L'élément déclencheur

Chapitre 19 : Terreur nocturne

Lorsque je me réveillai le lendemain matin, la place de Jordan était vide et froide. Il était levé depuis un moment déjà. Je n'entendis pas le bruit de la douche, j'en conclu qu'il devait être en bas avec les autres, mais je trouvais tout de même bizarre qu'il ne m'ai pas réveillé. Je me levai en baillant puis me dirigeai vers la salle de bain où je pris une douche très rapide. J'avais mis l'eau chaude, et pourtant elle me paraissait glacée. Je sortis le plus vite possible, me disant qu'il devait s'agir d'une panne de chauffe-eau. Je sèchai mes cheveux et m'habillai, puis descendis les escaliers d'un pas lourd. Je n'entendais ni leurs voix ni leurs mouvements en descendant les marches... Ils n'étaient quand même pas partis sans moi ? Arrivé au bas de l'escalier, je vis un homme assis par terre, au milieu de la pièce, une bouteille brisée à la main. Il leva le visage vers moi, ces yeux étaient effrayants. C'était mon père. Je me sentait paralysée à cette instant, incapable de bouger. Je voulais hurler, pleurer, mais rien ne sortait. Je vis derrière lui, allongé au sol, au milieu d'une mare de sang, le corps de Thomas.

- (T/N) réveille toi !

Je me redressai en sursaut, ouvrant les yeux sur un Jordan qui avait l'air inquiet. Je sentis une larme froide dévaler le long de ma joue, il me prit dans ses bras.

- J'ai fais un cauchemar.

- Bah oui j'ai bien vu... Allez c'est fini. T'inquiètes pas. Me rassura-t-il en me serrant contre lui.

Je me défis de son étreinte en séchant mes larmes.

- C'est bon ça va mieux, merci... Je vais prendre une douche.

Sans attendre de réponse de sa part, je me levai du lit, mais je fus retenue par le poignet.

- T'es sûre ? Tu veux pas qu'on en parle avant ?

Je lui souris, touchée par son inquiétude visible. Je me penchai vers lui et lui embrassai le front.

- Non t'inquiètes pas, ça va.

Je partis ensuite m'enfermer dans la salle de bain et pris une douche, chaude cette fois-ci, d'une dizaine de minutes. Les images de ce cauchemar tournaient en boucle dans ma tête. Une fois sortie, Jordan partit lui aussi se doucher mais fit plus vite que moi. Enfin, nous nous embrassâmes chastement avant de descendre rejoindre les autres qui nous attendaient.

- Bah alors ? On était à deux doigts de venir voir ce que vous branliez, ça fait plus de 20 minutes qu'on attend. Fit remarquer Kévin en nous voyant arriver.

- Désolée ahah, panne de réveil. Répondis-je en souriant avant que Jordan ne puisse dire quoi que ce soit.

Je croisai le regard de Thomas, qui m'interrogea de ses yeux légèrement cernés. Je me contenta de lui sourire en lui faisant mine qu'il ne s'était rien passé et que c'était bel et bien une panne de réveil. C'est fou ce qu'on peut transmettre par un regard, car il reprit une expression normale après ça, bien qu'un peu crispé. Cette nuit était un peu vague dans mes souvenirs et je confondais rêve et réalité. La conversation que j'avais eu avec lui me semblait si floue et pourtant bien réelle. Finalement, nous partîmes tous ensemble à la convention. C'était vraiment immense. Mes yeux brillaient à chaque nouveau stand et nous rigolions bien. La journée passa à toute vitesse et la fatigue nous assayait déjà à 18h. Nous rentrâmes donc directement après avoir vu tout ce qu'il y avait à voir. J'étais satisfaite de ma journée et Jordan m'avait dit que lui aussi. Demain serait notre dernier jour à Los-Angeles. Nous n'étions resté que cinq jours et pourtant j'avais l'impression que ce voyage avait duré une éternité. J'avais eu l'impression de changer, d'évoluer en quelque sorte. J'étais en couple avec Jordan, nous nous aimions. Il était la personne qui comptait le plus pour moi désormais. Mais mon meilleur ami, Thomas, était distant depuis notre conversation nocturne. Et ce cauchemar que j'avais fait... Il me donnait un mauvais pressentiment. Je me faisais peut-être des idées, mais j'avais toujours porté beaucoup d'importance aux rêves que je faisais. Pendant ma dépression, je dormais le plus possible pour m'enfermer dans ce monde onirique qui me permettait d'échapper à la réalité. Avant d'aller me coucher, je descendis au salon afin de travailler un peu seule sur mes illustrations. Il devait être aux alentours de 22h30. Alors que je nettoyais mes croquis pour passer à l'encrage, des bruits de pas me firent lever les yeux.

- (T/N)... Je voudrai que tu me racontes.

Jordan vint s'installer en face de moi sur la grande table.

- Te raconter... Mon rêve ? Demandai-je en posant mon stylet.

Il hocha la tête. Je soupirai légèrement et me dis que ça pouvait peut-être m'aider. Je le lui racontai en détails. Une fois mon récit terminé, il prit ma main dans la sienne, se voulant réconfortant.

- Tu ne m'as jamais vraiment parlé de la relation que tu entretiens avec ton père. Je sais que c'est tendu mais tu m'as jamais expliqué pourquoi. Demanda-t-il d'un air interrogateur.

- C'est... Compliqué. Mon père a toujours été très stricte... Trop stricte. J'ai supporté ça jusqu'à ma majorité, que j'attendais avec impatience pour me barrer de la maison où sa dictature avait gâché toute mon enfance. J'avais peu d'amis, beaucoup de restrictions, je n'avais pas le droit de sortir seule, ou bien il fallait vraiment une bonne raison, toujours dans son intérêt bien sûr. Et quand je faisais quelque chose qui ne lui plaisait pas ou que je ne pensais pas comme lui, il me frappait. J'étais en dépression une bonne partie de mon adolescence. Après que je sois partie, il a longtemps voulu que je revienne. Mais j'ai réussi à me débrouiller avec des petits boulots et le peu d'argent que me donnait ma mère dans son dos. Il a finalement cessé de me courir après et maintenant, il ne m'adresse plus la parole. Il m'a renié, délibérément. Tout ça était malsain.  Au début j'ai rechuté et refait une dépression, quand je t'ai rencontré j'en sortais à peine. Et maintenant, je vais beaucoup mieux grâce à vous tous.

Pendant que je racontais tout ça, les larmes me montaient. C'était la première fois que je disais tout ça à quelqu'un et de me remémorer ce long passage de ma vie me fit vraiment bizarre. Je vis le regard de Jordan se remplir d'empathie. Il serra ma main un peu plus fort en la caressant avec son pouce.

- Je... Je savais pas tout ça. Je suis désolée. Mais on est là maintenant, ok ?

Je lui souris, essuyant les larmes qui m'avaient échappées.

- Oui je sais... T'inquiètes.

Il se redressa de sa chaise et se pencha vers moi pour m'embrasser le front avec douceur et bienveillance.

- Je t'aime (T/N) !

- Oui moi aussi ahah... Bon, on va se coucher, je suis crevée, et j'ai assez avancé sur mes dessins pour ce soir. Dis-je en me levant, rangeant mon IPad dans sa housse.

Il se leva aussi et se jeta sur moi pour m'enlacer avant de déposer des baisers dans mon cou.

- Arrête tu me chatouilles ! Fis-je en riant.

- Rien à foutre ! Répondit-il avant de me prendre par les hanches et de me soulever légèrement au dessus de lui.

Je déposai un rapide baiser sur ses lèvres, puis son visage sembla se décomposer. Je tournai la tête pour voir ce qu'il fixait et je tombai sur Kévin, Damien, et surtout Thomas, qui nous fixait avec des yeux ronds et les poings serrés. Jordan me déposa au sol et nous rougîmes tout les deux instantanément. Kévin brisa ce silence avec un de ses rires bien à lui.

- Alors là, j'aimerai dire que je m'y attendais pas mais ça crevait les yeux, je le savais ! Dit-il.

- Et vous nous cachiez ça bande de coquinous ! Félicitations ! Ajouta Damien avec un sourire sincère, il lança un regard vers Thomas qui se retourna et remonta les escaliers. Le plus grand soupira, comme si il craignait que cela n'arrive.

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• Fin du chapitre 19 •
Merci d'avoir lu ! Ça faisait un moment que je n'avais pas posté de chapitre et le voilà enfin ! Entre les vacances, les commandes d'OS et la grosse panne d'inspi à laquelle je fais face en ce moment, c'est assez compliqué de tout gérer mais je me rattrape au fur et à mesure ! Ou en tout cas j'essaye... Sur ce, des bisous !