J'ai le défaut d'être un peu con, parfois, sur les bords. Bon, après de bonnes grosses minutes à hésiter sur le pas de la porte du restaurant chic qu'il avait choisi, j'ai fini par entrer. Je me suis dit que c'était safe. Une soirée à le faire boire, je le ramène à la maison et ensuite direction chez Mama. C'était simple. Est-ce qu'il y avait une faille à ce plan ? Non, c'est une question rhétorique, répondez pas, doc. Ecoutez, c'est ce que je vous demande. Et c'est pour ça que je vous paye aussi cher.
Pour que vous me compreniez bien, je m'étais habillé, petite chemise blanche, pantalon parme classique, chaussures de ville, lunettes de soleil, cheveux bien coiffés, bref, j'étais à tomber. Lui il est arrivé avec un débardeur, un jean troué et j'avais l'air d'un clodo à côté de lui.
Donc on a bien mangé - italien - et on a bien bu. Je me suis surveillé, j'ai pas sorti de bizarrerie parce que je voulais pas le faire fuir, je suis pas stupide non plus. Je suis arrivé à une forme archaïque d'amas de mensonges concernant sa sœur et j'ai toujours gardé mon verre à moitié vide pour qu'il ait l'impression que je buvais autant que lui. Contrairement à sa soeur, il a pas eu de saute d'humeur, il a été calme tout du long.
Après le dessert, il a été aux toilettes et on est revenu chez moi à pieds, il disait qu'il voulait dessoûler. Moi ça m'arrangeait pas mais vu qu'il s'est blindé comme une barrique, je me disais que ça irait. Et sur le chemin, il est arrivé un truc absolument dingue. Une balle - une vraie, pas une sorte de balle à rebond - lui a frôlé la cuisse. Au début, j'ai pensé à quelqu'un qui en voudrait à la Famille mais là il a sortit un gun, genre littéralement et il a riposté. Ca a tourné à la fusillade avant même que je comprenne ce qui se passait.
On s'est réfugié derrière une voiture, j'ai sorti ma propre arme et on s'est défendu contre les cinq mecs qui nous attaquaient. J'en ai neutralisé deux, lui aussi. Le dernier a tenté de fuir mais Gueule d'Ange l'a rattrapé et lui a collé une balle entre les deux yeux à bout portant. Me regardez pas comme ça, doc ! Moi aussi, j'étais sur le cul ! Je suis bien resté deux minutes pleines à le regarder, les mains couverts de sang. C'était la première fois de ma vie que j'étais surpris.
Je ne sais pas comment mais on est rentrés chez moi. La voix éraillée, il m'a parlé de trucs sans importance avant de s'asseoir avec moi à la table de la cuisine. Celle là même où je lui avais parlé de trucs ridicules à propos de sa soeur. Et puis, il a commencé à parler sérieusement.
"Je fais partie d'une famille d'assassins. Ma sœur en a été exclue parce qu'elle était trop instable et quand on t'a vu à l'enterrement, on s'est demandé si elle avait pas bavé sur notre business familial. Tu saisis pourquoi je suis venu ?" qu'il m'a dit. Moi j'étais toujours sur le cul, alors je lui ai répliqué qu'il était un flic mais il a ri. Qu'est-ce qu'il était beau, putain !
"Eh ! Il faut bien qu'on ai des hommes à l'intérieur", il m'a répondu et je me suis demandé, moi, si Mama aussi avait des hommes à l'intérieur. Il m'a ensuite dit qu'il savait pas que j'étais dans le même marché et j'ai secoué la tête. Je lui ai expliqué que j'étais dans la mafia, que je me chargeai de la récupération d'organes. Il avait l'air terriblement conscient de ce que je lui disais et puis, après un moment de silence, il m'a demandé si j'avais découpé sa sœur pour la revendre et si je comptais faire pareil avec lui. Et comme j'étais encore sous le choc, je lui ai dit que oui sauf que lui je voulais le vendre au marché aux esclaves. Et j'ai dit pardon.
Il a hoché la tête et puis il a continué à parler. "Je comprends, les affaires c'est les affaires. Et puis, de toute façon, elle était complètement malade." Ensuite je lui ai demandé s'il allait me buter, il a dit non, et puis il est parti. J'ai pas fermé l'œil de la nuit.
Je l'ai pas revu pendant deux jours et puis, je sais pas comment il a eu mon numéro, il m'a envoyé une invitation. A un café, avec lui. Comme je l'ai dit, je suis un peu con, alors j'ai accepté. Et on a passé un super moment. On a parlé genre, de tout. Mais surtout de meurtre et de la pression familiale. Ensuite, on a été dîner, à l'italien. Et puis on est allé chez moi, et on a ... j'arrive pas à croire que je dis ça, mais on a baisé. Et c'était bien. Je sais pas s'il a débloqué un truc en moi, à cause du choc, mais pour la première fois, j'ai prit mon pied autrement qu'avec de la bonne bouffe !
On s'est revu tous les jours depuis. Je l'ai même présenté à Mama, elle a dit qu'il ferait un bon récupérateur mais il trouve que c'est trop de travail. Lui trouve que je ferais un bon tueur et je crois que, peut-être, je vais réfléchir à une reconversion. Je pense que Mama m'en voudrait pas, elle a le sens de la famille, quand même. Enfin bon, on verra bien ! Je vous tiendrai au courant, de toute façon. Ou pas. J'ai plus tellement besoin de parler ... je vais mieux. Et c'est un peu grâce à vous !
Bref, je dois y aller. Bonne soirée à vous, doc.
Hello ! Comme vous pouvez le voir, notre protagoniste va mieux ! Il ne reviendra plus pendant un moment :3 Mais ne vous en faites pas, il sera de retour un jour ♥
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Let's Kill Tonight
Mystère / ThrillerIl ne se sent pas très bien en ce moment. Un appel rapide, un rendez-vous en urgence et le voilà assis dans un confortable canapé rouge. Il est temps de se livrer.