Le Grand Méchant Loup

Chapitre 7

La première chose que je vois, en ouvrant les yeux, c'est un ciel nuageux. Un ciel crépusculaire, habillé d'un doux orange.
Je me redresse, et me rends compte que le sol sur lequel je suis actuellement assise, n'a rien d'un sol ordinaire. Ce dernier est étrangement noir et lisse. Il est tellement impeccable et profond que mon visage si reflète parfaitement. Je me lève avec précaution, espérant ne pas glisser sur ce sol parfait, avant de regarder ce qui m'entoure. Mais je me rends vite compte qu'il n'y a rien ici. Le ciel et le sol s'étendent à l'infini, et un paisible silence règne en ce lieu.
Je semble être la seule chose vivante dans cet endroit.

Bon, ça doit juste être un rêve...

Sans hésitation, je décide d'avancer et fais le premier pas dans cet espace inconnu, espérant ainsi tomber sur quelque chose.
Ce rêve est plutôt...réaliste...
Je me sens bizarrement légère, l'endroit dans lequel je me trouve n'est clairement pas normal, mais tout à l'air si vrai...

- Lapinou.

Je sursaute et me tourne rapidement vers la fameuse voix. J'ouvre grand les yeux en voyant devant moi le loup. Formé d'une épaisse fumée noire, dans laquelle brillent deux yeux rouges perçants, celui-ci me regarde fixement, avec intérêt.
Instinctivement, mes jambes se mettent à bouger toutes seules, et je recule, en redoutant sa prochaine action.

- Calme-toi ma petite Lapine. Je te l'ai déjà dit : je suis là pour te protéger maintenant.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Tu m'as dit que tu avais fait un rêve étrange dans lequel ta pierre te parlait. Du coup, j'ai pensé que tu pouvais en refaire un autre. C'est pour ça que je t'ai demandé de dormir à côté de moi. C'est plus simple de te retrouver dans tes rêves lorsqu'on est à proximité l'un de l'autre.

- Je vois...

J'avais donc vue juste, je suis bien en train de rêver.
Le loup me fait signe de continuer ma route, me poussant ainsi à reprendre le pas.

Pendant plusieurs minutes, il ne se passe rien. Je me contentant d'avancer droit devant, en priant pour que quelque chose finisse par arriver. Quant au loup derrière moi, il ne fait que me suivre, et ne me pourchasse pas comme avant.

- Il n'y a toujours rien...

- J'avais remarqué.

- ... Je ne pourrais pas me réveiller ?

- Comme tu veux Kathlyne. Si tu n'as pas la patience de découvrir qui tu es, alors réveil toi.

Je soupire, et baisse les yeux, ennuyé.
Il n'a pas tort. Mais si tout cela n'était qu'une erreur, et qu'il s'était tout simplement trompé sur mon compte ?
Je m'apprête à lui demander s'il est bien sûr de tout cela, mais, en me retournant, j'ouvre grand les yeux, en découvrant quelque chose d'incroyable. Un château... Un très grand château, se dresse non loin de nous. Il est entièrement noir, mais la lumière du crépuscule se reflète sur ses sombres façades.
Le loup se retourne à son tour, semblant moins surpris que moi.

- Enfin. Il te suffisait juste de regarder en arrière.

D'un pas hésitant, je m'avance vers cette immense structure ténébreuse, le loup sur mes pas. Arrivé devant une grande double porte faisant office d'entrée, je regarde le loup, qui s'arrête à mes côtés. Il me regarde à son tour, sans rien dire, me laissant ainsi comprendre que la décision m'appartient. En prenant une grande inspiration, je m'approche de la grande porte en marbre, et tends la main vers celle-ci. Lorsque mes doigts se posent sur cette dernière, une vague se dessine sur la pierre avant de disparaître. Les portes s'ouvrent lentement par elles-mêmes, m'invitant ainsi à pénétrer à l'intérieur de la grande structure.

- Vas-y.

- Tu viens avec moi ?

- Tu dois apprendre à te débrouiller seule. Tu ne risques rien dans ton propre rêve, et je suis là pour m'en assurer.

Je regarde les deux grandes portes noires, sans être plus rassuré.
Ce n'est qu'un rêve après tout. Je ne vais pas me dégonfler pour si peu.
Après avoir pris une grande inspiration, je finis par prendre mon courage à deux mains, et entre à l'intérieur du château.

Je me retrouve rapidement dans ce qui semble être le hall principal, et il est magnifique : un carrelage en damier sur le sol, des colonnes épaisses assorties aux murs noirs couverts d'ornements dorés, et deux grands escaliers de part et d'autre d'une double porte rouge fermée.
En levant la tête, je découvre que le hall ne possède pas de toit, et que les murs s'élèves jusqu'à un ciel bleu...
Attendez, le ciel n'était pas bleu ?!

Je me précipite vers l'extérieur, et regarde le ciel.
Oui, il est toujours orange.
Je retourne à l'intérieur, et constate que le ciel est toujours bleu. Je retourne de nouveau à l'extérieur, mais un grognement me fait soudainement baisser les yeux.

- T'as pas bientôt fini ?!

- Le ciel à l'intérieur et bleu...

- C'est un bug de ton inconscient. Tu sais, on dit que les rêves sont des interprétations de notre inconscient. Ben le tiens, il est bugué depuis longtemps.

- ... Pardon ?

- Tes rêves on toujours été bizarres, et souvent incohérents. Tu devais penser que j'en étais la cause, n'est-ce pas ?