Chapitre 2 : Jour d'école

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Je me réveille en boule au pied de mon lit. Il est sept heures et je dois aller me préparer pour l'école. Je vais à la salle de bain et une fois sous la douche je me remémore l'incident d'hier. Comment a-t-il atterrit dans ma chambre ? Je ne suis pourtant pas folle quand même ? Et comment connaissait-il mon prénom ? Est-ce que j'ai rêvé ? Je décide de suite, sans même y réfléchir une seconde de plus, que je n'en parlerai pas à mes parents. C'était sûrement un cauchemar, rien de plus. Je ne veux pas entendre d'autres "Anya grandit un peu."

Je prends le gel douche qui sent le macaron et la framboise, c'est mon préféré. Je m'en mets plein le corps et frotte jusqu'à faire mousser. Je prends le shampoing qui lui sent l'huile de macadamia, c'est un délice. Je me shampouine les cheveux et me rince a l'eau très chaude.
Je sors de la douche, m'enroule dans une serviette. Je passe ma main sur le miroir recouvert de buée mais je me sens observée. Je cherche autour de moi, mais bien entendu il n'y a rien.
Et comme par réflexe je dis doucement :
- Georges...?
Mais il ne se passe rien, et je me prend moi même pour une folle. Il s'agit que d'un cauchemar et je me traumatise toute seule de bon matin.

Je mets mes sous-vêtements, saute dans mon jean, enfile mon t-shirt Rolling Stones et me brosse les dents.
Je descends l'escalier en vitesse pour avoir le temps de déjeuner.

Maman est en bas dans la cuisine et papa est déjà parti travailler. Il est sept heures et demi.

- Tu préfères une viennoiserie ou du pain pour déjeuner ? Me demande maman.

Machinalement je lui réponds viennoiserie et elle me tend un croissant.

J'y met un paquet de Nutella et le trempe dans le chocolat chaud que maman m'avait préparé
auparavant. Dans dix minutes je dois être à l'arrêt de bus au bout de la rue. Je commence à neuf heures tous les jours et finis à seize heures trente. Mes horaires ne changent pas puisque je suis en CM1. Je ne vais pas à l'école en bus tous les jours, parfois c'est papa qui m'y dépose quand il commence un peu plus tard.
Je prend mon sac à dos et mon goûté pour les récréations, embrasse maman sur la joue et pars rejoindre l'arrêt de bus à quelques maisons de la mienne. Ce que j'aime par dessus tout dans ce quartier c'est qu'il est très arboré et coloré grâce à toutes les fleurs présentes dans les jardins de la rue. J'entends le chant des oiseaux, rien de tel pour me mettre de bonne humeur.

Sept heures cinquante deux, le bus arrive. Je donne ma carte au chauffeur et prends place.  Quelques arrêts plus tard, un vieil homme monte dans le bus sans même présenter de carte en entrant et vient s'asseoir à côté de moi. Je suis stupéfaite quand je reconnais Georges !

Il entame la conversation.

- Je ne t'ai pas fait trop peur hier soir dans ta chambre ?
- Bien sur que si ! Rétorqué-je.
- Je m'en excuse, ce n'était pas mon intention.
- Mais que faisiez-vous dans ma chambre si tard et sans que mes parents s'aperçoivent de votre présence ?
- Je voulais seulement te rencontrer. Dit-il.
- Et pourquoi vouliez-vous me rencontrer ? Mes parents ne veulent pas que je parle aux inconnus. S'ils me voyaient en train de vous parler à l'instant je me ferais bien gronder et même punir.
- Ne t'en fais pas. Personne ne nous verra. On pourrait peut-être être amis tu ne penses pas ?

Et avant que je puisse lui répondre il descend du bus.

Je suis bouche bée, les yeux écarquillés. Il est très vieux et veut être mon ami. Et puis, qui est cet homme ?
Je ferais peut-être bien d'en parler à maman et papa finalement.

Dix minutes plus tard me voilà devant l'école. Elle est plutôt simple, une façade marron et l'intérieur est en bois. Dedans, le sol est en parquet chevrons et brille très fort.  Je l'admets, parfois je glisse. La plupart des murs sont blancs, rien d'original. J'ai très mal au ventre et je file aux toilettes en vitesse avant d'aller en classe.

Je m'excuse pour mon petit retard auprès de Madame Green, c'est ma maîtresse, et j'entre dans la classe qui sent bon la colle Cléopatre avant de me mettre à ma place habituelle.

- Très bien les enfants, aujourd'hui nous allons faire des mathématiques. Sortez vos ardoises, nous commençons par le calcul mental. Le premier ou la première à dix points gagnera une image. Et vous savez ce que vous avez avec dix images n'est-ce pas ? Un bonbon ! Dit la maîtresse, très excitée pour débuter son cours.

La matinée passe très vite. On fait plusieurs jeux sur l'ardoise, on copie une leçon de mathématiques avant d'aller en récréation et on commençait à étudier les volcans quand la sonnerie à retenti. Il était déjà midi et je suis allée à la cantine.
Je lis sur la porte d'entrée la petite pancarte qui indique le menu.
« ENTRÉE : LÉGUMES VINAIGRETTE
PLAT : PÂTES BOLOGNAISES
DESSERT : TARTE AUX POMMES »
Assez appétissant dans l'ensemble hors-mis l'entrée.
Une fois servie, je me mets à table avec quelques copines. On commence à manger mais en réalité je n'ai pas faim du tout. Je goûte quand même à toutes les assiettes et jette finalement mon dévolu sur le dessert plutôt que sur le plat.
J'ai encore mal au ventre une fois sortie de table. Peut-être que je n'aurais pas du forcer.

A treize heures trente je retourne en classe et on poursuit le cours de SVT sur les volcans. C'est très intéressant et aussi ironique que cela puisse paraitre, très semblable à ce que je ressent dans le ventre.
On passe l'après-midi à regarder des vidéos volcaniques, et un petit reportage sur Pompéi juste après la récréation.
Seize heures trente retenti et papa m'attend à la sortie.

- Bonjour ma petite puce. Comment s'est passée ta journée ?
- Plutôt bien dans l'ensemble mais j'ai mal au ventre. J'avais pas très faim ce midi non plus et je n'ai pas mangé mon goûté à la récréation.

- Oh ma petite chérie, tu es malade ?

- Peut-être bien, ça fait longtemps que ça ne m'était pas arrivé.

On rentre à la maison, et papa se gare juste devant. Je prends mon sac dans le coffre, et en me retournant je vois Georges au pied de l'arbre de l'autre côté de la route.
Je me précipite d'appeler papa pour le lui montrer mais au moment même où je me retourne il n'est déjà plus là. Il ne rigolait pas quand il disait que personne ne nous verrait. Combien de fois encore va-t-il me faire peur ? Il sort de n'importe où, et je n'arrive pas à le faire remarquer. Cette fois-ci encore je n'ai pas rêvé !

On entre, je pose mon sac et je vomis tout ce que j'ai mangé ce midi sur le carrelage blanc de l'entrée.
Maman se retourne catastrophée, et m'envoie me coucher pour me reposer. Effectivement, je suis malade. Je monte au lit, et dis à Mr moustache :

- Eh bien je sens que demain nous allons passer la journée ensemble !

Et encore une fois je m'endors, exténuée de cette journée et surtout très malade.

EuphemismeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant