XXII

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Ça va faire un peu plus d'une semaine que Jimin et Chen sont ensemble, et seuls les membres du groupe, Minhae et moi sommes au courant. Sungdeuk et PD Nim ne le savent pas et tout le monde pense que c'est mieux ainsi, pour le moment tout du moins. En plus, la femme du chorégraphe est enceinte et c'est préférable de ne pas le faire s'inquiéter pour l'un de ses protégés dans un moment pareil. Le secret et donc garder pour le moment. Mais pendant que certains vivent une vie pleine de joie et de plaisir, d'autres s'enfoncent un peu plus dans le cauchemar du stress et de l'inquiétude. Oui, je suis stressée. Pourquoi ? Parce que le come-back est dans moins d'une semaine et que, même si tout est prêt, ce cher PD Nim n'hésite pas à faire monter la tension d'un cran supplémentaire chaque jour. Les garçons répètent sans relâche leurs chansons et leurs chorégraphies, ils apprennent et récitent les scripts qui leurs ont été transmis pour les passages de remerciements et autre.

Vous vous dites que je ne suis pas touchée par ces événements étant donné que ce n'est pas moi qui répète mais c'est faux : les managers ayant décidé de me léguer leur travail, je dois maintenant gérer les emplois du temps de chaque membre tout en réalisant les tâches qui me sont normalement incombées. Je cours à travers toute la ville pour planifier les rendez-vous des supérieurs tout en tâchant de rester auprès des garçons et derrière mon bureau. Je suis levée à quatre heures tous les matins et je me couche vers minuit car il faut préparer les plannings la veille pour le lendemain, les imprévus nous tombant dessus comme la neige sur le Mont-Blanc. Et le matin, je dois revérifier ces plannings pour être certaine que tout concorde et qu'il n'y a pas deux horaires qui se chevauchent. Les premiers jours n'étaient pas trop pénibles parce que j'étais aidée de Minhae, mais son oncle l'a envoyée à Busan pour je sais plus trop quoi il y a trois jours et je me noie maintenant sous le travail.

Je ne comprends vraiment pas pourquoi les managers ont décidé de me lâcher cette bombe à un moment si important pour le groupe mais je n'ai pas le temps de réfléchir à ça. Il est vingt-deux heures trente et je n'ai pas encore fait le planning pour demain. Je m'installe donc sur la table de la salle à manger avec mon ordinateur et la tablette que m'a fournie l'agence. Je vérifie les informer qui m'ont été transmises au cours de la journée pour définir les différents horaires et je vois que deux informations ne sont pas cohérentes : encore des horaires qui se chevauchent et c'est qui qui doit se débrouiller ? C'est bibi ! Si quelque me tient rigueur de ça je l'allume. Surtout si c'est un manager. Ils aiment bien venir jeter un coup d'œil à mon travail et le critiquer au moindre soucis. Je suis restée calme jusqu'à présent mais là je suis à bout. Je secoue ma tête et me concentre à nouveau sur ma tâche.

*

Il est presque minuit quand je termine. J'éteins tous les appareils électroniques et, une fois dans le noir, je plonge mon visage dans mes mains et respire un grand coup. Une nouvelle journée de terminée. Je découvre mon visage et scrute la pénombre. J'ai vraiment besoin de dormir. Mais je me souviens tout à coup que je n'ai pas revérifier le planning, et comme j'ai envie de me lever tard demain matin, autant le faire maintenant. Je rallume donc mon ordinateur et la tablette pour me replonger dans la lecture des documents. Les mots défilent sous mes yeux rapidement d'abord, puis de plus en plus lentement. Ils deviennent un peu plus flou et pourtant les lunettes ne sont pas sales. Je plissent les yeux pour distinguer les lettres mais mes paupières se ferment malgré elle et je finis par m'endormir sur mon travail.

*

C'est dur sous ma tête, comme du bois. Et il fait jour dehors. Attends, quoi ? Je me réveille en sursaut et vois que je suis toujours assise à la table de la salle à manger, l'ordinateur et la tablette près de moi. J'ai une couverture sur les épaules, je n'en avais pourtant pas hier soir. Tant pis, je hausse les épaules et regarde l'heure : il est six heures moins le quart. J'ai l'impression d'avoir dormi douze heures, ça fait un bien fou ! Je m'étire longuement en lâchant quelques soupirs heureux avant de me lever, toujours la couverture sur les épaules. Je me dirige vers la baie vitrée et l'ouvre, mettant un pied nu sur le balcon. Le deuxième entraîne mon corps tout entier dans le matin plutôt doux. Je m'accoude à la rambarde du balcon et respire un grand coup. Je n'avais jamais profité de cette vue, ni de cet air matinal.

Je reste là, dans le calme, à contempler l'horizon, quand un bruit derrière moi me fait me retourner. Je vois Jin qui approche et me rejoint sur le balcon. Il se place à côté de moi et baille un grand coup avant de soupirer.

- Bien dormi Oppa ? demandais-je en me focalisant à nouveau sur le paysage.

- Ça peut aller. Tu t'es pas couchée trop tard ?

- Euh...

Il me lance un regard réprobateur mais me secoue ensuite les cheveux.

- Shinsha... Tu vas te rendre malade !

- Mais j'ai dormi quand même ! Et plus longtemps que d'habitude.

- M'en fou, après le concert tu sors pas de ton lit pendant deux jours.

- Plutôt une semaine.

Nous rions doucement avant de laisser à nouveau place au silence. C'est lui qui le brise.

- Au fait, tu sais quand rentreras Minhae ? demande-t-il de façon hasardeuse.

- Elle devrait être rentrée pour le concert. Pourquoi ? Elle te manque ?

- Non, je voulais juste savoir.

- Avoue elle te manque.

Je commence à le taquiner et il se prend au jeu rapidement. On passe pour des enfants riant d'histoires d'amour mais ça fait tellement de bien de lâcher la pression. Je m'arrête en boudant.

- Pourquoi tu veux pas le dire ?

- Parce que ce n'est pas le cas !

- Menteur...

- Petite fille.

Je lui tire la langue comme l'enfant que je suis et nous rions de nouveau. Le plus âgé regarde à l'intérieur de l'appartement et soupire une énième fois.

- J'espère qu'on aura pas de problèmes avec Jimin et Chen...

- Eomma, s'inquiète pour sa famille ?

- Bah oui ! Tu sais pas à quel point les scandales amoureux peuvent être pesants...

- Mais c'est votre vie à vous, une relation de couple c'est les deux amours, pas les deux amoureux et les hystériques possessives avec.

- Haha t'es mignonne. Tu ne sais pas encore ce que c'est la vie de célébrité. Peut-être que d'ici quelques mois, à force de vivre avec nous tu en auras plus conscience, mais c'est vraiment dur.

Je hoche silencieusement la tête. C'est vrai que je ne sais pas grand chose de leur vie. Je ne fais que les suivre à l'agence, et nous sommes très peu sortis en ville, voire plus du tout depuis l'anniversaire de Yoongi. Mais rien que cette expérience m'avait fait prendre un peu plus conscience de leur situation. Je pose finalement une main amicale sur le large dos du chanteur et lance en souriant.

- Te tracasse pas pour l'instant, y a pas de fuite ni rien. Profite juste du présent et y aura pas de soucis !

Il acquiesce puis nous rentrons dans l'appartement, bien rafraîchis. Jin va se préparer avant que les autres ne se réveillent pendant que je range mon bazar pour préparer le petit déjeuner. Je réalise peu à peu que je ne sais presque rien de cette vie faite de gloire et de paillettes. Que me réserve l'avenir ? Rien de mauvais, je l'espère.

L'assistante [TOME 1] - Un nouveau départ  [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant