut-Archonte lui-même, ayant participé à son éducation.

Nox CrystallisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant