Nox Crystallis

Chapitre 2 : Terreur nocturne ! Au-delà des limites du corps !

La forêt ne dégageait pas cette atmosphère pleine de vie comme à l'accoutumée, mais un calme absolu.
Comme si tout les sons du monde avaient été aspirés dans une autre dimension.
Pas un oiseau, pas un insecte, pas même un rongeur.
Si ce n'eut été ses bruits de pas légèrement étouffés par la terre meuble, cette absence de bruit aurait rendu Loggan complètement fou.

La végétation de cette forêt était si luxuriante à la pleine saison qu'on ne pouvait pas voir à trois mètres devant soi si les Lucioles-Tigrées ne pointaient pas le bout de leur nez.
Heureusement pour le jeune homme, la lune, bien que faiblarde, faisait l'effort poli d'envoyer assez de ses rayons pour faiblement traverser les feuillages, juste ce qu'il fallait pour permettre de mettre un pied devant l'autre sans chuter.

Loggan était sur ses gardes, armes dégainées, prêt à trancher ce qui manifesterait la moindre hostilité à son égard.
Un craquement lointain attira son attention, et il se rendit sur les lieux discrètement, avançant d'arbre en arbre.

Mais une fois sur place, aucune trace de la moindre créature, pas même d'un rongeur.
Les minutes passaient inlassablement, lui donnant l'impression d'être au milieu d'une chasse aux fantômes, des êtres sans existence ni consistance physique.
Puis il se rappela de l'état dans lequel ils avaient retrouvés les victimes, et que cela ne pouvait être que bien trop réel, bien trop tangible et assoiffé de sang.

Sa traque restait totalement infructueuse, et ayant l'habitude de pister ses proies avant de les chasser, la frustration prit le dessus.
Cette journée avait déjà eu son lot d'émotions, le retour de Jin, la bagarre de bistrot, ses sens étaient autant en alerte que ses nerfs étaient à vif.

Il grommela, baragouinant qu'il aimerait que la créature se montre et lui saute dessus plutôt que de devoir jouer au chat et à la souris.

Levant son épée, il se gratta le front d'un doigt, la sang séché le démangeant encore, et il poussa un très fin grognement quand il tira sur sa peau.
Quelque chose tomba à ses pieds, d'assez lourd pour produire un bruit sourd.
Il leva alors la tête lentement et contempla un spectacle incongru.
Des créatures lupines humanoïdes bondissaient d'arbre en arbre avec une agilité et une discrétion surnaturelle.
Des griffes disproportionnées d'une quinzaine de centimètres tranchantes comme des lames, ainsi que la lueur fantomatique de leurs yeux rouges luminescents étaient les plus discernables de leurs traits.
Du sang dégoulinait le long de leurs museaux et tâchait leur fourrure blanche comme de la neige, ils grognaient à intervalles rapides comme s'ils communiquaient.
Se préparant à bondir pour engager le combat, il se coinca le pied sous une branche sournoisement dissimulée par un tas de feuilles mortes.
Essayant instinctivement de se dégager, la branche émit un craquement sinistre qui ne se serait pas remarqué en pleine journée.
Mais le silence de mort fit de cette nuit sinistre fit résonner ce son comme un coup de marteau sur une enclume.

" C'est pour ça que je déteste chasser en forêt ! Pensa-t-il rageusement;"

Les trois lycanthropes se figèrent immédiatement, s'agrippant à l'écorce des arbres ou se rattrapant aux branches comme d'inquiétantes arachnides pleines de fourrure.
Ils dardèrent leurs yeux rouges vers lui en grognant de façon menaçante.
Descendant en rappel le long des troncs à l'aide de leurs griffes longues et effilées comme des épées, elles semblaient prendre un malin plaisir à savourer les tourments qu'elles allaient infliger à leur futur proie...
Leurs mouvements étaient différents de ceux des animaux, ils avaient l'air plus... réfléchis, plus calculés.
Loggan, devant son infériorité numérique et saisi d'un élan de bon sens, se mit à courir en direction du village, afin de pouvoir se battre dans une partie de la forêt plus propice à un affrontement aussi inégal.
Il se mit à courir, puis avant que les créatures n'aient le temps de le suivre de près, il déclencha sa technique.
L'air vrombit autour de lui, et il accéléra subitement, laissant derrière lui un écho étrange, même pour une forêt aussi calme.