Black Hole. Magie. Neuf. No. Kalen.
Les informations s'enchainaient peu à peu dans l'esprit d'Almaz, et, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, il peinait à les synthétiser et à les relier les unes aux autres, comme si tout allait trop vite pour lui. Pourtant, il avait toujours été bon pour ce genre de choses : plutôt discret, timide et réservé, il passait la plupart de son temps à écouter, se questionner et réfléchir. Mais aujourd'hui, il n'y arrivait pas.
Peut-être était-ce du à ce profond sentiment d'inconfort qu'il ressentait depuis qu'il était entré dans la brasserie. Au fur et à mesure que la conversation avançait, il avait l'impression de se replier sur lui-même, de se recroqueviller de plus en plus. Oui, apprendre qu'une organisation criminelle le recherchait pour - peut-être - lui faire la peau, ça avait de quoi l'effrayer. D'autant plus après avoir appris qu'un de ses éventuels futurs compagnons était lui-même un meurtrier.
« J'ai déjà buté deux de ces enfoirés l'autre jour », quelle horreur ! Comment pouvait-il dire une chose aussi grave d'un ton aussi léger, insouciant ? En tout cas, il n'avait pas vraiment envie de sympathiser avec quelqu'un comme lui. Cette froideur lui rappelait son propre père, et cela ne faisait que le rendre plus antipathique à ses yeux.
Le jeune garçon était, en revanche, très intrigué par le dénommé No. Encore plus quand ce dernier leur avait expliqué être un mage. La magie, voilà quelque chose qui avait toujours fasciné Almaz. Dans les romans chevaleresques qu'il avait l'habitude de lire, les mages étaient toujours décrits comme des personnages excentriques, des marginaux à moitié fous ayant pour seuls desseins la conquête du monde et l'exercice du mal à l'état pur. Il y en avait de toutes les sortes, mais ils avaient tous un point commun : celui d'être vaincus par le Chevalier masqué, héros de tous ces récits, une figure historique de l'Angleterre censé avoir vécu il y a plus de trois siècles.
S'il était loin d'être aussi courageux que le Chevalier masqué, Almaz parvenait parfois à se dépasser en s'en inspirant. Ainsi, c'est en prenant la détermination sans failles du Chevalier comme modèle qu'Almaz avait trouvé le courage de partir de chez lui, il y a deux mois, pour explorer le monde, seul, loin de l'emprise néfaste que son père avait sur lui. C'était également pour cette raison qu'il était venu ici, seul, lui qui d'habitude aurait juste déchiré la lettre et pris les jambes à son cou. Et, maintenant qu'il se trouvait à côté d'un assassin, tout élan de bravoure avait quitté son corps, et, comme à son habitude, il se demandait s'il avait fait le bon choix. C'est ainsi que marchait Almaz Admandine : deux pas en avant, puis un, deux ou trois en arrière. Et, même s'il n'en était pas fier, il n'arrivait pas à faire autrement.
Mais, à présent, sa peur, bien quelle lui nouait le ventre, était contrebalancée par sa curiosité naturelle, et c'est sans doute ce qui l'empêcha de partir.
Un mage. Malgré son « adoration » pour le Chevalier masqué, Almaz s'était toujours demandé : pourquoi tous les mages devraient-ils être mauvais ? Serait-ce possible qu'un jour, un d'entre eux assiste le Chevalier ? Serait-ce possible qu'un jour, le formidable pouvoir dont ils disposaient puisse être utilisé à de bonnes fins ?
En vérité, cette question l'arrangeait bien. Il était petit – dépassant difficilement le mètre soixante-dix – et gringalet, bien loin de la stature de son idole, décrit comme faisant près de deux mètres et capable de manier sa claymore aussi aisément que s'il s'agissait d'un couteau de cuisine. De plus, si Almaz s'était formé à l'art de la rapière durant une grande partie de sa vie, il n'avait pas eu l'occasion d'en prendre une avec lui, et n'avait jamais utilisé ses talents dans un véritable combat. Même aux entraînements, il n'avait jamais excellé. Pas parce qu'il était mauvais, loin de là – il était même plutôt doué – mais plutôt car il avait peur de faire mal à autrui et, surtout, de se faire mal.
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Royaume de Mages
FantasyJack, Abrielle, Lisbeth, Roans, Kalen, Almaz. Ils ne se connaissent pas, mais ont pourtant quatre points communs : ils détiennent le Don, la possibilité de pratiquer la magie, ils ont le chiffre "9" mystérieusement gravés sur le corps depuis la nai...