Chasseurs de Prime

2 L'Intrépide

Les branches me fouettent le visage et les ronces me laissent de longues entailles sur les jambes.
Je commence à perdre haleine, je sais pertinemment que je les ai semé mais le danger peut resurgir à chaque instant.

Chaque personne est pour moi une menace. Moi, Alu dont le nom se prononce "Alou" et qui signifie en grézmère «l'Intrépide», j'ai des facultés qui sont me sont fardeau et causeront tôt ou tard ma perte.

Je quitte le territoire des Athous, qui aurait -si j'avais bien voulu écarter les jambes pour notre futur chef- été miens.

Je débouche dans une clairière, j'ai faim, au loin j'aperçois une ombre.
Je ne peux pas me permettre d'être visible, je longe donc à travers les taillis l'herbe haute et foisonnante de la clairière. L'ombre se meut, elle m'a vue, on dirait un vieillard et piquée par la curiosité je m'approche prudemment.

-Bonjour, puis-je vous être utile? Me lance un homme âgé qui étale ses bibelots espèrant que je lui achète quelques marchandises. Il cache son visage sous une grande capuche et sa voix est chevrotante, n'est-il donc que marchand?

-Excellente journée à vous, le salué-je en me courbant. Auriez vous un morceau de pain à m'offrir? Votre bonté n'en serait que plus grande.

-Je vous en prie, cessez avec moi ces niaiseries, je n'ai plus l'âge. Il se retourne et va chercher un sac, s'en revient puis me le tend:

-Tenez ce n'est pas grand chose, des baies coupe-faim, vous en mangez une et vous tiendrez une journée entière à cavaler.

-Merci infiniment! Lancé-je, la faim que j'ai ignorée tout le jour me taillade le ventre, je prend cinq baies bleues et les avale.

Soudain le vieillard prend un sifflet et émet un son strident qui me coupe de mes sensations auditives pendants quelques secondes, un deux, puis trois cavaliers arrivent de toutes parts de la clairière et foncent droit sur moi toutes brides abattues, je n'ai pas le temps de faire un pas que je suis cernée.