Chapitre III

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Simon avait passé sa matinée à veiller sur Liora. Il s'était fustigé de ne pas avoir été là. Il avait pris sa décision : désormais, peu importe ce qu'elle en pensera, elle pourra même le détester si cela lui chantait mais il sera là. Il la défendra. Il deviendra fort pour elle.

Liora ouvrit les yeux, et les posa sur son frère avec une infinie douceur. Elle tenta d'esquisser un sourire, en vain, son visage était encore trop douloureux pour ça. Il ne produit donc qu'une vague grimace. Simon était impressionné, comment pouvait-elle trouver la force d'essayer de le rassurer après tout ça ? Ce n'était pas à lui d'être consolé. Il avait beaucoup d'ecchymoses, quelques griffures mais en soi, sa plus grande blessure était à l'intérieur de lui, invisible. Il regarda le petit être dans son grand lit. Il y avait tellement de force en elle.

- Pourquoi tu es triste ? le questionna-t-elle.
- Tu vas mal.

- Toi aussi. contra-t-elle.
- Non ça va.
- Menteur.

Elle avait dit ça sans aucune agressivité. Sans pitié non plus. Elle l'avait dit avec la simplicité propre aux enfants. Simon se demanda quand est-ce qu'il avait arrêté de parler comme ça, qu'il avait commencé à réfléchir par lui-même et à enquêter sur les choses qu'il ne devrait pas savoir.

Sur le coin de la commode de leur chambre, il vit son carnet à dessin. Il demanda à Liora si elle voulait le regarder dessiner. Elle accepta, enjouée, elle adorait l'observer gribouiller et il le savait très bien. Il se leva et s'empara de son carnet et d'une mine de fusain. Il commença à esquisser un trait sans avoir de réelles idées. Puis l'inspiration lui vint, sa main s'agita, il traça, estompa et bien vite sous les yeux ébahis de Liora jaillit un splendide rossignol.

Simon observa son dessin, puis le visage émerveillé de la petite blessée et une bouffée de réconfort le submergea, elle n'y pensait plus ni à son choc ni à ses douleurs. Il prit une nouvelle feuille et recommença à dessiner, bien décidé à garder la lumière dans le regard de sa sœur allumée le plus longtemps possible.

Toutefois, avant même qu'il ne puisse poser la tige de fusain leur porte s'ouvrit. Son père se tenait là, le visage grave. Il demanda à Simon de le suivre. Simon observa Liora lui demandant silencieusement son accord. Elle fit un petit mouvement de tête pour le rassurer. Alors bien que frustré de devoir la laisser, il se leva et suiva Aaron.

Ils traversèrent le couloir qui menait au bureau du médecin. C'était là où Aaron classait ses dossiers compliqués et ses livres de sciences. La pièce avait un aspect mystique. Les murs recouverts d'affiches du corps et des bibliothèques dont les étagères semblaient prêtes à s'effondrer sous le poids du savoir. Il n'y avait qu'une petite fenêtre derrière le bureau pour éclairer la pièce. Le meuble était face à la porte, épuré de toutes feuilles volantes. Tout était parfaitement ordonné et organisé, rien ne dépassait. Simon n'entrait jamais ici, pas qu'on le lui interdise, simplement, il était intimidé par toutes ses choses qui semblaient très importantes. Son père apparut dans l'encadrement de la porte et l'invita d'un geste de la main à entrer. C'était un geste que Simon l'avait souvent vu faire dans son cabinet. Le médecin lui sourit pour le rassurer. Simon s'assit et observa son père calme et souriant. Il lui posa quelques questions banales sur son sommeil, sur ses sentiments.

Soudain, l'on toqua à la porte du bureau. La matriarche Feldcher entra et se posta derrière son mari. Simon s'inquiéta, si sa mère était là, il était certain que la conversation ne lui sera pas favorable. Son père était la figure d'autorité mais sa mère veillait toujours à la bonne application des punitions et veillait à ce qu'aucun reproche ne soit oublié. Et sa mère n'oubliait jamais rien. Ce fut son père qui débuta les hostilités :

Le cri de la GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant