Jeunesse en danger

Chapitre 2 Tentative de séduction

Une semaine plus tard Juliette se retrouvait au Café des Anges son bar fétiche, celui où elle savait retrouver Stéphane. Manon trop occupée à travailler sa nouvelle apparence s'était désistée. Rendez-vous pris avec son ophtalmo, elle se décidait enfin d'opter pour les verres de contact. Juliette sourit se remémorant l'après-midi shopping. Son amie optant toutefois pour un look un peu plus sage que le sien le résultat restait très acceptable et surprenant. Le physique de Manon, tout en courbes et rondeurs, camouflé depuis si longtemps sous d'immondes pulls informes, se trouvait, enfin, mis en valeur par des vêtements plus à sa taille.

Pour l'heure, Juliette se concentrait sur son objectif : séduire Stéphane, minaudant et trinquant avec son compagnon, un roquentin à la voix de ténor qui lui avait offert un verre. La jeune fille audacieuse, lambinait dans ce bar autant que possible. Elle, belle jeune fille à laquelle les garçons ne résistaient pas habituellement refusait d'être laissée pour compte. De plus désormais elle devait gagner ce pari. Sa vie n'était pas très rose au quotidien, un ennui, une routine indescriptible la poussant à de dangereux comportements. Des parents trop occupés et fatigués par des querelles permanentes, baissant les bras, renonçant à la mettre en garde contre les périls de la rue. La jeune lycéenne de seize ans ne pouvait imaginer que son attitude puisse lui nuire. Mais surtout, elle s'en moquait. Son seul objectif étant de ne pas s'ennuyer. Elle séchait les cours de manière très régulière depuis toute la semaine venant dans ce bistro dans l'espoir de revoir le beau jeune homme brun.

Elle se fichait comme une guigne du vieil homme qui la reluquait avec insistance. Juliette portait une jupe très courte qui mettait en valeur ses longues jambes et un petit top très collant blanc à travers duquel on devinait un soutien-gorge noir en dentelle et qui dévoilait son ventre et son piercing au nombril. Des jeunes gens riaient entre eux, les mêmes que l'autre fois, des habitués. Elle leur jeta un regard dédaigneux. Ils parlaient d'elle, évidemment, mais elle s'en désintéressait comme à son habitude. Elle espérait simplement atteindre son objectif, attirer l'attention de Stéphane jusque-là accoudé au comptoir à quelques pas d'elle sirotant son café. Juliette n'imaginait pas qu'il puisse il se désoler de la voir se jeter ainsi à la tête des hommes et de celui-ci particulièrement trop âgé pour elle. Elle ignorait que Stéphane connaissait ce roquentin de pacotille se vantant d'avoir toujours la trique et de pouvoir toujours niquer fréquemment. Que cette vulgarité le dégoûtait au point de toujours éviter toute discussion avec ce vieux pervers. Léonard, ce vieillard décati au visage terni par des années de tabagisme actif ricanait comme une truie qu'on égorge.

Cette situation s'insupportait, mais après tout, la jeune fille semblait apprécier cet olibrius qu'il ne connaissait que trop bien depuis qu'il avait fait de ce bar ses quartiers pour les besoins d'une enquête. Le « vieux beau » semblait assez inoffensif, plus dans les jeux de charme que dans l'action.

Stéphane n'aurait pas pensé que Juliette croiserait à nouveau sa route. Il ignorait bien sûr que la demoiselle le pistait depuis des jours, venant s'asseoir dans cette salle de bar depuis plus d'une semaine. Depuis qu'elle avait jeté son dévolu sur lui.

Juliette le vit consulter sa montre et semblant se décider à partir sans lui prêter toujours la moindre attention. Elle n'aurait pu concevoir qu'il puisse être contrarié de laisser la gamine, car c'est ce qu'elle représentait pour lui, avec ce triste personnage, n'étant ni son père, ni son frère non plus.

Léonard, ses dents de requin toutes dehors, dans ce qu'il croyait être son plus beau sourire, commençait à être trop entreprenant et Juliette s'en agaçait. Stéphane ne lui accordait auquel regard. Sa tactique semblait vouée à l'échec. Celui-ci sur le point de s'en aller jeta un dernier regard sur ce couple insolite et soupira.