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Sur le coup, ce mot me résonne dans la tête depuis au moins une heure. On vient de m'enlever et je doit désormais rejoindre les rang de ce... gang? Je ne toujours pas où je suis! Enfin, je sais qu'on est encore à Montréal, sinon les alentour, mais ça, c'est clairement pas assez précis pour que des secours me trouvent. Mon assaillant ainsi que l'homme portant un complet discute d'un sujet quelconque, mais je ne leur prête aucune attention. « J'achète. »... je vais devenir une marchandise? On va me plonger dans un bain rempli de glace et m'arracher mes organes pour les revendre sur le marché noir? Je vais devenir une... chose pour quelqu'un? Y'a tellement de possibilités, je vais arrêter d'en imaginer sinon je vais perdre 24 ans de ma vie à imaginer un scénario.

  Mais c'était ce que j'avais souhaité non? Disparaître, fuir, oublier. C'est pour ça que je me suis saoulé la gueule. J'étais saoul comme une botte. Peut-être qu'ils m'ont repéré dans ce bar? Non... y'avait à peine 10 personnes. Peut-être en marchant jusqu'à l'hôtel? Par contre j'étais dans la foule, on ne pouvait pas me remarquer malgré mon état lamentable. Alors quand? Au hasard? Encore des millions de possibilités.

Après quelques heures de discussion les deux hommes se retournent vers moi.

- Tu t'appelles comment? me demande Luke.

Je reste muet, qu'ils utilisent la force, je ne dirai rien.

- On va réessayer, répliqua mon assaillant. Tu t'appelles comment?

Je ne dis rien. De marbre.

- Tu fait ton « tof » à ce que je vois. Boss, j'peux tu?

- Il est à toi, répondit il.

  Luke se retourne, je vais pouvoir être tranquille. Trop vite parler, y m'administre une gifle monumentale.

  - Donne moi tout ce qu'il y'a dans tes poches! me hurla t'il. Right now!

  Je vire mes poches à l'envers. Là, j'ai vraiment la chienne. Je sors tout ce que j'ai sur moi. Téléphone, vieux mouchoirs, élastique, un 5 cents, porte-feuille. Il me dit d'enlever mon linge. J'ôte ma veste qu'il fouille, mon chandail puis mon jogging. Voilà comment j'ai fini en boxer devant deux gars que je ne connais pas. Après avoir tout fouillé, il me dit de me rhabiller. Le boss garde mes cartes d'identité ainsi que mon cell et moi ainsi que Luke on change de pièce.

On entre dans un genre de salon plutôt moderne. Un grand divan noir placé derrière une table en verre. Une grande télé écran plat est accroché sur le dessus d'un mur de brique qui contient un foyer, sur la gauche du canapé, une énorme vitre qui donne sur la ville. Le blond me dit de me mettre à l'aise. Je ne peux pas. Je viens de me faire enlever. Est-ce que je vais vivre ici? Ils vont me torturé?

  Je commence à paniquer, ma respiration est pantelante. Je m'étant sur le grand canapé en cuir et m'efforce à rester calme. Qu'est-ce qui m'arrive...

  - Es-tu correct, cher?

  J'ai sursauté à entendre sa voix. J'avais oublié le blond. Luke. Je veux pas te parler Luke, laisse moi tranquille. Je me le dis intérieurement; si je le dis à haute voix, j'ai peur de me faire casser les jambes. Je le regarde droit dans les yeux. Il est calme. Trop calme, surtout pour ce qu'il vient de faire. Sauf s'il savait quoi faire.

  Par contre, j'ai entendu de la sincérité dans sa voix. J'ai ressenti de l'empathie. Comme s'il tenait à moi. Est-ce que son boss le tiendrait par le cou? Pourquoi il s'inquiète pour moi? Je suis juste un passant, alors pourquoi s'inquiéter?

  - Man, réponds s'te plaît. Tu respires tu encore au moins? dit-il avec l'ombre d'un sourire.

  - De l'eau.

  J'ai jamais été aussi sèche. On dirait que le Sahara m'est venu dans bouche. Faut dire que je sue à grosse goutte aussi, ça doit sûrement pas m'aider. J'ai le front qui brille comme un miroir, de la margarine serait moins glissante que mon cou et j'ai Niagara Falls le long de ma colonne.

  Je le suis jusqu'à la machine, je veux pas me faire empoisonner. Je fixe ses doigts, ses mains, tous ses gestes, y compris les plus minutieux et discrets. De sa main droite, il dépose un premier doigt sur le gobelet conique en papier, son index. Ensuite, il applique son majeur, son annulaire suivi de son auriculaire. Il rajoute ensuite son pouce du côté opposé et tire.

  - Dude, t'es fucking weird à me regarder comme ça.

  Non, je tiens seulement à rester vivant.

  - Ah, désolé... j'ai juste soif.

  Il me tend le gobelet. Je le bois d'une gorgée et le remplit une seconde fois. Ce n'est qu'après mon énièmes rasade que je me suis senti hydraté. Enfin, suffisamment pour pouvoir respirer sans ressentir des lames de rasoir dans ma trachée. Je me redirige vers le sofa et m'y installe. Luke, lui, s'assoit devant moi les jambes croisées sur le tapis. J'ai des questions à poser.

DealOù les histoires vivent. Découvrez maintenant