1 9 septembre
— 1 9 9 1De tous les obscurs replis et méandriques écrins qui composaient Poudlard, le Lac Noir était sans nul doute le lieu favori d'Ailene. Son ésotérique perspective était parachevée par la charmante imperfection de ses rives : les herbages mâtinés de pierre y avaient des tons d'ombre, et la multitude d'arbres qui y croissaient évoquaient une légion d'antiques sentinelles.
Ce fut au terme d'un interminable cours de botanique que la jouvencelle eut l'occasion de s'y rendre. En effet, les élèves de Poufsouffle disposaient — de même que la cohorte de Gryffondor avec qui ils avaient partagé la tutelle du professeur Chourave – d'un conséquent entre-cours de deux heures, et Ailene comptait en user à bon escient.
Ainsi, tout en rectifiant le pli de son écharpe chaque deux pas, elle prit la direction des rives du lac, tandis que sa rubigineuse chevelure s'abandonnait aux mains des quatre vents. Sa foulée effrénée lui valut d'atteindre sa destination au bout d'une poignée de minutes seulement. Après avoir contemplé la colossale immensité de la pièce d'eau, Ailene convint d'instaurer ses aises, et s'en fut s'effondrer sous un saule attenant.
Aussi suave et caressante qu'un baiser d'enfant, la brise d'est lui effleurait le visage de ses parfums somnolents. Ailene s'en délectait autant que de nectar et d'ambroisie, si obombrée fut-elle par la cascatelle de feuillage qui cheffait son arbre.
Elle ne pouvait certes pas percevoir le phrasé des oiseaux, pas plus que le bruissement ténu des frondaisons à l'entour. Mais elle était parfaitement en mesure de jouir des nombreux plaisirs que lui octroyaient le flair et la vision. Elle pouvait se griser du ténébreux arôme de l'humus, de l'opulente senteur des pins ou de la senteur oubliée de la sève ; tout comme elle avait la possibilité de détailler le roulis du lac, les courbes fuselées de la tour d'Astronomie, ou les Highlands se silhouettant au loin. Et ces myrtes de paix-là constituaient un trésor que ne suppléeraient jamais la capacité de parler ou d'entendre.
Comme elle se complaisait dans son orbe de félicité, la vue d'un individu approchant l'extorqua de sa béatitude torpide. Lorsqu'elle prit soin d'y prêter davantage d'attention, elle s'avisa bien vite qu'il s'agissait de Dean Thomas, l'un des lions présents à la conférence de Pomona Chourave. Dardant sur elle le brun réconfortant de ses prunelles, il réduisait allègrement la distance les séparant, avec — que nul n'en ignore – une certaine prestance. Ses lèvres étaient évasées en un sourire tout aussi avenant que son regard. Ailene y répliqua par la baisse de ses yeux céruléens vers le sol que tapissait un millénaire de mousse et d'herbe en friche.
Son malaise ne s'accrut que davantage lorsqu'il extirpa sa baguette longiligne de sa poche ; si bien que, mûe par un inexplicable instinct d'effarée, elle recula d'un pouce. Mais ses craintes déclinèrent aussi sûrement que le soleil quand le jeune garçon traça dans les airs, par le moyen de l'ingénieux système de communication inventé par Lorcan McLaird, ces lettres enfumées :
— Tu es Ailene Boyle, n'est-ce pas ?
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fusains et cannelle
Fanfiction❝ce n'était nullement sa condition peu aisée qui l'attirait tant vers elle ; seulement le fait qu'aucun - à l'exception de ses camarades de maison - ne semblait lui porter le plus quelconque des intérêts, en dépit de cette douceur timorée qui l'auré...