Chapitre 9 : 6

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Je crois qu'on peut dire que nous allons mieux maintenant : deux jours consécutifs où aucun d'entre nous n'a pas pleuré la mort de Gadjeel. On y pense encore-et on n'y pensera toujours- d'ailleurs Ul l'a encore appelé pour qu'il vienne déjeuner ce matin (mais bien sûr il n'est pas descendu), alors on a appris à en rire. Parce que ça fait quatre semaines maintenant depuis l'enterrement et que même si on aimerait tous arrêter nos vies et rejoindre notre frère, on ne peut pas. On avait un rêve ensemble, celui de partager notre vision de la musique. Alors même s'il n'est plus là pour le faire avec nous, on le fera, pour lui et pour nous. Parce que c'est l'une des seules choses qui nous fait nous lever le matin. Et parce que la vie continue.

Je rangeais les derniers articles qui étaient arrivés ce matin, pour la collection hiver. Il n'y avait pas beaucoup de monde aujourd'hui, sûrement à cause de la grève(encore des employés pas contents). Je n'avais vu aucun clients cet après-midi et ça m'arrangeait, je n'étais pas d'humeur à recevoir leurs plaintes car les vêtements ne sont « vraiment pas beaux » ou « pas à la mode ». C'est ça de travailler dans un boutique pour vêtements masculins et seulement pour ceux qui pouvaient mettre cinquante euros dans une paire de chaussettes. Le seul avantage à ce travail était que j'avais un excellent salaire. Parce que si je pouvais en changer je le ferais volontiers, à chaque fois qu'un garçon me voyait, il se sentait obligé de me draguer, tout ça parce que j'avais ce petit côté exotique (dans leurs lycées, les filles n'ont pas de piercings ou de tatouages) alors c'est excitant pour eux, ils adorent dire ça. Le pire était qu'ils se pensaient vraiment exceptionnels avec toutes leurs choses chères. Par contre, dès qu'ils venaient avec des amies de sexe féminin, il ne fallait pas que je m'approche, sinon je prenais le risque d'attirer leurs foudres. Elles sont extrêmement jalouses, la prochaine fois il faudra presque que je m'excuse de ne pas être une planche à pain.

J'entendais la porte du magasins'ouvrir pour laisser passer le fameux groupe d'amis auquel je pensais, est-ce qu'une force supérieure les a fait venir ici ?Si oui, ce n'est pas drôle. A tous les coups Gadjeel veut me faire chier même au paradis. Il sait que la fille A m'énerve vraiment. J'étais juste appuyée sur le comptoir et écrivais sur mon petit carnet, (je l'avais acheté lorsque j'étais allée faire du shopping avec Kana). J'avais composé une liste de chanson que nous pourrions chanter la prochaine fois qu'on aurait l'occasion de se produire sur scène, même s'il nous manquait maintenant un membre. Je travaillais donc tranquillement dessus tout en fredonnant un air, quand une fille décida de venir me déranger.

« Tu aurais ce t-shirt en XL ? C'était la fille A »

Le « bonjour » et le « s'il vous plaît » sont trop compliqués à dire pour elle ou elle est juste la parfaite cliente chiante ?

« La taille en dessous est trop petite pour toi ? »

Je sais que ce n'est pas pour elle, mais elle m'énerve : à ce stade-là ce n'est même plus de la haine que je ressens pour elle mais une profonde indifférence bien ancrée qui risque de ne jamais revenir à la surface. Puis elle est exactement le type de fille qui a l'air de faire très attention à son poids, alors c'était l'occasion de l'embêter. J'attrapais let-shirt qu'elle me tendait, et allait dans la réserve.

« C'est pas pour moi ! C'est pour mon mec »

Une veine se dessinait sur son front,je l'entendais marmonnée quelque chose et l'ignorais parfaitement.Je regardais ce qu'elle m'avait donnée, en plus d'être une idiote elle a des goûts horribles, ce t-shirt faisait parti des invendus.Je plains son copain. Je lui tendais le vêtement et n'avais qu'un petit grognement en remerciement. Si mon patron me voyait il ne serait certainement pas content. Je retournais à mon comptoir et reprenais là où je m'étais arrêtée. Pour venir être dérangé une nouvelle fois, par la même fille.

Il faut regarder deux fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant