Chapitre 1 : La City

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Le jour se levait sur la City et ne tardait pas à réveiller les quelques insomniaques londoniens, ayant su savouré, non sans perdre leur célèbre flegme, les plaisirs et les luxures mis à découverts sous l'astre lunaire.

Un rayon de soleil accompagné du chant des moineaux, ayant élu domicile sous les combles, perça l'obscurité de la petite chambre de bonne de la demeure des Darling. Un lit simple, une vieille armoire et un bureau en bois de chêne occupaient l'espace, où quelques souvenirs et babioles s'éternisaient. Parmi un monceau de feuilles assombries par des coups de crayons répétés et froissées, de longs cheveux d'or s'étalaient, et, en remontant à leurs racines un visage ensommeillée et cernée par un sommeil réparateur, pour le moins défectueux, se devinait au-delà de quelques mèches rebelles. Rompant la sérénité de cette scène tout à fait charmante, un coup sec suivi d'un second s'abattit sur la porte qui dans la foulée s'ouvrit sur une femme aux rides et aux rondeurs affirmées par le temps, dear Madame Brown :

« - Rosie il est l'heure de se lever ! s'écria cette dernière non sans manquer de faire chuter, la pauvre endormie, de sa chaise. Vous ne cesserez donc jamais de dessiner, regardez votre couche, diable, elle n'est même pas défaite ! Combien de fois vous ai-je donc admonester à ce sujet ? Une nuit sans sommeil est une journée sans merveilles ! Bon sang Rosie... »

Le corps encore endolori, par une nuit passée sur une chaise aussi dure qu'abîmée par l'usage, Rose redécouvrit le plaisir de ses 5 sens. Les principaux concernés étant l'ouïe avec des oreilles sifflantes sous les réprimandes de Madame Brown, la vue au travers de l'aveuglante lumière du soleil qui inondait la pièce, et enfin l'odorat avec la fragrance si familière de ses crayons à dessin.
Sa voix douce et quelque peu endormie s'éleva suffisamment pour rompre l'inlassable tirade de la Gouvernante des lieux :

« - Désolé Nana je n'ai pas pu m'en empêcher, vous savez à quel point cela m'apaise. Par ailleurs, ma couche étant déjà faite je n'ai qu'à vêtir mon habit du jour et descendre en cuisine pour vous rejoindre. Cessez donc de vous inquiétez pour mon sommeil, aujourd'hui je serai tout aussi assidue dans mes tâches que la veille, je vous le promets. »

Le visage angélique de la jeune blonde dont les joues étaient encore rosies par le sommeil, sublimé par l'un de ses sourires aussi naturel, que calculé, finit par faire céder les faibles barrières érigées par Madame Brown :

« - Rahhh... Bon soit. Mais ceci est la dernière fois que je vous trouve à ce diablotin de bureau au levée du jour ! Pressez vous donc de me rejoindre en bas dans dix minutes, Monsieur et Madame Darling seront réveillés dans une heure.

- Vos désirs sont pour moi pareil à des ordres Madame Brown, plaisanta-t-elle en se courbant dans une gracieuse révérence propre aux femmes bien nées de son époque, ce qui ne manqua pas de faire sourire Madame Brown. »

Satisfaite, celle-ci repartie aussi vite qu'elle était venue. Laissant ainsi toute l'intimité nécessaire à Rose pour se changer.

Âgée de seulement vingt-et-un ans, depuis le vingt-neuf novembre dernier, sa garde robe était à l'image de son âge : très peu fournie, mais suffisante pour la vie qu'elle menait chez les Darling. Logée sous les combles, elle vivait à l'inverse de la majorité des bonnes à tout faire de son temps, une vie confortable.
Bénéficiant d'un accès au chauffage lors de rudes hivers, à des habits neufs à chaque nouvel anniversaire, et nourrit convenablement, Rose jouissait également d'une richesse inestimable : l'Amour.
D'abord celui tout particulier de Nana, qui lui apprit les enseignements nécessaires pour devenir une véritable bonne à tout faire. Puis celui de Monsieur et Madame Darling, un amour paternel et maternel, qu'elle savait tendrement leur rendre.

En effet, le vieux couple stérile depuis leur mariage, avait accueillie comme une bénédiction les pleurs de ce bébé aux joues tendrement rosies par le froid, sur leur perron, un soir de Noël. Ils avaient ainsi élevée et éduquée Rose dans le respect et la maîtrise des bonnes manières et des études. Soit majoritairement l'Histoire des civilisations apprise au côté d'un professeur passionné, j'ai nommé Dear Monsieur Darling. Mais cette vie pris fin le jour où leur Rosie leur avait annoncé, à l'aube de ses douze ans, vouloir devenir leur bonne à tout faire.

Tout aussi choqués que touchés par cette décision mais surtout par la tempête de détermination qui avait éclairé le regard bleu azur de la petite. Le couple ne put refuser et accepta, non sans un léger pincement au cœur.
Ainsi, Madame Brown lui apprit à cuisiner, coudre, raccommoder, blanchir, repasser, tricoter, servir de femme de chambre à Madame - qui ne le supportait par ailleurs toujours pas - et qui déléguait ainsi certaines tâches, qu'elle jugeait peu ragoûtantes, à notre pauvre Madame Brown.

Une fois vêtue de son éternelle robe noire, de son tablier blanc, et après avoir bataillé avec ses longs cheveux lisses se terminant en d'adorables boucles anglaises pour en faire un haut chignon stricte recouvert d'un tissu blanc. Rose dévala les trois étages à la hâte pour rejoindre la cuisine où Madame Brown s'affairait déjà. S'en suivit alors une journée rythmée par une succession de tâches hebdomadaires tout aussi physiques qu'épuisantes mais que Rose accomplissait avec le sourire, et dans ses beaux jours, en fredonnant une des entêtantes mélodies du flambant neuf grammaphone de Mr Darling.

Ainsi la jeune femme entamait une nouvelle journée semblable à toutes les autres : se laver les mains et s'atteler à la préparation des petits déjeuners, au brossage des habits sans oublier l'inconditionnel cirage de chaussures ; ponctuée par les éternelles inquiétudes de Madame Darling quant à sa santé et aux toutes aussi passionnantes que drôles anecdotes de Monsieur Darling sur les civilisations des îles du Pacifique. Ainsi sans cesse occupée, son esprit ne divaguait que très rarement vers ses ailleurs dont l'exotisme égalait leur mystère.

Mais lorsque la journée se finissait, et que le soleil se couchait sur la City, pour laisser place à l'étincelant astre lunaire et à ces magnifiques  étoiles. Rose ne pouvait rêver qu'à ces ailleurs  inconnus, ces autres horizons, où une autre vie l'attendait peut être. La jeune femme s'empressait alors de rejoindre son bureau où trônaient ses crayons et son carnet à dessins -offerts à l'occasion de son vingt et unième anniversaire - pour y coucher sur papier, ces paysages fantastiques et sauvages tout aussi réels qu'imaginaires, que son esprit rêvait secrètement de découvrir un jour.

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Voilà pour ce premier chapitre, j'espère qu'il vous aura plus. La PDV omniscient ne sera utilisé que pour les 2 premiers chapitres je pense. Les prochains seront selon les personnages. De même la taille des chapitres seront plus longs que celui-ci.
J'attends avec beaucoup d'impatience vos critiques ou vos réactions positives comme négatives.

Et si un(e) féru(e) d'Histoire Amérindienne passe par là, je serai ravie de combler mes lacunes avec tes connaissances à ce sujet ! :)

À très bientôt !
LASPENL 🐋💨

Mitakuye OyasinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant