Les premières lueurs de l'aube commençaient à peine à réchauffer la forêt, qui s'éveillait doucement.
Malgré cela, deux hommes vaquaient déjà à leurs occupations, l'un deux se déplaçant avec un léger boitillement, s'appuyant sur une canne finement sculptée tout en scrutant le sol avec minutie.
L'humain d'une cinquantaine d'années passa une main dans sa chevelure dont la noirceur était fortement contrastée par ses tempes grisonnantes.
Après plusieurs vérifications infructueuses, son attention se reporta vers celui qui l'accompagnait.
Près de lui se trouvait un jeune homme, accroupi près d'un parterre de fleurs.
Malgré ses traits fins et son jeune âge, il n'en demeurait pas moins sérieux et semblait tout aussi sage que son compagnon.
Ses yeux étaient d'un vert très pâle, scintillant comme deux cristaux de jade, et ses cheveux châtains clairs attachés derrière sa tête laissaient apercevoir la pointe de ses oreilles, moins rondes, caractéristiques des Älv.
Les Älvens étaient une race humanoïde que beaucoup d'humains enviaient pour leurs traits fins, dont la quasi intégralité de leurs membres disposaient.
Ils étaient dotés d'une ouïe hors du commun, et pouvaient se faire obéir de certains animaux.
En revanche ils n'étaient capables de manipuler que les Animas de l'Air et de la Terre.
Le jeune demi-Alv retroussa une des manches de son manteau long brun, et caressa les pétales des fleurs se trouva en face de lui."Père ! Je pense en avoir trouvé ! dit-il en écartant son épaisse écharpe lui passant devant les yeux, agitée par le vent.
- En effet, Wiliaam ce sont bien des Blécias. Cueilles-en une bonne dizaine de plants et rentre.»
Le jeune homme s'éxécuta et réunit rapidement les plantes nécessaires à la confection d'un remède contre une forme particulièrement agressive de grippe.Et tout ça à la demande de Loggan qui était passé en coup de vent au Temple aux aurores, à peine réveillé, marmonnant une histoire de paysans très malades, les parents d'un jeune adolescent qui avait essayé de le tuer.
Des problèmes comme seul l'épéiste pouvait réussir à dénicher...
Wiliaam soupira en pensant à son ami le trouble-fête, puis jeta un coup d'œil autour de lui.
Toutes sortes de petits animaux gambadaient aux alentours du village et à l'orée de la forêt.
A croire qu'ils se sentaient plus en sécurité près de la civilisation qu'au cœur de leur habitat naturel.
Ils semblaient s'accoutumer aux présences humanoïdes et certains allaient même jusqu'à se balader en pleine ville, probablement attirés par les odeurs de nourriture.
Malgré les parents intimant aux enfants d'éviter de les nourrir ou de les toucher pour ne pas déranger leurs habitudes naturelles, il n'était pas rare d'assister à ce genre de scènes.Quand Wiliaam se retourna, son butin floral rangé précautionneusement dans sa sacoche, il se rendit compte que son père ne l'avait pas attendu pour se remettre en route vers le village.
Il courut donc pour rattraper cet homme qu'il valait mieux ne pas faire attendre.
Galtéa, ce petit village aux confins des terres du Royaume du Loup !
Enfant, il avait vécu dans la capitale du royaume et il se rappelait encore des rues noires de monde, et du bruit constant.
Mêmes les festivités magiques de la veille n'avaient pas réuni assez de monde pour ne serait-ce que remplir un simple boulevard dans une grande zone urbaine.Mais Wiliaam préférait l'ambiance paisible de ce genre d'endroits, non pas qu'il ait eu le choix de venir, mais au moins cela avait facilité la transition.
Le calme, la tranquillité, les... pleurs d'enfant ?
Il fut en effet tiré de ses souvenirs par les cris d'un enfant à une rue de là.
Quand il déboucha sur la rue en question, un enfant d'une dizaine d'années se tenait la jambe des deux mains, roulant sur le dos tant la douleur était insupportable pour lui.
Un jeune Ekida, un animal servant de monture ou d'animal de trait, était attaché à une épaisse barrière de bois.
Il hennissait de peur et la barrière craquait tandis qu'il remuait la tête dans tous les sens.
En reconstituant la scène, Wiliaam déduit que quelque chose devait avoir fait peur à l'animal, il avait frappé l'enfant à la jambe, et il était maintenant affolé par sa douleur et ses cris.
Depuis qu'il était tout petit, les animaux ne fuyaient pas à son contact, il savait comment les rassurer, ou du moins il arrivait à établir un faible contact, suffisant à exprimer une intention contrairement aux vrais Älv.
Il s'approcha de la bête à la puissante musculature malgré son jeune âge.
Six pattes ... six chances de prendre un coup puissant en cas d'échec, il réduit la distance pas après pas, sans aucun mouvement brusque.
Assez près, il émit un sentiment de calme et d'apaisement envers la créature qui prit soudain conscience de sa présence.
Mais encore trop affolée, elle restait sourde à son appel, et il changea de stratégie.
"Astelanne, Reine de la Liberté, soigne les blessures, et éloigne la douleur !"
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Nox Crystallis
FantasySilgaïa est un monde dangereux, ceux qui s'aventurent dehors le soir sont ceux capables de survivre à l'étreinte sauvage de la nuit. La violence est omniprésente, et la peur grandit chaque jour, se répandant parmi les peuples. Ceux qui savent se bat...