Chapitre 7 : 5

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Ça faisait une semaine, déjà. Son enterrement était hier, il y avait pas mal de monde du lycée. Notre petit Gadjeel qui se disait associable avait en fait beaucoup d'amis. Une petite bleue en particulier avait beaucoup pleuré, Levy, l'intello de ma classe. Mais je n'avais pas vraiment envie d'y penser maintenant.


Il pleuvait.


J'avais réussi à ne pas pleurer hier comme tous les jours avant, mais pas aujourd'hui. C'était un sentiment indescriptible, je ne savais même pas moi-même ce que je ressentais, j'avais juste un trou dans la poitrine. Un trou que je ne pouvais traduire et comprendre que par un sentiment de manque. Parce qu'il me manquait terriblement. C'était le premier, mon premier vrai ami. Celui qui m'avait défendue devant les enfants de l'orphelinat, celui qui avait supporter ma tête lorsque je pleurais (maintenant c'était sa pierre tombale), celui qui m'avait dit que je chantais bien, celui qui avait loupé sa dernière année scolaire pour que Meredy ne soit pas seule dans sa classe comme les autres années, même s'il avait dit que c'était à cause d'un manque de travail. Notre ami, notre frère qui nous avait toujours supportés.


C'était bizarre cette sensation de trou, elle s'accompagnait avec celle d'être complètement vide, de ne rien ressentir. Juste rien. J'avais beau me dire que ce n'était pas normal de ne pas pleurer, parce que j'étais triste. Très triste. Je ne pleurais pas. Et maintenant que j'étais là, sur sa tombe, la tête contre la roche, je ne ressentais encore rien. J'étais juste un trou noir, aspirant toute la tristesse de ce monde pour la contenir en mon sein et la laisser s'échapper tout doucement. Découvrant chaque nuance de larmes, des plus chaudes aux plus froides, des plus petites aux plus grosses, les laissant se mêler avec les gouttes de pluie qui tombaient autour de moi. Comme si elles cherchaient à m'offrir du réconfort, comme si Gadjeel le savait envoyées pour éteindre le feu de mon désespoir.


Les autres étaient à l'appartement, je devais aller faire les courses et finalement j'avais décidé de passer le voir. Je ne devais rester que quelques minutes, pour qu'il ne se sente pas trop seul. Il doit avoir froid là-dessous.


Quand j'étais partie j'entendais encore Ultear pleurer, elles'en voulait tellement. Elle hurlait que c'était sa faute, que c'était son rôle de prendre soin de nous. Parce que c'était elle la plus âgée, c'était elle qui devait veiller sur nous. Pourquoi est-ce qu'elle se sentait fautive ? Comment pouvait-elle seulement dire que c'était de sa faute. Elle mourrait pour nous, elle ferait tout. Elle n'était pas notre mère biologique, elle n'était pas de notre sang mais c'était elle qui s'en approchait le plus.


Alors c'était moi ? Je pense que c'était moi. Je le connaissais avant tout le monde, j'étais la seule à qui il avait parlé de son passé, car en vieillissant il se rendait compte qu'il ne devrait pas en parler. Alors même si les autres lui demandaient, il ne répondait jamais. Parce qu'il n'avait pas à savoir, c'était ce qu'il disait. Puis avec le temps je ne sais pas s'il avait oublié ou s'il faisait semblant, mais il ne m'en avait plus jamais parlé. Il ne savait pas mentir, alors je supposais qu'il avait oublié. Il m'avait tout racontée, que sa mère était morte dans un accident de voiture, son père en était devenu alcoolo, il le battait car il disait que c'était sa faute si elle était morte, donc il avait été envoyé à l'orphelinat. Seulement, son calvaire pouvait ressurgir à n'importe quel moment, l'homme qui lui servait de père avait beau être abominable, il restait son père biologique et avait le droit de reprendre contact avec son fils. Je ne sais pas ce qu'il a pu se passer pour qu'il commette cet acte et je ne le saurais probablement jamais, mais les fantômes du passé sont ce qui terrifiaient le plus Gadjeel.

Il faut regarder deux fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant