Continuation

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Bonsoir.

Bon, je vais pouvoir vous expliquer une fois de plus ce que vous devinerez être ma mésaventure d'hier soir. Depuis que j'ai croisé cet agaçant Tobias, je me fais souvent attaquer.

Donc, j'étais dans un bar, comme à mon habitude. Puis j'ai entendu des bruits suspects dehors. Le genre de bruit qui vous alerte, qui vous intrigue, qui fait monter l'adrénaline. C'est d'ailleurs l'une des choses agréables lorsque l'on tue. Ma blessure au bras avait un peu cicatrisé, je me suis donc permis de jeter un coup d'œil dehors. Sur le sol, dans la rue déserte, j'ai vue une longue trainée de sang. Que pensez-vous que j'ai fais ? Je l'ai suivie.

Je ne lis pas les journaux, personnellement, ils sont passablement ennuyeux. Même lorsqu'ils parlent de moi ou des victimes de quelqu'un d'autre. Avant je pensais qu'en tant que tueur, il ne devait y en avoir que deux ou trois dans les parages. J'aurais dû lire le journal.

La trainée de sang m'a conduite jusqu'à une silhouette qui riait joyeusement... non, follement. Parce que c'est ce qu'elle était. Folle. J'ai aperçu que la silhouette possédait de long cheveux sombres mal entretenus, et rêches sur les pointes. Elle était de dos. Il me semble avoir pu détailler un bras inerte près de lui... Probablement suivit du reste du corps d'une personne morte, dissimulée par la ou le tueur. La silhouette, donc, s'empressait de planter et replanter encore et encore un long couteau, envoyant des gouttes de sang gicler sur sa figure et sur le sol. J'ai dû faire du bruit car il s'est retourné et m'a vue. Je ne saurais pas exactement détailler la scène mais je n'étais pas très discrète ce soir, et un peu fatigué aussi. Bref, il a bondit sur moi et m'a lancé :

-Go to sleep.

Le plus calmement du monde. Bien sûr, l'effet de surprise compte, c'est ainsi que je dégainais mon revolver, n'ayant pas envie d'éterniser les choses. Je lui ai tiré dessus, en songeant que je devrais peut être penser à empoisonner les bords de ma lame pour la rendre plus efficace...

Et Il a tout paré, comme habitué. Énervée et moins patiente, je songeais à Tobias. Il devait forcément le connaitre. Une balle a enfin touché le bassin du tueur, qui s'est plié en deux. Il a soupiré, puis il s'est brusquement redressé et m'a attaquée. Il m'a griffé l'estomac et m'a blessée à la jambe, je me suis écroulée par terre. Vraiment, ce ne devait pas être mon jour. Quand j'y pense, je me dis que j'aurais pu mourir... et puis je me met à rire. Ce n'est pas ma faute pour ce qui s'est passé ensuite. Sa capuche blanche souillée de sang s'est renversée en arrière, laissant apparaitre un sourire immonde taillé jusqu'aux pommettes. C'était réellement laid. La chair mal coupée laissait apparaitre quelque peu la dentition de notre tueur morbide. Et ses yeux... Il semblait à demi brûlés. Sa peau était aussi blanche et pâle que son sweat.

Alors que je rangeais discrètement mon arme, employant une technique plus simple, je me relevais en m'appuyant contre le mur. Je vous le dit, j'ai séduit ce tueur avec une facilité telle que j'avais envie d'en rire. Il a juste fallut balancer un peu les hanches et faire la faible. Sur le coup, j'avais terriblement mal à la jambe. Il ne m'avait pas manqué. Il était fasciné, puis il a fait non de la tête, comme pour reprendre ses esprits. Il s'est rapproché dangereusement, et c'est à ce moment là que j'ai glissé sur le sol, pour éviter sa main ensanglantée qui voulait se refermer sur moi. Je me suis accroupie, puis j'ai fait ce que nous appelons le coup fatidique, c'est à dire un coup de pied dans l'entre-jambe. J'étais dans un très mauvais état, alors pourquoi faire complexe. J'ai appelé Julie, me doutant fortement, et soudainement, que si j'appelais Masky j'allais avoir de la compagnie... (Je pensais notamment aux copains de Tobias).

Julie est arrivée rapidement, alors que je boitais hors de la ruelle en serrant les dents. Il ne m'a pas poursuivit. Elle m'a aidée à aller dans un vieux studio au cinquième étage d'un immeuble. Le papier peint y est déchiré par endroit, et il y a de la poussière dans chaque recoin. J'ai passé une nuit turbulente à tenter de trouver comment apaiser la douleur. Avoir une alliée, c'était la meilleure idée que j'ai jamais eue. Puis j'ai reçu un appel sur le téléphone de Masky. Mais ce n'était pas sa voix. C'était celle du type de la ruelle. Il m'a juste dit :

-Tu ne peux pas me fuir, on se reverra...

Puis j'ai entendu une voix en fond.

-Jeff, je t'ai dis que Toby la veux viv...

Puis il a raccroché. Ce qui me faisait sourire ? Le fait de connaitre le nom de mon tueur. Ce qui me faisait grimacer ? Si on me voulait vivante, ce n'était certainement pas Tobias qui le voulait. Donc, ils étaient excessivement nombreux. La troisième chose, frustrante soit elle, fut que j'ignorais pourquoi on voulait m'avoir vivante.

Une chose est sûre, je vais leur donner du fil à retordre.

Bonsoir [ Tome 1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant