Un matin glacial

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Point de vue de Hannah Washington


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Mes paupières sont scellées. Plusieurs raisons me poussent à rester cacher dans cet état de transe qui me préserve de la réalité. Je voudrais dormir éternellement, ne pas me réveiller. Je suis pourtant éveillée. Je ressens tout : la douleur dans ma jambe, principalement. J'entends tout : le vent qui vrombit jusque dans le grotte (c'est si terrifiant!). Aussi, mes paupières refusent de m'obéir : elles sont collées!!! 

En pleurant, affolée et humiliée, je n'ai pas contenu mes larmes, un vrai torrent! J'ai sûrement perdu connaissance en dégringolant de la falaise. Mes larmes ont gelé. Je suis réveillée, mais tout est plongé dans le noir. Pourquoi les autres ne m'ont-ils pas ramenée au manoir? Où sont-ils? Comme un rêve, mes souvenirs sont flous ; soit ils reviendront me hanter, soit ils disparaîtront à jamais.

Mes paumes, grandement glacées, ne suffisent pas à réchauffer mes paupières. Je ne suis pas prête à voir où je suis tombée, car j'anticipe énormément, mais je suis prête à tout pour ouvrir les yeux parce que cette sensation est insupportable. La panique s'empare de moi vicieusement. Rapidement, je commence à lécher mes doigts pour les humidifier. Je frotte ensuite mes yeux. Mes cils sont parsemés de petits glaçons. Les frictionner les irrite. Avec de l'acharnement, je parviens à mes fins. Sans grande surprise, ma vision est floue. D'ailleurs... où est ma paire de lunette? 

― Beth? Tu es réveillée? Tu ne devineras jamais où nous sommes tombées. On dirait des mines. Je ne vois pas très bien, mais la cavité dans la montagne est énorme! Beth?

Ma jeune soeur est encore endormie. Pour ne pas qu'elle se sente seule, je lui caresse les cheveux. Parfaitement symétriques, ils encadrent son beau visage. Je n'ai jamais eu l'audace de couper mes cheveux aussi courts. La longueur avait une importance au lycée, mais Beth est au-dessus de tout ça. Elle sait s'affirmer sans obtenir l'approbation de qui que ce soit.

Beth ne sera pas seule à son réveil. Je serai là pour l'épauler. J'espère qu'elle sait comment faire un garrot. Ma jambe mitraille mon système nerveux de données contradictoires. Je n'ose pas trop bouger de peur d'empirer mon état. Mon jean n'est pas déchiré, donc je présume que je n'ai aucune plaie ouverte. Si j'ai un hématome, alors il est bien caché. Sans l'ombre d'un doute, je suis persuadée que Beth aura un plan pour nous sortir de cet enfer froid.

Michael nous délivrera peut-être ; c'est une possibilité. Maintenant que je suis seule, plongée dans mes pensées, je ne fais que ressasser la soirée : la lettre faussée, la chambre lubrique, l'homme de mes rêves, la caméra insolente, les rires moqueurs, etc. C'était un jeu... ils ne pensaient pas ce qu'ils faisaient. Michael, comme les autres, doit sûrement se sentir coupable. Pour cette raison, il sera le premier à nous chercher. Michael n'a peur de rien. Si je sors d'ici avant le lever du jour, je leur pardonnerai cette plaisanterie de la soirée. Je promets que je serai plus confiante, plus téméraire. Michael rencontrera une Hannah assurée!

Dix minutes se sont écoulées depuis que j'ai regardé l'heure sur la montre enroulée autour du poignet de Beth. Dix minutes, c'est plutôt long.


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Point de vue de Annie Cline


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 ―  C'est fâcheux...

Nous ne pouvons confirmer l'origine des indices trouvés. J'ai cru comprendre que la région était peuplée d'une diversité impressionnante de mammifères. N'est-il donc pas inhabituel de voir du sang? La neige est la toile idéale pour exposer des oeuvres aussi abstraites que morbides.

― Prélevez-en un échantillon avant que la tempête ne camoufle les preuves. Suivez la traînée au mieux de vos compétences. Ne vous éloignez pas ; ne prenons aucun risque avec ce blizzard.

Mon talkie grésille ; je réponds à mon collègue.

― Tous les adolescents sont descendus à bord du téléphérique.

― Merci, assurez-vous que tous soient interrogés au poste. Je veux la déposition de chacun lundi matin sur mon bureau. Nous allons mettre au clair toute cette histoire.

― Reçu.

N'étant pas d'une grande utilité dans la neige, je retourne au chalet où je retrouverai Joshua Washington.

Toquer avant d'entrer n'est plus de coutume. J'entre et sors comme dans un moulin. La salle à manger des Washington est devenu notre repère.

Le garçon est debout devant l'évier lorsque je dépose mon manteau sur l'un des tabourets. Le comptoir est propre comme un sou neuf. Plus aucune trace de sa beuverie de la veille n'existe. Ses pensées le tracassent. Je ne vois aucune autre explication logique. Sinon, à quoi bon perdre son temps à faire du ménage? Hormis répondre à certaines de nos questions, il n'est pas autorisé à quitter les lieux : ordre des parents. Nous lui avons formellement interdit l'accès à son propre jardin. Nous pourrions le perdre, lui aussi, s'il tentait de retrouver ses soeurs par ses propres moyens.

Je ne mentionnerai rien au sujet du sang retrouvé sur le chemin.

― Espérais-tu dissimuler la drogue? demandé-je en désignant la propreté impeccable de la cuisine. Nous avons examiné cet endroit dès notre arrivée, lorsque vous dormiez.

― Ça ne devait pas se terminer comme ça...

― Non, bien sûr.

Qu'est-ce qui le tracasse le plus? Joshua ne parle pas énormément. J'ai néanmoins l'impression qu'il pourrait être apprivoisé. S'il ne reçoit pas le soutien de ses parents, il devra trouver une autre oreille attentive. Pourrais-je devenir ce secours inattendu? Mon métier me passionne. C'est d'autant plus gratifiant lorsque j'accomplis avec succès mes enquêtes, autant pour la victime que la famille.

― Et si tu me parlais un peu de toi... 

J'ai fait mes devoirs. Saura-t-il me surprendre en m'apprenant de nouvelles choses à son sujet? 


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Note de l'auteure 

Troisième chapitre, cette fois-ci sous le point de vue de Hannah, l'une des adolescentes disparues, et l'inspectrice, Annie. Comment avez-vu trouvé cette nouvelle approche? Quelle aurait été votre première réaction à la place de Hannah? À son âge, auriez-vous pensé plus logiquement? Elle est naïve... inconsciente du danger qui l'attend. Et Annie, quelle approche utilisera-t-elle pour amadouer Joshua? 


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Until Dawn | Behind the soul of menWhere stories live. Discover now