La rencontre.

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« Aidez-moi ! »

Guillaume s'élança dans la première boutique qui se présenta sur son chemin et celle-ci s'avéra être, au premier coup d'œil, un hôtel. Un jeune homme se pencha par dessus le comptoir et le regarda d'un air stupéfait. Il avait des cheveux noirs qui descendait jusqu'à ses épaules et, une fois le coup de la surprise passée, celui-ci se précipita vers lui. Guillaume était affalé au sol, une main sur son bras afin d'éviter sa blessure de trop s'épancher, et il sentit plus qu'il ne vit le garçon se pencher à ses côtés.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! » lui demanda ce dernier d'un air paniqué.

Il poussa seulement un grognement significatif et le garçon sembla comprendre que ce n'était pas le moment de poser des questions pareilles. Alors, il le sentit glisser un bras autour de sa taille et, malgré son aversion pour les contacts, il mit du sien afin d'aider le garçon à le relever sans broncher. Enfin sans broncher... Il ne put réprimer un gémissement de douleur lorsque sa main glissa de sa blessure et que celle-ci entra en contact avec l'air ambiant. Il reprit un peu ses esprits à ce moment-là et vit les yeux du garçon se poser sur sa blessure, un air de terreur peint sur ses traits. Il ne put s'empêcher de ricaner devant sa pâleur et le repoussa.

« C'est rien, j'ai seulement besoin d'eau.

— Je crois pas non, dit simplement le garçon. Suis-moi.

La voix était sortie tranchante, mais, malgré tout, il avait pu y reconnaître de la douceur, comme si le garçon n'était pas habitué à parler de cette manière-là. Après tout, il ne devait pas avoir le même niveau de vie que lui. Il n'y avait qu'à voir dans quel lieu il travaillait. Un petit hôtel minable, certes, mais un hôtel tout de même. C'était toujours mieux que les petites combines qu'il était obligé de trouver quotidiennement pour survivre et payer son loyer. Guillaume reposa une main ensanglantée sur sa blessure et réprima une grimace de souffrance. Il suivit le garçon, maintenant dos à lui, et ne s'aperçut que maintenant qu'il boitillait légèrement. Le garçon attrapa une béquille qui reposait contre le mur et sortit de la pièce. Il le suivit avec peine, la douleur qu'il ressentait dans son bras se faisant de plus en plus forte, et entra à sa suite dans une autre pièce, séparée de la première par un mince couloir.

« Tu peux t'asseoir sur ce lit, je vais aller chercher de quoi soigner ça, lui dit le garçon en se tournant brièvement vers lui et en désignant le lit au milieu de la pièce.

Guillaume le regarda d'un air méfiant avant de s'asseoir, ou plutôt de s'écrouler à bout de force. Il balaya d'un air fatigué la petite pièce et se dit que ça devait être une des chambres proposées aux clients. Il eut un rire amer en lui-même. Même cette piaule était mieux que son appartement pourri. Le garçon revint vite avec une trousse à pharmacie dans la main et Guillaume haussa un sourcil.

« Vraiment ?

— Il faut faire ça bien ou ça va s'infecter. » expliqua le garçon en s'asseyant à ses côtés sur le lit.

Guillaume le regarda en fronçant des sourcils. Même concentré sur les objets à sortir, le garçon parlait de cette même voix douce. Et il savait pas pourquoi, mais il n'aimait pas ça. Il haïssait la douceur, il était un homme qui n'avait pas été épargné par la souffrance tout au long de sa vie et il avait été trop habitué à celle-ci pour accepter autre chose que la violence et la douleur. La douceur était le lot des faibles. De ceux qui ne savaient pas ce qui se cachait derrière leur petite vie parfaite. De ceux qui refusaient de regarder plus loin que leur nez, là où les gens comme lui souffraient.

Le garçon releva la tête et croisa son regard, le désinfectant dans une main et une compresse dans l'autre.

« Je peux ? » lui demanda-t-il en montrant d'un signe de tête sa blessure.

Il haïssait le contact, mais il avait besoin d'être soigné. Et ce n'est pas dans cet état qu'il pourrait le faire. Alors il hocha simplement la tête, donnant son accord à l'autre garçon de l'approcher.

« Ça risque de piquer un peu. » l'avertit le garçon avant d'approcher sa main de son bras délicatement et Guillaume eut un sourire en coin.

Il croyait vraiment qu'il allait avoir mal pour une broutille pareille ? Après ce qui venait de se passer ? Il était con ou quoi ? Il réprima tout de même un petit gémissement de surprise en sentant la douleur dans son bras et inspira fortement.

« Ça va ? lui demanda le garçon, sincèrement inquiet, une fois la plaie désinfectée.

— Bien sûr, ricana Guillaume d'un air moqueur. Pourquoi ça n'irait pas ? »

Le garçon resta silencieux et enroula une bande autour de son bras, afin de recouvrir la blessure, et il se demanda s'il l'avait froissé. Il n'était pas très sympa avec lui, et même si c'était sa façon d'être en général, ce garçon l'avait aidé sans poser de questions.

« Merci, souffla-t-il un peu honteux d'être redevable à une autre personne que lui-même.

— Comment tu t'es fait ça ? » lui demanda alors le garçon en le dévisageant après avoir rangé les affaires dans la trousse à pharmacie et il leva les yeux au ciel.

Sans poser de questions, hein ?

« Ça te regarde pas. »

Il s'attendait à voir de l'indignation ou de la surprise dans les yeux de l'autre garçon mais celui-ci garda un air impassible et haussa seulement les épaules avant de se lever pour aller ranger la trousse à pharmacie.

« D'accord. »

Il le suivit du regard et passa une main distraitement sur son bandage. C'était bien fait, avec minutie et douceur. C'était la première fois qu'on s'occupait de lui de cette façon et il sentit son ventre se tordre légèrement. Il n'était pas habitué à toute cette gentillesse. Lui, tout ce qu'il connaissait c'était les coups et les cris.

« Tu peux rester dormir quelques heures si tu veux. Je retourne m'occuper des clients. »

Il le suivit des yeux de nouveau et soupira lorsqu'il disparut en refermant la porte derrière lui. Il était en sécurité, ne serait-ce que pour quelques heures, et pourrait se laisser aller au sommeil. Il lui faisait confiance pour veiller sur lui. Il s'écroula sur le coussin et s'endormit sans plus attendre.

Mini Fiction OrelxGringe - Tout nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant