Chapitre 3

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Au moment où la porte s'ouvre, le loup disparaît, et la lumière de la pièce d'à côté éclair la chambre.

- Kat qu'est ce que tu fais dans le noir ?!

- J-je...

Je regarde chaque coin sombre de la chambre. Il n'est plus là ? Je ne le vois plus, mais j'ai l'impression de sentir sa présence.

- Qu'est-ce que tu cherches ? Quoi t'as vue en fantôme ?

- Ce n'est pas drôle Adrien.

- Ouais, si tu veux. Aller, viens.

Il tourne le dos, prêt à s'en aller. L'idée de me retrouver une nouvelle fois face au loup ne m'enchante pas. Je me précipite hors de la chambre pour le rejoindre. Je ferme doucement la porte derrière moi, toujours un peu tremblante. C'est la première fois que le loup se présente à moi et m'adresse directement la parole. Ses mots me reviennent en tête. J'ai comme un déclic.
Je sens le torse d'Adrien se coller à mon dos, et ses mains s'enrouler autour de mes hanches. Je rougi un peu sous son geste. C'est assez rare de sa part de faire ce genre de choses.

- Je suis là ma belle. Si tu as trop peur, je peux rester avec toi ce soir.

Ce n'est pas la première fois qu'il me fait ce genre de proposition. Il a l'air de vouloir profiter de mes démons pour m'avoir dans un lit. Je suis, certes, un peu naïf, mais pas débile au point de ne pas voir son petit jeu. Malgré ça, je ne peux m'empêcher de l'apprécier. Mais ça ne m'empêche pas de constamment repousser ses avances.
Au fond, j'espère peut-être que ses intentions deviennent bonnes.

- Désolé, mais je préfère rester seul ce soir. J'ai un devoir à terminer pour demain.

Si je devais avoir un deuxième nom, se serait sûrement "menteuse".

- Tu en es sûr ?

- Oui, ne t'inquiète pas pour moi.

- ... Ok.

Ses bras quittent mes hanches et il se détache de moi. Je me retourne vers lui gêné et le vois ce gratté la tête, l'air un peu... Vexé, me semble-t-il. Je baisse les yeux et n'ose pas dire un mot avant qu'il ne le fasse.

- Ouais, j'avais oublié. J'ai une sortie avec les gars dans quelques minutes. Du coup, je vais y aller.

Sur ses mots, il récupère son portable et se dirige vers la porte d'entrée. Une fois dehors, devant la porte, il se tourne une dernière fois vers moi. Pour retenter sa chance, on ne sait jamais.

- Tu es sûr que ça va aller pour ce soir ?

- Oui, ne t'inquiète pas pour moi.

- Ok... Appelle-moi si tu changes d'avis.

J'hoche la tête pour lui répondre et il m'offre un faux sourire, avant de tourner le dos et de descendre les escaliers. Je ferme la porte, et colle mon dos contre celle-ci.
Bien sûr que j'ai peur. Bien sûr que je ne veux pas me retrouver seule comme chaque soir. Mais je préfère mourir plutôt que perdre ma dignité. Adrien a beau être attirant, son attitude m'exaspère à certains moments.

Je m'avance vers le canapé, et me laisse tomber dessus en éteignant la télé, me retrouvant ainsi dans un silence comblé par le bruit des voitures et des passants à l'extérieur. Je prends mon portable et me mets à traîner sur tous les réseaux sociaux que je possède, histoire de me changer les idées. Je déteste avoir la tête prise par un problème, je préfère être occupé à rêvée de scénarios qui ne m'arriveront jamais. Par exemple, rêver d'avoir des pouvoirs, d'être une sorcière, d'avoir des amis comme moi avec qui je protégerai le monde. Ou plutôt avec qui je pourrais profiter de mes pouvoirs afin de m'amuser.
Mais ce genre de choses n'existe que dans les films, séries et mangas que je regarde. Du fantastique, beaucoup de fantastique. Sans ça, ma vie serait plus ennuyeuse qu'elle ne l'ait déjà.

Il est 20 h 00 lorsque je trouve le courage de me lever. Les lampadaires dans la rue laissent une partie de leur lueur s'introduire dans la cuisine, et les fêtards du vendredi soir se mettent à parler fort, en cherchant un lieu où passer une bonne soirée. Je me lève et me dirige vers la cuisine. Je remplis une casserole d'eau avant de la mettre sur le feu. La cuisine et moi ça fait deux, alors ce soir, c'est nouilles instantanées. En attendant que mon dîner soit prêt, je regarde ce qu'il y a de nouveau sur mon téléphone.
Aucun message, mais de nouvelles demandes d'amis sur Instagram. Il faut vraiment que je change ma photo de profil. Les messages privés de pervers et de beaufs en tout genre sont plutôt agaçants. Et pourtant, à part ma pp, il n'y a aucune photo de moi sur mon compte.

Ellipse

Les heures passent et l'ennui se fait de plus en plus présent, tout comme la fatigue. Il est minuit passé, j'ai déjà mangé, regarder des vidéos, et même essayé de trouver des films intéressants sur Netflix. Je regarde une nouvelle fois certains épisodes de The Magicians, une de mes séries préférés. Et pas besoin de dire pourquoi. Malgré ça, mes yeux se ferment petit à petit.

À cause du loup, mes nuits sont de plus en plus courtes, et rattraper mon sommeil pendant les cours n'aide pas vraiment. De toute façon, j'ai fait ces études histoire d'avoir un bagage, mais en vrai, si je pouvais m'en passer, je le ferai. Heureusement que les cours sont faciles à comprendre et encore plus facile à retenir, sinon j'aurais déjà abandonné. L'art est quelque chose qui me passionne depuis mon plus jeune âge, mais ces études me font l'apprécier de moins en moins.

Je décide d'aller prendre une douche en espérant que cela me réveille, mais malheureusement, ça m'a plus donné l'envie de rejoindre le pays des rêves. À contre cœur, je décide de quand même aller me coucher. Le sommeil ne tarde pas à m'attraper, et les bras de Morphée m'enveloppent au bout de quelques secondes.

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Je me réveille dans une pièce. Plongée dans le noir. Une lueur rouge m'éblouit au loin. Je m'en approche. Plus j'avance et plus l'air se réchauffe. Une chaleur agréable et familière. Arrivée devant cette lueur, je réalise qu'elle provient d'une grande pierre précieuse rouge, presque de ma taille. Des chuchotements émanent de la pierre écarlate, comme si elle cherchait à me parler. Elle m'hypnotise. Je m'avance un peu plus, tendant ma main vers elle.
Je veux la toucher, la sentir, l'écouter. La lueur devient plus forte, tout comme les chuchotements qui étaient incompréhensibles, jusqu'à maintenant.
Jusqu'à cette dernière phrase.

- C'est toi.

La sonnerie de mon réveil retentit. Je me redresse en sursaut sur mon lit. Il est 6 h 30. Les premiers rayons de soleil traversent les rideaux de ma chambre. Je regarde mes bras et mes jambes. Rien, aucune trace supplémentaire, pas de douleur non plus. Il n'est pas venu, alors qu'il le pouvait. C'est la première fois que cela arrive.
Je m'assois sur le bord de mon lit encore, déboussolé.
Ce rêve. Le loup qui n'est pas venu. Cela me réconforte, mais c'est quand même intriguant. Surtout en repensant à ses mots.
Il m'avait appelé "lapinou". Moi ? Pourquoi vouloir me prendre en main ? Pourquoi vouloir m'empêcher de voir quelqu'un ? Et pourquoi m'avoir laissé tranquille hier soir ? Je ne sais pas pourquoi, mais même si pour une fois, j'ai pu bien dormir, je ne me sens pas plus en sécurité.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Le Grand Méchant LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant