Chapitre 4 : l'horreur

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Quand j'ai vu le visage de cette fille je suis restée bouche bée. Mon cerveau refuse de comprendre ce qu'il se passe. On est identique jusqu'au moindre trait sur le visage.
D'un coup, m'est venu une tonne de questions que je m'empresse de poser à Georges. Mercy quant à elle, reste silencieuse et fixe ses pieds.
- On est jumelles ? je demande à Georges.
Mais sa réponse fut plus que surprenante.
- Écoute Anya, je t'ai présenté Mercy parce que je te pensais prête. Maintenant j'en doute. Je n'aurais peut-être pas dû l'amener de suite. J'ai sûrement fait une terrible erreur qui va me coûter cher sans doute. Mais sache que vous vous ressemblez encore plus que ce que tu peux penser. 
Il regarde Mercy et dit :
- Je pense qu'on devrait partir. 
Elle ne réagit pas. Toujours en train de fixer ses pieds, comme si elle ne l'avait pas entendu.
- Non attends ! Je ne poserais pas de question sur notre ressemblance si tu ne veux pas y répondre mais ne t'en va pas s'il te plaît. 
C'est alors qu'il me regarda fixement, inclina la tête sur la droite et me souri. C'était un vrai sourire diabolique. Intriguée, je décide de me lever pour observer Mercy de plus près. Je me plante devant elle et c'est alors qu'elle relève la tête et que son regard croise le mien. Elle reste sans expression, comme si la situation était des plus banales. Je recule d'un pas, et elle fait de même. Je la regarde et fronce les sourcils. C'est alors qu'elle fronce les siens également. Elle reproduit tous mes gestes comme si elle était mon reflet dans le miroir.
Pourquoi est-ce si étrange ?
Malheureusement, ce n'était pas tout pour aujourd'hui. On peut même dire que je n'étais pas au bout de mes surprises.
Lorsque je détourne le regard de Mercy, la lampe se met à clignoter et j'entends une musique derrière moi. Le genre de vieille musique que l'on trouvait sur les gramophones à pavillon de 1907, qui produisait un son aigüe et qui grésillait légèrement. D'où vient cette musique ? Je n'ai aucune radio ni stéréo dans ma chambre et encore moins de gramophone.
Tout d'un coup, je me mets à paniquer. Un long frisson remonte le long de mon corps, et je suis prise de panique. Je sens mes jambes qui se mettent à trembler toutes seules.
Je me retourne pour regarder Georges en cherchant du réconfort mais il a toujours sa tête inclinée et cet effrayant sourire sur le visage.
Je recule d'un pas.
- Qu'est-ce qui se passe Georges ? J'ai fais quelque chose de mal ? J'arrêterai de poser des questions ! C'est promis ! Arrête de me faire peur s'il te plaît. 
Mercy regarde de nouveau ses pieds, immobile et sans expression. Comme si son corps était vidé de toute humanité.
Puis la porte, les tiroirs et les placards se mettent à claquer et c'est là que je les ai vu disparaître devant mes yeux.
Georges souriait toujours et son visage s'est mis à couler tout comme celui de Mercy. Il tombait des goutes sur le sol, comme s'ils fondaient, laissant apparaître leurs mâchoires garnies de dents, leurs crânes ensanglantés et leurs yeux, rivés sur moi, bien fixés dans leurs orbites.
La musique ne cessait pas et allait de plus en plus fort sans que je ne sache d'où elle venait.
Je me suis mise à hurler.
- GEORGES ARRÊTE !
Je ne pensais plus, je tremblais et j'avais peur, très peur. Tout mon corps était saisi, frissonnant. Cet homme au visage dur mais pourtant si gentil qui me rendait visite en cachette depuis quelques jours s'est transformé en un véritable monstre.

Mamie est apparue quelques secondes plus tard, paniquée de m'avoir entendu hurler.
- Ma chérie ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi hurles-tu comme ça ? Ça va ?
Je suis toujours tétanisée, en pleures, incapable de bouger. Puisant toutes mes forces, je lève mon bras tremblant et du doigt je lui montre Georges et Mercy, encore en train de fondre, puis je dis d'une voix toute tremblante :
- C'est eux mamie, c'est eux.
Ma grand mère regarde dans la direction indiquée et me dit :
- Qui ça Anya ? Il n'y a personne ici ! C'est encore ce Georges qui te fait peur ?

Pourtant ils étaient là, je les voyais tous les deux au pied du lit en train de fondre encore et encore.
- Mais tu ne les vois pas ? Georges et son amie sont juste là et ils sont littéralement en train de fondre devant nous ! Et s'il te plaît mamie arrête la musique, je n'en peux plus de l'entendre mais je ne sais pas d'où elle provient parce que je n'ai rien allumé du tout !
- Mais il n'y a pas de musique chérie. Tu es sûre que ça va ?  me dit-elle d'un ton inquiet.
je me suis jetée dans ses bras et je me suis mise à pleurer en lui disant tout bas :
- J'ai peur mamie, j'ai très peur. S'il te plait fait quelque chose, aide moi.

***

Quelques heures plus tard maman rentre à la maison et mamie lui raconte tout ce qu'il s'est passé depuis ce matin. Elle lui suggéra d'aller voir un psychologue et maman acquiesça.
J'étais enroulée dans une couverture sur le fauteuil écoutant l'orage qui tonnait a l'extérieur et je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Ils étaient là, juste devant nous et encore une fois personne ne les a vus. Une fois de plus je passais pour la folle du quartier. Je suis sûre que Georges m'en voudra d'en avoir parlé à mamie, de lui avoir dit qu'il était là, mais je ne veux simplement que l'on me croit lorsque je me mets à hurler à cause de lui.

A moins qu'ils n'étaient peut-être effectivement pas présent et que je suis réellement folle ... Je me mets à douter.

EuphemismeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant