1 Juillet 1860.
19h11.Là-bas, vers l'horizon sans fin, le soleil offrit une dernière caresse à la mer. Pourtant, dans quelques heures à peine, celle-ci l'engloutira sans remords. Ne laissant que la lumière de la lune et des étoiles consteller sa surface :
« - Rosie ! Veux-tu tu bien cesser de rêvasser devant cette fenêtre ? Je te rappelle que nous devrons descendre dans la grande salle à manger à vingt heure ! Et tu n'es toujours pas prête ! »
Elle ne cessera donc jamais de crier...
Sa voix résonna à la manière d'un écho dans notre immense cabine. Avant d'y pénétrer pour la première fois, quelques heures plus tôt, je m'attendais à tout sauf à... ça. Cette lumière, ce faste, ces aménagements. Le tout réunit entre ces quatre murs faits de bois et de dorures. Grâce à l'éclairage au gaz, installé dans toutes les cabines du navire - pour réduire les risques d'incendie - la pièce était baignée d'une lumière tant naturelle qu'artificielle grâce aux hublots. Ajoutez à cela, un mobilier moderne des plus raffiné, et vous obtenez une chambre digne de l'un de ces prestigieux palace anglais.
Finalement au milieu de tout ceci, on retrouvait Lizzie et ses robes. Dont aucune n'avait encore trouvé grâce à ses yeux :
« - Enfin Lizzie cesse donc d'hurler à tout-va, tu vas finir par briser une vitre ! Et pour ta gouverne, je suis déjà prête. On ne peut pas en dire autant de toi...
- Comment !? Tu appelles cela être prête ? Tu plaisantes j'espère ! Tes cheveux sont tirés dans un chignon aussi stricte que ton ancienne robe noire ! Et cette toilette... Elle ne peut décemment pas convenir à ce premier dîner. Tu l'as déjà portée aujourd'hui !
- Et alors ? La journée n'est pas finie, pourquoi faudrait-il que je me change ? Ça n'a aucun sens. Et pour l'amour du ciel ar-...»
Avant d'avoir n'eu le temps de finir ma phrase, je sentis ses mains froides saisir vigoureusement mes poignets. Je fus alors aussitôt tirée vers son lit, où étaient étalées toutes ses toilettes. Je ne trouvais plus la force de me débattre et la laissais faire. D'avance fatiguée par ce qui allait suivre, et me laissais choir de tout mon long sur son lit.
À quoi bon résister après tout... Elle était si entêtée ! Et mes oreilles avaient suffisamment souffert pour aujourd'hui... :
« - Ne fais pas cette tête Rosie, je vais te sublimer en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ! Tu ne peux apparaître, au premier dîner de la traversée, dans cette tenue. Ce serait offenser père ! »
Sir Williamson...
Bien qu'il vivait en paix, à l'autre bout du monde, et loin du tumulte de la City. Celui-ci n'avait jamais pu se résoudre à abandonner son poste de Président, au sein de sa SeaLine's Company. Au grand dam de Lizzie.
Cependant, elle comprit très vite que toutes ces heures de travail lui furent salvatrices au pire moment de son existence :« La construction du S.S Blue Mary l'a sauvée Rosie. Sans cela, il n'aurait jamais pu surmonter la disparition de mère...» m'avait elle confié sur le chemin du retour vers le Crystal Palace.
Mary...
Il avait construit et baptisé ce paquebot en hommage à sa défunte épouse. Il l'aimait tant qu'il était allé jusqu'à immortaliser son nom sur ce géant insubmersible, tel le monument de leur amour passé.
« - Je suis certaine que le dorée te sierra à merveille. Presse-toi donc de l'enfiler, il me tarde de te voir dedans ! » m'ordonna Lizzie en me tendant une robe entre ses mains.
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Mitakuye Oyasin
Historical FictionAoût 1913 Rose noie ses yeux dans le ciel étoilé de Londres. Son regard se perd un instant sur cette étoile, si loin d'elle et pourtant si près, témoin silencieux d'une promesse de liberté. D'un amour condamné. Comment pourrait elle oublier ? Cette...