Un Avion Pour Rosie

Chapitre Cinq

Il ne nous reste qu'une dizaine heures de vol et contrairement à ce que je pensais avant d'entrer dans cet appareil, j'ai beaucoup moins hâte d'atterrir en Australie. Passer tout ce temps avec Julian m'a permis de me reposer, vraiment.

Lui semble plongé dans son film téléchargé sur sa tablette puisqu'il ne m'aperçoit même pas lui jeter plusieurs coups d'oeil.

J'ai du mal à croire que je ne le reverrai certainement jamais dans quelques heures, lui qui a déjà pris une place considérable dans mon coeur. Malheureusement pour moi, même à des kilomètres d'altitude, ce mec est toujours fiancé. J'espère au moins que cette femme se rend compte de combien elle est chanceuse. Il ne m'a fallu que dix heures pour le découvrir, pour comprendre que Julian est loin d'être un simple voisin d'avion.

Pourquoi ne l'ai-je pas connu plus tôt ? Pourquoi ne l'ai-je pas connu avant cette stupide inconnue ?

Je veux dire, je suis presque sûre que je pourrais lui plaire, non ? Nous nous entendons bien, rigolons et j'ai l'impression que Julian pourrait être un homme pour moi. Peut-être pas l'homme de ma vie, mais peut-être celui d'un moment, pas seulement le temps d'un voyage en avion.

- Est-ce que ça va ? J'entends à ma droite et ravale mes larmes qui menacent de couler.

La seule fois de ma vie que je ressens le coup de foudre, le vrai, il faut que cela soit pour un futur marié. Alors non, ça ne va pas.

- Ça va aller, je tente de lui sourire mais je dois plus laisser une grimace s'installer sur mon visage qu'autre chose.

- Parlez-moi Rosie, il insiste et enlève son casque. C'est pas bon de rester sur des non-dits.

- Je ne peux pas en parler, je secoue la tête et la laisse reposer contre le hublot.

Mais la chaleur dans mon corps augmente rapidement lorsque je sens sa main attraper la mienne. Non, il ne peut pas me faire ça.

Bon Dieu, je réagis comme une jeune adolescente.

- Rosie...

Alors que j'essaie d'extraire ma main de la sienne, ses doigts viennent entrelacer les miens.

Non.

Non.

Non.

Que quelqu'un calme les battements de mon coeur.

Je dois faire mon deuil de cette relation qui n'existera jamais, sinon je ne serai bonne qu'à souffrir et c'est la dernière chose dont j'ai besoin.

- S'il vous plaît, arrêtez, je le supplie et enlève violemment ma main de sur sa chaude cuisse musclée.

C'est trop dur, trop pour moi.

Déboussolée et ayant envie de recracher mon repas, je me lève brusquement et passe devant lui pour me précipiter vers les toilettes.

* * *

J'ai besoin de la seule personne que je ne peux pas joindre en ce moment, la seule qui puisse m'aider avec mon problème. Mon grand-frère, celui qui est toujours de bons conseils.

Qu'est-ce qui m'a pris de m'attacher à lui sérieusement ? Dès l'instant où j'ai vu sa bague, je savais que ça ne pourrait pas aller plus loin.

On toque à la petite porte alors que je me passe de l'eau sur le visage. Heureusement que je porte que très rarement du maquillage.

- Rosie ?

Non, c'est vraiment pas le moment.

- Oui ?