Les coups.

347 28 8
                                    

Le lendemain, Guillaume se réveilla sur les coups de 11h en entendant des coups sur sa porte d'entrée. C'était eux, ils l'avaient trouvé. Il avait la tête dans le cul et la peur au ventre, mais il ne pouvait pas fuir. Pas encore. Sinon, il lui deviendrait impossible de continuer à vivre ici. C'était miteux, minable, mais c'était le seul endroit qu'il avait toujours connu. Il se dirigea vers la porte d'entrée après avoir enfilé un pull et un vieux jogging en vitesse et ouvrit, la gorge nouée. Il n'eut même pas le temps de voir son agresseur qu'il se prit un coup de poing au visage et il vola à travers la pièce, pour venir s'écraser au sol. Il ouvrit les yeux avec peine et se trouva nez à nez avec Fabrice, le chef du gang.

« est mon argent ? lui demanda ce dernier d'une voix menaçante.

— J'ai pas encore assez pour te rembourser Fabrice, articula-t-il à travers la douleur.

— Et quand est-ce que t'auras assez ? continua Fabrice en empoignant son pull dans ses mains.

— Je sais pas, souffla Guillaume, sentant sa gorge lui piquer.

— Écoute gamin, je te laisse deux semaines. Après ça, c'est fini tu m'entends ? cracha l'homme en le lâchant violemment avant de s'éloigner.

— Fabrice ! cria Guillaume pour le retenir. Comment je suis censé faire pour trouver 5 000 euros en si peu de temps ?!

— Tu t'démerdes, Gringe. J't'ai déjà laissé assez de temps. Après, je ne retiendrais plus mes hommes. »

Et Fabrice sortit, suivi de ses chiens de gardes qui lui lancèrent un regard mauvais. Il attendit d'être sûr qu'ils soient hors du bâtiment pour se mettre à hurler de douleur. Il ne l'avait pas raté, le con. Il se leva difficilement au bout de quelques minutes, puis se dirigea vers la salle de bains afin d'inspecter les dégâts. Il avait le nez probablement cassé vu la quantité de sang qui s'en écoulait et l'arcade sourcilière bien amochée. Sa lèvre était fendue à un endroit et par miracle son œil avait été épargné. Il se déshabilla et se glissa sous la douche afin de laver le sang qu'il avait sur le visage quand il sentit une pression sur son bras et vit le bandage que lui avait fait Aurélien la veille, commençant à se défaire sous la pression de l'eau. Il le défit doucement et le serra quelques instants dans sa main avant de le laisser glisser au sol, à ses pieds. Il resta un long moment sous la douche, laissant l'eau emporter sa douleur et ses problèmes avant de sortir de la cabine de douche et de s'écraser sur son lit après avoir enfilé un simple caleçon.

***

Il se réveilla de nouveau, une deuxième fois, avec le bruit de coups contre sa porte. Mais cette fois-ci, ils semblaient bien moins violents. Il soupira et enfila seulement le même vieux jogging avant d'aller ouvrir. On ne le laissera donc jamais en paix ? Quelle ne fut pas sa surprise quand il se retrouva nez à nez avec le garçon de la veille cette fois-ci. Il ouvrit la bouche puis la ferma avant de l'ouvrir de nouveau :

« Qu'est-ce que tu fous là ? »

Aurélien haussa les sourcils, surpris, avant de rire légèrement :

« Sympa l'accueil dis donc.

— J'suis sérieux.

— J'suis venu pour... » commença Aurélien avant de s'arrêter en plein milieu de sa phrase.

Il le vit écarquiller les yeux, ces derniers se figeant sur son visage, et quand il fronça les sourcils, la douleur qu'il ressentit lui fit comprendre sa réaction. Merde.

« T'as quoi là ? demanda Aurélien en faisant un pas vers lui, s'appuyant sur sa béquille.

— C'est rien, répondit-il précipitamment en se reculant pour éviter qu'il le touche et pour ainsi restaurer la distance entre eux.

— Ça n'a pas l'air d'être rien ton truc. Tu l'avais pas hier, j'en suis sûr, continua Aurélien d'une voix inquiète. Je croyais que ça n'arriverait pas une deuxième fois.

— Ça va, c'est pas une balle, non ? » rétorqua Guillaume, agacé par l'inquiétude de l'autre garçon.

Qui il était pour s'inquiéter comme ça pour lui d'abord ?

« Et alors ? C'est quand même grave. »

Guillaume laissa passer un moment de silence. Grave ? Il en avait l'habitude avec le temps, ça lui paraissait presque normal maintenant.

« Tu me laisses regarder ? »demanda le plus jeune doucement et il n'eut pas le courage de refuser.

Il n'allait pas le laisser sur le palier toute la journée, non ? Quelqu'un pourrait le voir. Alors il se décala et le laissa entrer. Il vint s'asseoir à ses côtés sur le petit canapé après une nette hésitation et Aurélien commença à l'observer attentivement pour trouver ses blessures.

« T'as quelque chose pour soigner ça ? Du désinfectant ? Des pansements ?

— Dans la salle de bains. » répondit-il simplement et Aurélien se leva pour aller les chercher.

Il était là, encore une fois. Encore une fois, il allait prendre soin de lui. Le soigner. Et encore une fois, il ne comprenait pas pourquoi.

Aurélien revint et s'attela à soigner son visage sans un mot de plus. Guillaume n'aimait pas l'atmosphère pesante qui s'était abattue dans la pièce et voulut parler pour détendre cette dernière :

« Comment tu m'as trouvé ?

— C'était facile, répondit doucement Aurélien. Tu m'avais donné le nom de ta cité et une fois ici, j'ai eu qu'à demander à quelques personnes s'ils savaient où tu habitais.

— Seulement avec mon prénom ? s'étonna Guillaume.

— Non, grâce à ton surnom, sourit Aurélien.

— Ah ouais, soupira Guillaume. Mais alors, t'as dû tomber sur un de mes potes ! réalisa-t-il, soudain anxieux.

— J'sais pas, c'était un grand mec assez balèze. Il m'a regardé d'un air bizarre d'ailleurs.

— Ablaye, soupira Guillaume de nouveau. Et sinon, pourquoi t'es là ? »

La question sortit un peu trop durement de sa bouche et il sentit Aurélien sursauter légèrement.

« T'avais oublié ça, dit le plus jeune en sortant un portefeuille noir Eastpack de sa poche et en le lui tendant. J'ai pensé que c'était assez important pour que je me déplace jusqu'ici et que t'en aurais sûrement rapidement besoin. »

Guillaume prit le portefeuille et se sentit con. Il avait vraiment fait tout ce chemin, avec sa béquille, juste pour lui ramener son portefeuille ? Et lui, il continuait à lui parler comme de la merde malgré tout ce qu'il faisait pour lui.

« Merci, murmura-t-il en caressant distraitement le tissu du portefeuille, les yeux baissés.

— Pourquoi tu as enlevé le bandage ? demanda Aurélien.

— J'me suis douché et il s'est défait, marmonna-t-il en gardant les yeux baissés, embarrassé.

— Je peux te le refaire si tu veux. » dit Aurélien en touchant délicatement la plaie sur son bras.

Guillaume frissonna au toucher et retint difficilement un gémissement.

« J'ai pas de bandes, réussit-il à articuler malgré la douleur qu'il commençait à ressentir dans son ventre.

— Moi si, dit Aurélien en fouillant dans son sac, à ses pieds. J'y ai pensé avant de partir. Je me suis dit qu'au cas où, ce serait toujours bien. »

Guillaume l'observa et se demanda brièvement pourquoi ce garçon agissait comme ça avec lui. Alors qu'il ne lui avait rien demandé.

« Tu veux ou pas, du coup ?

— Ouais, ok. »

Il tendit son bras et Aurélien enroula délicatement la bande autour de celui-ci. Lorsqu'il eut finit, Guillaume caressa le bandage sur sa peau avec délicatesse et releva la tête pour regarder Aurélien. Celui-ci le regardait avec un faible sourire sur les lèvres et, avant qu'il ne put réfléchir, Guillaume sentit son corps se pencher vers lui et sa bouche s'écraser contre la sienne.

Mini Fiction OrelxGringe - Tout nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant