IX ~ Mavis

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   J’avais le cœur tout chamboulé, Zeleph venait de sortir. J’étais toute perturbée. Toute ailleurs, désormais. Un dîner avec Zeleph, un moment avec Zeleph, rien que nous deux, loin du travail, loin de l’homme insistant, loin des stocks, loin des jouets, loin du stress.
   Chez moi, je me tournais et retournais. Que porter ? Sobre ? Ou élégante ? Ou comme d’habitude ? Que faire ? Que faire ? Sobre ? Ce n’était qu’un dîner. Entre collègues ? Amis ? Je ne savais même pas.
   Ce fut l’une des premières fois de ma vie que je marchais dans la rue en ayant le ventre noué. L’appréhension du dîner, la peur de tout faire rater, alors qu’il n’y avait aucune raison que cela arrive. Faire rater quoi, au juste ? Ce n’était qu’un dîner, un simple dîner. Il n’y avait pas d’enjeux, si ? Quels enjeux ?
   Arrivée devant les portes de l’entreprise, j’aperçus Zeleph qui venait en ma direction. Mon cœur battit fort, mes joues ne voulaient plus être sous mon contrôle, une petite panique qui montait en moi, reine de mes sentiments.
   Quelques mots furent échangés, je bégayais, puis me calmais, me radoucis au fil des pas à ses côtés. Une douce compréhension et douceur prenait place entre nous. Quelque chose de bienveillant, sans jugement, une petite bulle pour nous.
   Le dîner passa vite. Je n’avais pas vu le temps défiler, minuit approchait, il fallait rentrer. Zeleph tint à me raccompagner. Je nous faisais bifurquer dans les plus longues rues pour que tenter de grapiller un peu de temps, mais qui étais-je pour mesurer à celui-ci ?
Devant le grand immeuble, nous restâmes immobiles quelques instants. On se regardait avec plus de timidité. Que dire ? Que faire ? Se dire au revoir ? Maintenant ? Je n’avais pas envie. Peut-être que lui non plus…
— Voici mon numéro, murmura Zeleph en tendant un bout de papier.
— Bonne idée, merci ! souris-je en le prenant. Merci également pour la soirée, j’espère que nous aurons l’occasion de refaire ça…
— Je n’en doute pas, susurra le grand homme avec un demi-sourire.
   Nous nous écartâmes en douceur, un peu sans envie. Je serrais le petit bout de papier avec espoir. Une fois loin de son regard, dans les escaliers, j’osais le serrer contre mon cœur. Ce dîner avait réveillé tout un orchestre au fond de moi. Je me sentais joyeuse, virevoltante, pleine d’espoir, vivante !
   Je lui envoyais un message immédiatement. Les premiers mots furent cordiaux, puis une douce sympathie prenait place. Nous parlions souvent, trop. Parfois, nous disions la même chose au même moment, ce qui ne manquait pas de me faire rire… « Et si c’était un signe ? » m’étais-je demandé. « Mais non, tu es grande, arrête de penser à ça ! » soupirais-je en répondait à Zeleph, les yeux brillants.

Un Simple Mouchoir [Zevis] | TERMINÉE |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant