Je me réveille en entendant la porte grincer en s'ouvrant et le bruit des pas de Luke qui revient. Je regarde la fenêtre; la Lune est haute dans le ciel, pas un nuage.
- 'Scuse moi de t'avoir réveillé Jé. Je peux t'appeler Jé?
- Oui oui.
Je me frotte les yeux et va m'asseoir à l'îlot de la cuisine. Je le regarde pendant qu'il enlève ses runnings. Ça peut pas avoir pris tant de temps juste pour demander si je pouvais faire le tour du bâtiment! Il se rapproche de moi pis va ouvrir le frigidaire.
- T'as-tu faim Jé?
- Ouin, un peu.
- Alright, m'a t'arranger ça.
Après avoir sorti un bloc de tofu, un oignon, des poivrons rouges et du riz, il se met à cuire une espèce de sauté. Bon, t'en que je peux manger sans me faire empoisonner...
Pendant le repas, je me dis que c'est l'heure de quelque questions, encore.
- Faque je vais pouvoir faire le tour du building?
- Oui, mais avant toute ça, fini de manger pis viens t'asseoir dans le salon, t'as des papiers à signer.
- Des papiers pour quoi?
- J'vais t'expliquer.
Je fini de manger rapidement pis je vais m'asseoir sur le divan. Luke à ouvert son laptop et une couple de feuilles son sur la table basse.
- Bon en gros on va te former pour plein d'affaires. Vente d'armes et autres. On prend pas des gens dans la rue comme ça, on a des sentinelles dans à peu près tout les domaines possibles qui font du repérage et puis nous, on embauche ou non. C'était ça avec le Boss.
- Et si on embauche pas? Vous faites quoi?
- Ben y'a deux options. Soit on relâche en menaçant pour pas qu'on se face snitch à la police, soit on tire.
- Vous shootez des gens aussi vite que ça!?
- Non! Calme toi, on a des bonnes raisons. Faut que la personne soit déjà dans le milieu et que voir nos visages ou juste se souvenir du parcours pour ce rendre à la bâtisse pourrait faire éclater une guerre de gang si relâchée. Toi t'aurais été safe. Bon ensuite... Ah oui, signe ici comme quoi je suis ton tuteur dans l'entreprise; protection, logement, renseignement général. Les initiales là pour l'emploi de couverture, on te paie vraiment quand même, et la signature en bas. Ici initiales pour la location d'un faux appartement, signature en bas à droite, et là une signature pour l'assurance emploi.
- J'ai le droit de pas signer?
- Oui. On te laisserait partir. Mais je pense que t'en a plus à gagner avec nous que de retourner au Sheraton. Pas vrai Jérémie?
- ... Je signe où?
•—•
« Décembre.
La neige fondante tombe sur la ville qui se réveille,
Alors que sur mon chandail s'étend une couleur vermeille.
Un liquide chaud s'étalant,
D'un pas je le traîne de l'avant,
Décembre. »Ça fait cinq mois que je travaille pour eux. Techniquement je suis inspecteur en bâtiment, j'ai même été formé, mais disons que manier des armes c'est plus facile que lire une liste de critères. Durant la semaine qui à suivi mon « enlèvement » j'ai été formé. Musculation, on me montre la routine. Tir, on m'enseigne les bases. Auto-défense, comme survivre en attaque au couteau. Cours de conduite plus complexes que ceux de quand j'avais 16 ans, je sais reproduire Fast and Furious 3 à l'identique. J'ai eut d'autres cours mais bon, ça devient long. On m'a aussi enseigné à tuer. Justement, le cadavre que je traîne. Mafia japonaise, vingtaine d'années, le neveu du parain. Si il aime le sushi, il ira en faire dans le fleuve. J'embarque le cadavre dans le coffre de ma voiture, une Audi A-5 noire, où un sac avec un bloc de ciment attendait déjà le japonais.
J'ai déjà commencé à grimper les échelons. Avec Luke comme co-worker, ça va vite. Lui à déjà de l'expérience, et je pense que c'est pour ça que j'ai droit à des privilèges. Actuellement je suis son garde du corps, et lui occupe le troisième rang avec six autres membres. Grâce à lui, j'ai mon propre appartement, sur le même étage que lui. Aussi j'ai le droit de sortir maintenant. Avec un salaire comme ça, même si je suis arrêté, je vais m'en sortir. En plus, après avoir sauvé le Boss in-extrémiste l'autre jour, en encaissant un coup de poignard dans l'épaule avant qu'il se fasse trancher la gorge puis en tabassant le gars, j'ai un peut ses louanges.
Je me débarrasse de la dépouille sur le quai de l'horloge puis prends direction du centre ville. Y'a un pub que je suis allé y'à un moment, le NYSK. Le gars qui le gère est le fils d'un ancien membre et à garder des contacts avec le gang. Je vais m'asseoir au bar. À peine assis, j'ai déjà mon verre de rhum pis un premier shooter de vodka.
- Ça va ben Jé?
- Oui pis toi Télésphore?
- Va ben, comme toujours! Viens de finir une job comme je peux voir?
- Un faiseur de sushis.
- Encore? Me semble que tu fais juste ça depuis la semaine passée. Ils ont arrêté de fucker votre dope au moins?
- Oui, mais on en parlera plus tard, en privé. T'as un chandail dans la salle de bain?
- Troisième cabine dernière lattes du plafond, comme toujours.
Je viens si souvent après mes meurtres que Fort, c'est son surnom, me garde toujours du linge dans une cabine au cas où je serai taché de sang. Je me pointe, je vais me changer, et après il prend le linge, le lave et le replace pour la prochaine fois. C'est mon confident, de toute façon quand j'ai commencé à fréquenter le bar, après quelques verres je me vidais, dans les deux sens du termes. Tous les secrets je lui disais. Je savais que je pouvais lui faire confiance, mais les fonds de verres on des oreilles, et un jour une info a fuitée. Pas bien grave, lieu d'échange d'armes. On a eu le temps de s'enfuir avant l'arrivée des bœufs. Je vais me changer puis je reviens vers le comptoir.
Quand j'arrive un gars est assis sur mon siège et parle avec Fort. Pas grave, j'vais lui demander de se tasser. Il regarde dans ma direction. Oh non...
Ma main se dépose immédiatement sur le pistolet dans ma poche. Sur la côte gauche du cou du gars, on peut voir un logo. Ce logo là est utilisé par les Japonais... il m'a sûrement suivi jusqu'ici. Lui me regarde l'air serein, Télésphore aussi. Fort me fait signe de venir. Je sors mon couteau rétractable pour que l'autre chinois le voit ben. Je m'approche, il se tasse de siège. Je m'assois et lui accote le couteau sur les côtes, vers les poumons. Le gars à pas l'air asiatique. Cheveux noir rasé côté long sur le dessus, barbe de 3 jours, un Québécois on-ne-peut-plus normal. Il me tend la main.
- William.
- Nicolas.
Ne jamais donner son vrai nom en premier abord. Je regarde Fort et il approuve d'un discret mouvement de tête.
- Pourquoi t'es ici William?
- Ah, ben pour venir prendre une bière comme tout le monde.
Il me glisse un papier dans la main et se lève du tabouret.
- On se revoit bientôt Jérémie!
Il mets 21,45$ sur le comptoir, soit la somme exacte de mes dépenses chaque soirs que je me pointe. Fort me regarde bizarrement et moi aussi je le sens mal. J'ouvre le papier que le supposé William m'a donné.
« Appelle le matin même vers 7:15. Bâtiment désaffecté avant le 2060 rue Dickson.
514-567-4150 »D'après moi ça va pisser le sang en tabarnak.