~ VI. ~ Le burlesque en comédie

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~ SCÈNE VI ~
LE BURLESQUE EN COMÉDIE

***

~ Paris 1888 ~

My dear Jack,
I feel like I'm going to make a mistake.

Scarlette.

***

~ Paris 1888 ~

My dear Jack,
I have no choice.

Scarlette.

***

~ Londres 1886 ~

     Si Jack Hooper avait pu coucher quelques mots pour dépeindre la relation qu'il entretenait avec sa chère dulcinée, Scarlette Carmincci, il n'aurait été guère ardu pour lui d'en découdre. Un millésime devait être parfait, sans aucun étiolement, sans une once de flétrissures ! Dans ce contexte, il aurait d'abord mis en abyme l'idolâtrie qui lui vouait, peut-être bien plus que ceux qui la toisaient avec une envie irrésistible de lui jeter des bouquets de ronces. Ensuite, l'adulation trop pittoresque à son goût, il aurait esquissé sur une toile de fins traits à l'acrylique, auxquels chaque prémisse d'une ébauche signerait un pacte enfiévré. Et enfin, le grand peintre passionnel aurait aiguisé ses merveilleux pinceaux — pigmentés de multiples teintes pourpres — par le nu et luxurieux modèle qui se tachetait d'incarnat, à côté de son chevalet.

     Oh oui, le rendu était éclatant ! Fastueux ! Presque inimitable !

     Rien ni personne ne pourrait le reproduire à l'identique ! Voici ce qu'était le véritable talent d'un artiste criminel, au sens propre du terme. Les œuvres authentiques parfaisaient l'essence d'un idéaliste et — ô combien ! — candide.

     Avec le diamant Hope qui battait à l'unisson contre son propre cœur, un tableau se dessina devant lui. Les couleurs étaient criardes, mais elles se fondaient en parfaite symbiose avec le décor assombri. Une nudité de porcelaine, un cœur bleu méthylène ; tout se contrastait, se juxtaposait, s'estompait, pour finir par s'unifier au sein de sa palette colorée.

     Ainsi, il enfila comme des métaphores ses gants en latex, afin de commencer les orfèvres d'or et d'argent sur sa "Vénus de Milo". Au même moment, sa jeune sirène agita amèrement l'écume, et ne cessa de vaguer au travers des faux plis qui se déferlèrent sur les draps blancs satinés — ces draps étaient bien la seule chose pure qu'il possédait dans sa brumeuse chambre. Alors, sans plus de navigation de sa part, il vaqua à la calmer en lui offrant quelques exquises caresses sur ses longs cheveux bruns soyeux, légèrement éclaircis par le soleil de l'automne.

         — Doucement, ma beauté... Tu risquerais de briser le cœur de l'océan..., lui chuchota-t-il, tout en effleurant ses joues opalescentes. Et ton propre cœur, par la même occasion...

         — Mmh..., gémit-elle.

     Le sommeil paradoxal commença à entrevoir la lumière du jour ; et sans crier gare, ses paupières ondulèrent. Mais Jack ne voulut pas d'un stupide interrogatoire, une fois la jolie jeune femme éveillée. Il prit donc l'initiative de poser sa main glacée sur les yeux frétillants de la brunette, tentant de la maintenir endormie encore plusieurs heures, voire même jusqu'au lendemain.

Les petits meurtres de ScarletteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant