Chapitre Deux

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Alors que je me fais bousculer de tous les cotés, je parviens à rejoindre mon siège et m'y installe pour mon plus grand bonheur. Nous sommes tous pressés de nous envoler, du moins je pense. Mon sac à mes pieds, j'éteints mon téléphone portable et le range dans une poche. D'après le pilote nous devrions décoller dans quelques minutes.

À côté de moi, quelqu'un vient de s'assoir et fouille dans son sac à dos noir. La personne en sort des lunettes de vue et les pose sur son nez, avant de baisser son regard sur un carnet dans ses mains, grandes et dont les veines ressortent. Sans plus y faire attention, je me concentre sur la fenêtre à ma gauche et observe les réacteurs se mettre en marche : nous allons décoller dans très peu de temps.

- Veuillez attacher vos ceintures s'il vous plaît, nous demande l'hôtesse qui passe dans les rangées.

Mon voisin - je présume en raison de ses mains particulièrement masculines - hoche la tête et pose une question à la jeune femme, question que je n'écoute pas, trop étonnée de la voix qui vient de sortir de sa bouche.

Je jurerais l'avoir entendue récemment.

- Mademoiselle ? M'appelle la blonde refaite et je tourne la tête dans sa direction. Est-ce que vous êtes d'accord avec Monsieur ?

- Hein ?

- J'ai demandé si nous-

Alors que ses yeux bleus rencontrent les miens, marrons, une expression d'étonnement passe dans les siens. Ses sourcils se froncent et un soupir lui échappe. Bien, donc il est aussi heureux que moi que nous soyons aussi l'un à côté de l'autre.

- Oh mais j'y crois pas ! Miss Râleuse...

- Qu'est-ce que je vous ai fait ? J'énonce tout en rejoignant mes mains en une prière, regardant le ciel par le petit hublot.

- Bien, vous me donnerez votre réponse quand je repasserai, la bimbo remet une mèche de ses cheveux derrière son oreille et s'éloigne de nous, progressivement.

Le châtain à ma droite ne m'a pas lâché du regard une seule seconde, toujours son fidèle rictus au coin de ses lèvres charnues. Je lui lance tout de même mon regard des plus mécontents et il pouffe de rire en posant sa tête contre le haut de son siège.

- Vous voyez, vous râlez encore.

- Qu'est-ce que vous voudriez que je fasse ? Je suis coincée pour les vingt prochaines heures à côté d'une personne que je n'apprécie pas particulièrement. Donc oui, je pense que je peux râler.

- Vous ne me connaissez même pas.

- Ce que j'ai entendu toute à l'heure m'a suffit.

- Oh donc j'ai vraiment fait bobo à votre égo ? Pauvre petite...

Son air de petit chiot me donne sérieusement envie de le claquer.

- Écoutez, pensez ce que vous voulez. Je m'en fiche.

De toute façon, ce ne sont que vingt petites heures. Je devrais tenir, pas vrai ?

* * *

Dix minutes que nous avons décollé. Monsieur je sais tout à côté de moi ne m'a plus parlé et semble concentré sur ce petit journal dans lequel il écrit. Ses lunettes sur son nez lui donnent un air sérieux mais aussi sexy, je ne peux le nier. Tout comme sa fine barbe. Il est beau, enfin mignon. Il n'est pas un de ces mannequins que l'on peut apercevoir dans les magasines mais il reste à mon goût.

Je meurs d'envie de lui demander ce qu'il peut bien écrire. Peut-être est-il un journaliste ? Un écrivain ?

- Je suis compositeur, j'entends et sors de ma rêverie.

C'est vraiment bizarre. Soit j'ai parlé tout haut, soit ce mec est un psychopathe qui peut lire dans les pensées des gens.

- Comment vous avez su que je-

- Les gens sont curieux quand j'écris. Vous ne faites pas exception.

- Vous composez, je répète et il me sourit, amusé. J'aurais plus parié sur le journalisme.

- Je dois bien le prendre ?

- J'imagine.

En hochant la tête, il reprend son activité et me laisse avec de nombreuses questions en suspend. Je suis curieuse, je sais. Mais même si je l'ai trouvé à première vue désagréable, j'ai envie d'en savoir plus.

Et ça je ne lui avouerai jamais.

Même si je venais à ne plus le revoir.

Un Avion Pour RosieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant