Chapitre 5 : Combat de coq

1.5K 153 73
                                    

Le père de Camille vient se poser au bord de la carrière, aux côtés de Camille et de Jennifer. Je sais qu'il m'observe, qu'il observe ma ponette.

De mon côté, je me concentre sur Uranie, et je commence tout de suite à trotter. Je ne vois pas l'intérêt de marcher plus longtemps. Romain ne semble pas être content puisqu'il ne trotte pas immédiatement, il travaille longtemps au pas. Grave erreur. Travailler trop longtemps Vanon au pas, ça l'endort. Je ne sais pas s'il fait tout le temps ça, mais je ne vois pas comment il peut avoir de bons résultats.

Je change de main au trot quand il se met à trotter. Super, en plus de ça je vais devoir attendre au pas qu'il ait fini de détendre. Je le connais à peine, mais je sais une chose : je ne l'aime pas.

Quand je repasse au pas, il change de main. Je prends mon temps pour ressangler et je fais des exercices d'assouplissement pour l'attendre. Je demande une épaule en dedans sur une des longueurs de la carrière. Etant donné que je suis sur un exercice qui nécessite la piste, je suis prioritaire, même s'il est au trot. On fonctionnait comme ça avec Camille, et avec tous les autres cavaliers de cette écurie.

Alors quand Romain arrive en face de moi, je ne me pousse pas, je poursuis mon exercice sans prêter attention à lui.

"La piste ! Gueule-t-il."

Je me tourne vers lui sans cesser mon exercice, sans me pousser. Il est obligé de freiner Vanon d'urgence, comme je suis obligée d'arrêter Uranie dans son épaule en dedans.

"T'as pas le sens des priorités ? M'agresse-t-il."

Je m'apprête à répliquer tout aussi sèchement, mais c'est le père de Camille qui intervient à ma place.

"Les gars, on se calme. Romain, ici quand quelqu'un fait un exercice sur la piste il a la priorité. Dépêche-toi de finir de détendre tu as perdu assez de temps comme ça."

Je lui lance à sourire fier, car je suis fier que Monsieur Nolan prenne ma défense et non la sienne. J'aurais pu rester avec le sourire plaqué sur mon visage si Camille n'étais pas intervenue.

"Ca va papa, il n'a pas encore l'habitude, pas besoin de lui parler comme ça."

Sans regarder la scène je sais pertinemment que son père doit être en train de lui lancer un regard assez dur pour lui faire comprendre qu'elle n'a pas à l'ouvrir. Mon sourire quitte mon visage, comme à chaque fois qu'elle s'en prend, directement ou indirectement, à moi. En revanche, ce même sourire se fraie un chemin sur le visage de Romain. Il prend un air supérieur qui me mets hors de moi. J'ai envie de le faire descendre et de lui faire bouffer le sable.

Mais je prends sur moi, encore une fois.

Monsieur Nolan entre dans la carrière pour monter les obstacles, et Romain finit par repasser au pas, enfin.

"Bien, galopez-les deux-trois tours à chaque main, et après, vous viendrez un par un sur le vertical que je vous installe, au petit galop. Je veux que vous puissiez poser vos mains de loin, sans que ça charge."

Je place mes aides de départ au galop pendant que Vanon est encore rênes longues, je n'ai pas que ça à faire de l'attendre. J'ai le temps de faire un tour en travaillant Uranie, plus une volte qu'il demande à peine son départ. En plus, Vanon part à faux. Il déteste galoper à gauche, alors il est obligé de le repasser au trot pour redemander son départ sur un cercle. Je le trouve ridicule. Il ose monter un poney de cette qualité en étant aussi mauvais.

Je me reconcentre sur Uranie, et quand je l'ai eu suffisamment légère au galop, et aux ordres, j'entame une diagonale et je lui demande un changement de pied. Elle s'exécute, digne d'une ponette de dressage. J'accorde tellement d'importance au travail sur le plat qu'elle est devenue excellente au fil des années.

A chevalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant