Séance n°3 - 15.08.2018

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Vous savez, docteur, la vie est une chienne. On se pense bien, heureux. On se pense tranquille dans sa petite vie et puis boom, quelqu'un vient tout chambouler. Quelqu'un arrive avec ses grands sabots et vous casse toute votre vie. Vous voyez ce dont je parle n'est-ce pas ? Vous savez forcément, parce que vous devez l'avoir vécu. Enfin, je suppose, à moins que cette alliance ne soit pas vraie.

Oui, je suis carrément déprimé, voir dépressif, sinon je viendrais pas vous voir. Ça fait plus de deux semaines, vous vous êtes inquiété pour moi ? Bien sûr que non, vous avez certainement espéré que je m'étais fait arrêté par les flics ou percuté par un autobus lancé à pleine vitesse. N'empêche que, maintenant, j'ai plein de choses à vous raconter. Des choses déprimantes. Enfin, pas au début. Laissez moi vous raconter depuis le début.

Oh ! Ouais, au début c'était le pied total. La fille était très mignonne - celle de la dernière fois - et elle a même accepté que je lui prenne une mèche de cheveux. Bien sûr, je lui ai dit que c'était pour garder dans mon sac en signe d'amour - qui accepte ça, faut vraiment être neuneu ! - mais je l'ai rapporté au labo. J'ai débarqué avec une mèche de cheveux blonds et Mama ma bien confirmé que c'était naturel. La poule aux oeufs d'or je vous dis, doc !

Lorsque la première semaine a été passée, je lui ai proposé de venir chez moi le week-end suivant. Bien sûr, c'était un piège. Elle pensait qu'on allait s'envoyer en l'air comme des bêtes mais bon, en réalité, le projet c'était plus de la découper en morceaux et de l'emmener gentiment en quatorze glacières à Mama.

Le mardi, elle a débarqué chez moi - visiblement, les gens ont un vrai problème avec les jours de la semaine - et elle m'a dit qu'elle ne pouvait plus attendre. Donc, visiblement, les gens ne savent pas attendre deux semaines pour baiser ! Putain, que ça m'énerve ceux qui détruisent des plans bien organisés comme ça, c'est toujours la merde. Heureusement, mon appart' est toujours clean, je fais ça dans la cave.

Alors bon, je me suis dit que j'allais avancer le truc. Lui servir un verre, la droguer et la tuer dans son sommeil, juste quelques jours en avance. Ah ! Ah ! Ah ! La bonne blague. Quand je lui ai proposé mon meilleur whisky - et un peu de GHB mais ça elle ne le savait pas - elle l'a refusé. Et quand je lui ai dit que je n'étais pas prêt à m'envoyer en l'air avec elle, elle a prit un de mes couteaux de cuisine pour me menacer.

Non mais, me regardez pas comme ça, moi aussi ça me l'a coupée. OUI JE SAIS, c'est censé être moi le monstre dans l'histoire mais putain, elle m'a mis un sérieux coup de pression. Alors bon, la fille était une belle marchandise mais j'allais pas non plus la laisser me violer sans rien faire ou pire, accepter de coucher avec elle. Faut pas abuser.

Sauf que j'avais aucune arme sur moi - personne se trimballe avec un flingue CHEZ LUI - et qu'elle en avait une. Elle m'a dit 'Accepte ou je te tue et après je me suicide'. Bon, là, j'ai pensé à la facture du pressing et j'ai pété un petit câble. Je lui ai foncé dans le baba et elle a eu le temps que de m'entailler l'épaule avant que je l'assomme d'un coup de boule. Je lui ai injecté une dose léthale de tranquillisant et ensuite ... bah j'ai dû attendre que la nuit tombe puisque cette débile était venue avant le repas du soir.

Je suis resté trois heures avec un cadavre dans mon salon - bon, elle avait l'air de dormir à part son teint grisâtre - et ensuite j'ai dû la transporter jusqu'à ma cave avec une épaule foutue et en espérant qu'aucun voisin ne me croise ou ne voit mes putains de traces de sang dans le dos. J'ai stressé pendant un quart d'heure mais rien n'est arrivé.

En bas, je me suis servi d'un petit miroir pour me raccomoder et bon, la suite a été plutôt classique, découpage, livraison et tout ce qui ne pouvait pas nous servir a été brûlé à la chaux. Sauf que j'ai fait le con. J'ai été curieux de voir si sa famille d'hypocrites serait au rendez-vous - elle disait qu'elle ne les avait pas revu depuis dix ans - pour enterrer le corps. Je me suis fait passer pour un ami de fac - ce genre de connerie marche toujours - et j'ai vu la famille débarquer. Deux parents à moitié amorphe et putain ... un mec.

Autant la fille avait un faux air de paysanne mal dégrossie, autant son frère avait l'air parfaitement à sa place au milieu des buildings et des Starbucks en pagaille. Et il était ... bien, bien plus beau qu'elle. Quand il s'est avancé vers le cercueil, il avait une grâce, putain vous ne pouvez pas imaginer. Il ressemblait à un ange.

Amoureux ? Non mais ça va pas, docteur ? Ce mec m'a ébranlé, c'est vrai, mais surtout parce que j'aurais pu le vendre un bon million au marché aux esclaves, sans problème. Sauf que, dans la famille on a une règle : jamais deux personnes qui se connaissaient, sauf en cas d'extrême danger. Donc, je suis déprimé. Je suis passé à côté d'une affaire en or pour une greluche qui m'a rapporté que cent soixante mille au marché noir et en plus, j'ai une cicatrice à l'épaule, maintenant. Vous me comprenez, maintenant ?

Oh, docteur, ne soyez pas si renfrogné. Peut-être que vous avez raison. Peut-être qu'un jour je tomberai raide dingue de quelqu'un, peut-être que ... Je deviendrai normal.

Oh, c'est déjà l'heure ? Je vous tiendrai au courant des avancées, doc ! Et prenez soin de vous. Vous ne pouvez pas imaginer combien c'est dur de trouver un bon psy de nos jours ! 

Voici la troisième séance qui met encore une fois à l'épreuve notre pauvre psy ! A la prochaine pour plus de nouvelles aventures sanglantes :3

Let's Kill TonightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant