Chapitre trois

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L'endroit n'a pas changer d'un pouce depuis qu'on a décréter que c'était notre "territoire". Entre le lycée et notre rue -car oui, on habite dans la même rue- il y a un petit sentier qui s'enfonce dans les bois. On marche pendant une centaine de mètres, puis un buisson haut de plus d'un mètre soixante nous barre le passage. De simple marcheurs égarés croiront que la route s'arrête purement et simplement mais nous savons que le sentier continue sur quelques mètre encore derrière le buisson. Il suffit de le contourner. Personne ne vient par ici, car il n'y a rien a y voir, mais il fut un temps ou nous aimions nous balader. Nous avons découvert le chemin par hasard et maintenant, on est bien content d'avoir trouvé un endroit rien qu'à nous. Au bout du sentier, il y a une cabane haut perchée sur un arbre. Je me souviens de l'avoir construite avec Calum et son père. Avant, c'était un endroit où nous nous rejoignions pour jouer tranquillement, mais maintenant c'est comme une sorte de planque. On est sûrs que personne ne pourrais nous déranger, et que personne ne peut nous entendre. Alors c'est là qu'on se confie. Mais là, j'hésite à lui raconter. Mon regard s'attarde sur la housse usée jusqu'à la corde de notre bon vieux canapé sur lequel je suis assise, des livres et des blocs de feuilles qui jonchent le plancher, et je me rappelle nos nombreuses soirées passées ici à faire nos devoirs. Je réprime un sourire. C'était avant qu'il ne parte. Avant que ma vie ne bascule.

«Qu'y a t'il ?»

La voix de Calum me ramène à la réalité. Il est assis sur le pouf vert pomme, en face de moi, a côté de la lampe sur pied qui éclaire la pièce. La lumière du soleil du matin ayant du mal a passer a travers le feuillage, cette lampe nous est bien utile. J'hésite encore quelques secondes, puis je me dis que tôt ou tard, il va apprendre.

«Rien. Enfin, si, mais c'est comme d'habitude. Toujours le même, toujours la même chose, tu sais...

-Qu'à t'il dit ? M'encourage Calum, un pli soucieux entre ses sourcils. Il a tout de suite compris de qui je parlais.

-Il m'a demandé si j'avais passer un bon week end, toute seule...»

J'attends sa réaction avec appréhension. Chaque fois que je lui raconte ce qu'Ashton m'a dit, il doit se retenir de ne pas aller le trouver pour lui foutre un coup de poing et "amocher son joli minois" comme il dit. Mais je l'en empêche. Je ne veux pas qu'il s'attire des ennuis à cause de moi. Il se prend la tête entre les mains et ses doigts s'entre mêle dans ses épais cheveux noirs. Quand il relève la tête, je vois le muscle de sa mâchoire se tendre et une lueur de haine dans ses beaux yeux chocolat.

«Ça ne peux plus continuer comme ça, ça a assez duré. Laisse moi juste lui donner une...

-Tu ne lui donneras rien du tout, je le coupe.

-Mais il ne peut pas te rabaisser comme ça éternellement, ne te laisse pas faire bon sang ! S'exclame t'il.

-Je ne me laisse pas faire, je l'ignore, nuance, je rétorque.

-Tu essaye de l'ignoré, nuance, fait-il en imitant ma voix.»

Je m'apprête a lui jeter une réplique cinglante, quand il me prends dans ses bras. Ma phrase reste coincée dans ma gorge et je me laisse aller contre lui. Je refoule les larmes que je sens brûler dans ma gorge. J'ai assez mouillé son épaule comme ça. Je ferme cependant les yeux et me laisse bercer par les battements rythmés de son cœur. Son odeur, le creux de ses bras, la forme de son torse, tout ça m'est tellement familier...

«Tu sais qu'un jour il faudra qu'il arrête ? Me murmure Calum.

-Sûrement. Il s'en rendra compte par lui même.

-Mais tu ne peux pas te laisser faire plus longtemps. Laisse moi juste...

-Non, hors de question, je l'interrompt. Je ne veux pas que tu te mêle de ça.

-Et si c'était trop tard ? Si je lui avait déjà réglé son compte hier soir quand nous étions seuls ?

-Je sais que tu ne l'as pas fait. Tu me l'aurais dit car tu n'aurais pas su contenir ton excitation.

-M'ouais...»

Il fait la moue, comme s'il était vexé mais il sait que j'ai raison, et en même temps il ne veux pas me croire. Mais je suis quasi certaine qu'il en a déjà touché deux mots avec Ashton du genre «Et si tu la laissais un peu tranquille ?» mais ses paroles n'ont malheureusement servis à rien. Je pince les lèvres, car je sais qu'il a autant raison que moi. Il faudra bien qu'un jour cela cesse. Et qu'il faut que je me défende. Mais je n'en ai ni la force ni l'envie. Alors je me répète que ce n'est pas si grave. Et puis j'ai Calum pour me réconforter non ?

J'aimerais resté des heures dans cette position, mais le temps nous rattrape.

«-J'ai un examen en physique, Grace, me chuchote t'il.

-Tu pourras le repasser demain.

-C'est tentant, admet-il.

-Alors reste avec moi. S'il te plaît. Ca fait combien de temps qu'on a pas passé du temps rien que tout le deux ?

-Uhm... Plus d'un mois ? Tu as gagné. Je reste. Mais ce sera ta faute si la prof m'engueule.

-Ce qui n'arrivera pas, Monsieur j'ai 16 de moyenne dans toutes les matières.

-Si tu écoutais un peu en classe, tu aurais 18 partout, me taquine-t'il.

-Eh ! J'essaie d'écouter, mais c'est plus fort que moi ! Mes pensées ne veulent jamais me laisser tranquille ! Protesté-je.

-Tu deviens poète ? Me nargue-t'il.

-Ah ah ah, fais-je en lui faisant une grimace.»

Et on passe le reste de la matinée comme ça, à se taquiner et à rigolé. Ça me fait tellement du bien de rester avec lui. A l'heure du déjeuner, on hésite a aller manger un fastfood ou de manger les tartines qu'on a dans nos sacs, mais le fastfood a l'air plus appétissant. On se dirige donc a pied vers le fastfood le plus proche, à savoir le McDo. On s'installe, on fait notre commande et on commençait à débattre sur lequel de nos deux hamburger allait être le meilleur quand la porte s'ouvrir sur un visage un peu trop familier. Ashton. Calum ne l'a pas encore vu car il est dos à la porte, et j'essaye tant bien que mal de paraître indifférente à cette nouvelle venue. En vain. Calum se retourne et se lève d'un bond, manquant de faire tomber la lampe sur pied qui est placée a notre table. J'attrape la manche de son t-shirt et tire de toute mes forces pour le faire rasseoir. Il finit par se retourner, non pas pour faire ce que je voudrais qu'il fasse, mais pour rejeter ma main d'une pichenette. Je fais "non" de la tête à son intention et il fronce les sourcils.

«-Ça ne sert a rien. Pas maintenant et surtout, surtout pas ici ! Je t'en supplie ! Je lui murmure.

-Ok... Mais je te préviens, à la moindre embrouille, tu ne me retiendras pas, soupire-t'il en baissant les yeux et en se rasseyant.»

Je souhaite de tout mon cœur qu'il ne nous a pas vu. Mais évidemment, mes souhaits ne s'exaucent jamais.

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Voilà le troisième chapitre, désolée de vous faire attendre ! Vous pensez qu'il va se passer quoi ? :)

LOST SOULS - 5SOSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant