Dans ma tête

Qui es-tu ?

Une semaine après ma discussion avec Camille, ma vie reprit son cours habituel.
Je suis retournée deux fois à l'université et 1 fois à l'hôpital.
Marvin a compris mon choix, il ne l'a pas discuté, il a même réussi à convaincre ma mère d'accepter mon choix.
Mais je ne vais pas mentir, j'ai peur !
Jamais dans sa vie on arrive à un stade où on sait quand tout va se terminer. Sauf pour les personnes dans mon cas.
Mes parents pleurent tous les soirs dans leur chambre, ma famille n'ose plus me regarder comme si ils avaient peurs d'être contaminés. Ils sont terrifiés, et moi aussi !
Je n'arrive plus à supporter cette ambiance pesante dans la maison, il faut que je sorte !
Je vais aller me promener ! Je vais m'habiller et sortir dehors ! Il le faut.

Je prends mes béquilles et sors dans la rue. L'air frais caresse mes narines et mon visage, je respire un air pur et indifférent. Je sens aussi cet air frais zig-zagger entre le peu de cheveux qui me restent. Mon teint pal et mon apparence glace le regard des gens.
Je fais peur ?
Je suppose que oui...
Se sentir monstre est un sentiment des plus horrible. Tous ces gens, hypocrites, qui souhaitent te tourner le dos mais te sourient lorsqu'ils te croisent.

Je ne tiens plus, non ! Je dois partir d'ici ! Je veux fuir cette réalité.
J'avance, je marche, je cours le plus vite possible ! Je fais tout pour ne pas me prendre mes béquilles dans mes jambes ! Je dois partir, je ne peux plus supporter toute cette pression !

...

Qu'est ce que je fais ? Je suis... au... sol ? Je suis tombée, super.
Je ne peux même plus avancer sans risquer ma vie ! Je hais ce que je suis ! Mais pourquoi !?
Je sens quelque chose de chaud couler le long de ma joue, je pleure...

_ Tiens ! Prends ça.

J'attrape le paquet de mouchoir qui m'est tendu.

_ Merci.

Je relève ma tête et mes yeux se posent sur un homme d'une vingtaine d'année.

_ Ça n'a pas l'air d'aller ! Tu veux de l'aide pour te relever ?
_ Non c'est bon je me débrouille !

Je m'appuie sur mes bras et mes jambes pour me rélever mais retombe brusquement.

_ Il n'y a pas de honte à demander de l'aide ! Prends ma main.

Je le regarde dans les yeux et remarque que ceux ci sont bruns. J'attrape sa main et mes béquilles au passage.

_ Je m'appelle Daniel, et toi ?

Je le dévisage sans qu'il ne semble en être dérangé.

_ Paola, mais j'ai pas besoin de ta pitié ! C'est bon rentre chez toi ok !
_ Ma pitié de quoi ? Je voulais juste t'aider.
_ Oh ne te moque pas de moi, tu vois bien que je suis mal en point !  Et j'ai pas besoin de ton aide, c'est clair !
_ Ça se voyait que t'avais besoin de rien en effet !

Son ton sarcastique et méprisant me déplaît au plus haut point.

_ Mais je ne veux pas te déranger, on ne se connais pas, j'avais aucunement envie d'être méprisant ou quoi... Désolé d'avoir aidé, bonne journée !

Il ne semblait pas être si méchant en fait ! C'était moi ! Je lui ai mal parlé parce que je suis blessée.

_ Attends ! Daniel ! Je... je suis désolée !

Il se retourne et revient vers moi.

_ Pas de soucis c'est bon.
_ Euh... ça te dirait qu'on marche un peu... ensemble ?
_ Si tu veux. Alors dis moi, Paola, pourquoi tu es dans cet état là ?
_ Je... j'ai la cheville cassée ! D'où les béquilles !
_ Et pourquoi tu pleurais ?
_ Une mauvaise passe dans ma vie... Et toi, Daniel, qu'est ce que tu fais dans le coin ?
_ Je viens voir un ami.
_ Ah d'accord.

Un léger blanc se fait ressentir, je ne m'y connais pas en garçon, je n'ai jamais été dans une telle situation ! En plus, il est plutôt mignon !

_ Bon je suis désolé, mon ami habite ici, je dois le rejoindre ! Euh... si tu veux, si t'es libre, on peut se retrouver demain devant le parc ?
_ Oui ! Enfin je veux dire ouais ce serait sympa...
_ Super parfait alors ! À demain Paola.

Il me quitta avec un sourire profond et vrai, deux choses que je ne vois plus depuis en moment en cette période.
Je vais rentrer chez moi, j'ai hâte d'être à demain !