Elle arrive dans son grand manteau de nacre aux reflets translucides et me tombe dessus avec désir. Son parfum sent la mousse des bois et les pins humides d'été. Je tends toujours mes bras quand je la sens arriver, comme ça, elle se blesse un peu moins sur l'asphalte. Je dis cela parce que quoi que je fasse, je retrouve des morceaux de sa peau sur la route sans que je ne sache comment. Si j'avais des bras qui pouvaient recouvrir la Terre je la récupérerais toute entière avec toutes ses larmes.
Peut être a-t-elle quelqu'un d'autre à chaque point cardinal, qui l'attend en bas d'un immeuble au dessous d'une butte bleue? Quelqu'uns d'autres qui lui tendent les bras avec le même voeu de récolte, le cœur comme des millions de tambourins.
J'espère ne pas être le seul sur la planète à la considérer avec autant d'affection. Ce serait bien triste parce que je ne suis pas immortel. Elle serait seule, sans personne pour la récupérer quand elle s'écrase sur le sol, sans personne pour lui prouver que tomber, ce n'est pas une fatalité.