Chapitre 2

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Je me lève, en arrangeant mes cheveux et mes vêtements. Je sais que c'est lui qui vient de frapper à la porte. Ça va bientôt faire 2 mois qu'on se connaît, et je fais toujours en sorte de lui plaire. Peut-être parce que je manque trop de confiance en moi, surtout en sa présence.
J'ouvre la porte. Appuyé contre le mur du couloir, Adrien me regarde et souri. Ses yeux marron foncé me détaille de haut en bas. Je lui souris, heureuse qu'il soit enfin là. Il entre et m'embrasse sur la joue.

- Ça va ma belle ?

- Oui. Et toi ?

- Ouais ça va.

Il dépose son sac et se dirige vers la télé. Il commence déjà à l'allumer, et ça ne m'étonne pas. Dès qu'il arrive chez moi, c'est toujours le même rituel. Même si ça me touche, je ne lui dis jamais rien. Peut-être parce que j'ai peur. Peur de sa réaction. Peur de le perdre. Peur de lui.
Quand j'y pense, je suis vraiment pathétique.
Il me demande s'il peut avoir à boire. Sans même lui répondre, je vais dans la cuisine, chercher le Red Bull que j'ai acheté pour lui. Je retourne le voir dans le salon, et lui tend sa boisson préféré. Il la prend et me sourit.

- Merci Kat, tu es trop gentille.

Je lui souri, avant de retourner m'asseoir sur ma chaise près de la fenêtre. Rester près de lui me fait bizarre maintenant. C'est comme si, petit à petit, il était un poison. Un poison mortel. Je prends quelques gorgées de lait, en le regardant de loin.
Quand j'y pense ça me fais de plus en plus de mal d'être avec lui. Le regarder ou même l'entendre après un certain moment me donne des pincements au cœur. Peut-être parce qu'il me fait trop mal. Peut-être parce que je n'ai plus confiance en lui. Pendant que je m'efforce à retenir cette amitié qui me fait mal de jour en jour, lui, joue avec ses amis, et continue à m'ignorer quand lui vient l'envie. Je me suis déjà demandé si je n'étais pas tombée amoureuse de lui, mais non. Je suis juste une simple fille qui se laisse manipulé par un garçon pour avoir son amitié.

Je finis par détourner mon regard vers l'extérieur. Mon cœur commence à se serrer dans ma poitrine. Le ciel devient de plus en plus gris, et le vent froid caresse mes joues, m'offrant un doux frisson. Je me sens bien comme ça, comme éloigné de la réalité. Mais une voix me ramène vite à la raison.

- Kat, qu'est ce que tu fais aussi loin ? Viens.

Je le regarde un moment puis me lève sans trop tarder. Si j'attends trop, il me demandera ce que j'ai. Et je n'ai pas envie de me faire blâmer pour mon comportement. Je vais vers le canapé, et m'assoies à côté de lui, en fixant mes mains. J'évite le plus possible son regarde qui me met de plus en plus mal à l'aise chaque jour. Je sais qu'il est en train de me regarder, et ça me stresse.
Mais pourquoi j'accepte toujours qu'il vienne ici ?

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Et voilà la question que je craignais. Lui mentir? c'est la seule chose que je puisse faire de toute façon. Lui dire la vérité sur tout ce que je ressens, se serait l'énerver, et lui donner l'occasion de me donner tort. Je le sais déjà, j'ai déjà essayé. Ensuite, il fera semblant de s'excuser pour pouvoir me garder, et plus tard, il me fera encore du mal. Je ne sais pas quoi lui répondre, ma gorge se noue, mon regard se dirige ailleurs, je me mets à tirer sur les manches de mon t-shirt.

- Kat ?!

- Rien.

Il soupire, et retourne son attention sur la télé. Je me sens mal, parce que je sais que ça l'agace quand je ne lui réponds ça.

Tout l'après-midi s'est passé dans le silence. Seuls les sons provenant de l'écran couvraient cette ambiance pesante. Quelques fois, Adrien me caressait les jambes, et couchait sa tête dessus. La nuit approchait, et je m'ennuyais de plus en plus.
Adrien continue de regarder toutes ses séries, sans me laisser le temps de regarder ce que je veux dans mon propre appartement. Et ça m'énerve vraiment.

Agacée, je me lève, pour aller dans ma chambre. Je ne prends même pas le temps d'allumer la lumière, et me jette sur mon lit. Couchée sur le ventre, je traîne sur Pinterest, et regarde essentiellement des photos de garçons à mon goût. Au bout d'un moment, je commence à avoir l'impression que ma chambre devient de plus en plus sombre. Je me dis que ça doit être à cause du mauvais temps. Je préfère ignorer cela, et me replonger dans les scénarios que je crée entre ses beaux garçons sur mon portable et moi. Sauf que quelque chose me sort vite de mes rêveries.

Une odeur de cendre se répand assez vite dans la pièce. Je me retourne sur le lit quand une patte poilue s'abat sur mes lèvres, étouffant mon cri de surprise. Mes yeux s'ouvrent grands, face à ce qui se dresse au-dessus de moi.
De grandes dents blanches et pointues. Des yeux d'un rouge perçant. Un corps noir, dont les poils semblables à de la fumée, se confondent avec la pénombre dans laquelle nous sommes plongés. C'est la première fois que le loup arrive ainsi, hors de mon sommeil...

Je cherche à reculer, mais ses griffes s'appuient un peu plus sur mes joues, me dissuadant d'essayer tout type de mouvements. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je ne peux m'empêcher de fixer ses yeux écarlate qui se plongent dans les miens. Lorsqu'il approche sa gueule menaçante, son souffle chaud s'abat sur mon visage. Je ferme les yeux tendis qu'un autre cri se retrouve étouffé sous sa grosse patte.

- Regarde moi !

Ses mots lâcher dans un grognement colérique me font sursauter. J'ouvre lentement les yeux, le regardant avec peur. Son autre patte s'approche de mon visage. Il écarte doucement les mèches de cheveux qui recouvraient mon œil droit. Je tremble, en sentant ses griffes effleurer ma peau.

- Quelle idiote ! Grr... Je vais devoir te prendre en main !

J'ouvre grand les yeux sous ses mots. Qu'est-ce qu'il raconte ? Que veut-il dire par "me prendre en main" ? Il ne me laisse pas le temps d'imaginer des scénarios qu'il m'adresse de nouvelles paroles.

- Écoute moi bien, je ne veux plus le voir ici ! S'il remet un pied ici, je te le ferai payer !

Je le regarde sans bouger. Je ne suis pas sûr de comprendre. Mais lorsque qu'il appuie encore plus sa patte contre mes lèvres en grognant de nouveau, je ferme les yeux et hoche la tête de haut en bas sans réfléchir.

- Parfait, mon petit Lapinou...

J'ouvre de nouveau les yeux lorsque la poignée de la porte se baisse sous un léger son.

Le Grand Méchant LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant