Je sentais son souffle chaud sur ma nuque, au rythme lent d'une montagne s'élevant à l'aube puis s'affaissant paisiblement au crépuscule.
Les yeux fermés, je pouvais facilement m'imaginer être au cœur d'une forêt, une nuit d'été, protégée par toute sa flore et faune aussi sauvage qu'elle puisse être.
Les bras de mon protecteur m'enlaçaient tendrement, ses longues jambes s'entrecroisant aux miennes, je me sentais invincible, personne ne pouvait alors m'atteindre...
C'était il y a bien longtemps.
À présent c'était dans notre modeste salle à manger que je me remémorais ces moments si lointains, chaque jour, depuis tant d'années.
Je versai mes céréales machinalement dans mon bol et constatai alors qu'il n'y avait pas de lait sur la table.
Je sommai ma petite sœur, assise à mes côtés, d'aller en chercher dans le frigo, quand une voix l'en dissuada.
_Laisse Petra, je vais le faire.
Mon cœur ne fit plus qu'un bond. C'était sa voix... cet homme qui entra dans la pièce, nonchalamment, une serviette encore sur ses larges épaules. Un plaisant parfum de savon sucré envahit les lieux, les gouttes d'eau qu'il n'avait encore séchées s'égouttaient de la pointe de ses cheveux châtains encore ébouriffés.
Il venait de prendre sa douche et l'eau perlait sur sa peau dorée, couverte d'un simple débardeur kaki qui moulait son corps musclé.
Je ne pouvais détacher mes yeux de cet étourdissant spectacle. Il ouvrit le frigo, en sortit une brique de lait qu'il déposa sur la table.
_Merci Aleksandar! s'exclama joyeusement Petra.
_Arrête ! Combien de fois t'ais-je dis de ne pas m'appeler comme ca !
_D'accord... Alek ... dit-elle en faisait la moue.
C'est à peine s'il prêta attention à nous et se servit une tartine grillée en guise de petit-déjeuner.
Notre mère entra en trombe dans la pièce.
_Aleksandar !! Vas-tu rester debout encore longtemps ?? C'est assis que l'on déjeune ! Ma foi, mon imbécile de fils est un homme, à présent et il ne connaît toujours pas les bonnes manières ! Crois-tu pouvoir te trouver une femme en te comportant de la sorte ??!!
C'est exaspéré qu'il rétorqua :
_Maman, s'il te plait, arrête avec cette histoire de mariage !
_Que nenni ! Dans quelques années tu auras la trentaine ! Tu es un homme, tu es en âge de nous donner un héritier. Trouve-toi vite une femme ! Les enfants de nos amis ne sont pas aussi désespérants que toi, ils font honneur à leur parents, eux, au moins, ils sont tous fiancés.
_A des cruches sans intérêts... Je n'y peux rien, maman, tu t'occupes si bien de moi, je n'arrive pas à me résoudre à te laisser pour une autre femme, s'exclama-t-il, enjôleur, en enlaçant la matriarche.
Il savait jouer de ses charmes.
_Haaa mon fils, si tu n'avais pas d'aussi beaux yeux, je te jure que je t'aurais déjà chassé de la maison. Quel insolent tu fais...
Et quels yeux ! De magnifiques yeux gris, profonds, brillant souvent d'une lueur passionnée.
Elle venait à nouveau de tomber dans son piège de séduction. Il savait comment y faire avec la génitrice.
À l'inverse, il ne portait pas grand intérêt à ses sœurs. Petra parvenait de temps à autres à garder son attention avec sa joie de vivre et sa bonne humeur, mais ma personne lui était totalement transparente.
Quand était-il devenu un tel homme ? Quand avait-il arrêté de me malmener pour savoir lequel de nous deux pouvait avoir le dernier mot ? Quand avait il arrêté de s'endormir à mes côtés lorsque j'avais peur du noir ? Quand avait-il commencé à s'intéresser aux filles et, surtout, quand était-il devenu aussi séduisant ?
-non, séduisant, il l'avait toujours été- Quand est ce que mon cœur avait commencé à battre lorsque je pensais à lui ?
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Vvashem silver eyes
RomanceLe destin cruel n'épargne personne. Mirina en paie de sa personne, de sa chair, de ses sentiments. Des émotions enfouies referont surface à la charnière de deux époques. Celle du repli de soi et celle de la volupté. Promise à un riche héritier, so...